dimanche 27 novembre 2011
vendredi 18 novembre 2011
Sexe Halal(a.. tout ça pour ça)
Ayant publié quelques lignes sur Alia Elmahdy, de nombreuses personnes sont venues consulter le blog. J'ose croire que c'était plus pour ces quelques lignes que pour la photo de la militante. Je me suis dit qu'il était peut-être utile du coup d'en écrire un peu plus sur l'érotisme et le monde musulman... et les autres après tout. En ces temps troublés par un puritanisme de tout bord (et qui ne concerne pas exclusivement le moyen orient), il est peut-être salvateur d'en dire un peu plus et d'exprimer une opinion que j'espère utile à l'apaisement de tous.
Loin des propos blasphématoires dont l'objet reste quand même d'aller chatouiller l'angoisse de celui qui peut se sentir offensé, il faudrait rappeler à tous les lecteurs que la sexualité et le plaisir font parties de notre condition humaine et qu'ils appartiennent de façon égale, au moins arithmétiquement, à défaut d'une égalité géométrique, aux deux sexes et à tous les genres qui composent ces deux sexes.
L'observation de la nature est d'ailleurs une vraie leçon pour nous, mammifères doués de parole. La liberté sexuelle, l'adultère, les parties à plusieurs, l'homosexualité, la transsexualité ne sont pas des pratiques viciées inhérentes à l'humain. La nature nous offre un spectacle d'une grande diversité dont l'observation pourrait être de rigueur dans la compréhension de notre nature profonde.
Mais nous en avons déjà parlé, la sexualité humaine est teintée également de culture et de langage, ce qui complique un peu la chose, car elle ouvre un libre arbitre qui rend automatiquement les choses plus complexes.
A l'heure où nous n'étions pas encore passés à la station debout, le sexe des femelle était plus que visible et notre terrain de jeu plus olfactif que visuel. A quatre pattes, la femelle s'en sort mieux dans la démonstration de son désir que les hominidés dont l'érection est cachée par le corps.
En passant à la station debout, la femme s'est vue privée du rouge de ses lèvres vaginales pour montrer son désir tandis que l'homme, en plus de gagner l'érection corporelle, a gagné la visibilité de son érection phallique.
En passant de femelle à femme, cette dernière découvre le tissage, non sans rapport avec la toison pubienne qui cache un sexe que l'on ne peut plus voir, mais juste deviner. « C’est la nature elle-même qui aurait fourni le modèle de cette imitation en faisant pousser, au moment de la puberté, la toison pubienne qui cache les organes génitaux » écrivait Freud. La lingerie, l'attrait pour les femmes de ces jouets de séduction n'est pas sans faire écho au désir de l'homme de chercher par delà le tissu un sexe invisible qui révélerait la potentialité d'un invisible visible. Le voyeurisme chez l'homme a souvent pour cause le désir de voir enfin sortir du secret un sexe masculin chez une femme, sexe imaginaire évidemment.
Le tissage, le voile, a pour fonction de remplacer par ailleurs ce sexe invisible par l'objet qui le cache et qui devient pour le coup l'objet d'investissement libidinal. Les femmes se marient avec le voile, la pornographie japonaise cache les poils pubiens, les sémites cachent les cheveux, les femmes qui avaient couché avec des allemands pendant la seconde guerre mondiale se faisaient raser la tête à la libération, etc. On peut même voir dans cette exigence contemporaines des libertins de se raser les poils pubiens une amusante tentative de « faire tomber » le voile.
Voir un sexe, le sentir, le deviner est dans le registre de nos fantasmes, mais comme tout fantasme, la part d'interdit est souvent le revers du désir. Les femmes voilées renvoient à la part de sacré et de dégoût que peuvent avoir les hommes pour le sexe féminin ; mais plus le dégoût est fort, plus le désir est intense.
La femme est souvent l'être que l'on ne saurait voir. De fille à mère, son statut de femme désirable ou désirante est effacé car hautement anxiogène. Mieux vaut donc l'enfermer dans un un statut utile, celui de mère, mais l'angoisse monte alors d'un cran car le diable de l'inceste vient jeter le trouble, alors on voile ou on cache.
Le monde sémite, qu'il s'agisse des musulmans ou des juifs entretient ce rapport trouble à la femme. Qu'il s'agisse des clichés de la mère juive toute-puissante ou de la femme musulmane voilée, tout indique dans ces cultures un désir puissant pour la femme, aussi puissant que l'interdit, le sacré ou le dégoût qui en découle. Dans le monde chrétien, le rejet / désir de la femme a pris d'autres formes. Au moyen âge on brûlait les sorcières, les femmes qui savaient lire, on leur interdisait le sacerdoce sauf à être voilées. Puis l'invention de l'amour courtois bouscula profondément la civilisation occidentale tandis que la civilisation moyen-orientale redécouvrit le monde hellénique et l'amour des garçons au point de glacer le sang des chrétiens qui découvrait les frasques du monde arabes sans pouvoir comprendre que tout cela avait la même origine. Il est amusant d'ailleurs de lire les fils du procès des templiers qui ont longtemps vécu entre les deux mondes et qui étaient accusés notamment d'homosexualité. (je me suis toujours demandé d'ailleurs si l'idole Baphomet des templiers n'était pas une mauvaise traduction de Mahomet).
Nos civilisations n'ont pas toujours été puritaines, les musulmans sont loin d'être les parangons de vertus que l'on veut leur prêter. Nous sommes tous des êtres doués de désir qui nous arrangeons comme nous le pouvons avec les idéologies mortifères des imbéciles de tout bord. N'oublions pas que le pays peut-être le plus puritain aujourd'hui est certainement les états-unis où les mœurs sont très codifiés. La « date », cette demande officielle que l'on doit faire à une jeune femme pour sortir avec elle, le nombre de rdv obligatoire avant de l'embrasser, l'exclusivité qui doit faire l'objet d'une demande ; tout ceci n'est ni plus ni moins ridicule qu'un voile, un maquillage ou tout autre interdit ou jeu de séduction qui rentre dans la parade amoureuse du mammifère humain.
Reste que la frustration, l'impossibilité pour les pulsions de s'échapper et de s'épanouir peut entraîner des dérives comme des passages à l'acte qui transforme alors le jeu de l'amour en jeu de violence pour la plus grande détresse du bourreau comme de la victime.
Retrouvons notre sérénité de mammifère, acceptons nos désirs dans un cadre éthique (bon ou mauvais) et sortons du cadre moral (bien ou mal). Les libertins en répétant comme un mantra cette maxime : « tout est possible, rien n'est obligatoire », nous apprennent au moins que le possible du désir, quelque soit sa forme, est une ouverture vers notre soi le plus profond et vers l'autre dans sa plus grande différence.
Loin des propos blasphématoires dont l'objet reste quand même d'aller chatouiller l'angoisse de celui qui peut se sentir offensé, il faudrait rappeler à tous les lecteurs que la sexualité et le plaisir font parties de notre condition humaine et qu'ils appartiennent de façon égale, au moins arithmétiquement, à défaut d'une égalité géométrique, aux deux sexes et à tous les genres qui composent ces deux sexes.
L'observation de la nature est d'ailleurs une vraie leçon pour nous, mammifères doués de parole. La liberté sexuelle, l'adultère, les parties à plusieurs, l'homosexualité, la transsexualité ne sont pas des pratiques viciées inhérentes à l'humain. La nature nous offre un spectacle d'une grande diversité dont l'observation pourrait être de rigueur dans la compréhension de notre nature profonde.
Mais nous en avons déjà parlé, la sexualité humaine est teintée également de culture et de langage, ce qui complique un peu la chose, car elle ouvre un libre arbitre qui rend automatiquement les choses plus complexes.
A l'heure où nous n'étions pas encore passés à la station debout, le sexe des femelle était plus que visible et notre terrain de jeu plus olfactif que visuel. A quatre pattes, la femelle s'en sort mieux dans la démonstration de son désir que les hominidés dont l'érection est cachée par le corps.
En passant à la station debout, la femme s'est vue privée du rouge de ses lèvres vaginales pour montrer son désir tandis que l'homme, en plus de gagner l'érection corporelle, a gagné la visibilité de son érection phallique.
En passant de femelle à femme, cette dernière découvre le tissage, non sans rapport avec la toison pubienne qui cache un sexe que l'on ne peut plus voir, mais juste deviner. « C’est la nature elle-même qui aurait fourni le modèle de cette imitation en faisant pousser, au moment de la puberté, la toison pubienne qui cache les organes génitaux » écrivait Freud. La lingerie, l'attrait pour les femmes de ces jouets de séduction n'est pas sans faire écho au désir de l'homme de chercher par delà le tissu un sexe invisible qui révélerait la potentialité d'un invisible visible. Le voyeurisme chez l'homme a souvent pour cause le désir de voir enfin sortir du secret un sexe masculin chez une femme, sexe imaginaire évidemment.
Le tissage, le voile, a pour fonction de remplacer par ailleurs ce sexe invisible par l'objet qui le cache et qui devient pour le coup l'objet d'investissement libidinal. Les femmes se marient avec le voile, la pornographie japonaise cache les poils pubiens, les sémites cachent les cheveux, les femmes qui avaient couché avec des allemands pendant la seconde guerre mondiale se faisaient raser la tête à la libération, etc. On peut même voir dans cette exigence contemporaines des libertins de se raser les poils pubiens une amusante tentative de « faire tomber » le voile.
Voir un sexe, le sentir, le deviner est dans le registre de nos fantasmes, mais comme tout fantasme, la part d'interdit est souvent le revers du désir. Les femmes voilées renvoient à la part de sacré et de dégoût que peuvent avoir les hommes pour le sexe féminin ; mais plus le dégoût est fort, plus le désir est intense.
La femme est souvent l'être que l'on ne saurait voir. De fille à mère, son statut de femme désirable ou désirante est effacé car hautement anxiogène. Mieux vaut donc l'enfermer dans un un statut utile, celui de mère, mais l'angoisse monte alors d'un cran car le diable de l'inceste vient jeter le trouble, alors on voile ou on cache.
Le monde sémite, qu'il s'agisse des musulmans ou des juifs entretient ce rapport trouble à la femme. Qu'il s'agisse des clichés de la mère juive toute-puissante ou de la femme musulmane voilée, tout indique dans ces cultures un désir puissant pour la femme, aussi puissant que l'interdit, le sacré ou le dégoût qui en découle. Dans le monde chrétien, le rejet / désir de la femme a pris d'autres formes. Au moyen âge on brûlait les sorcières, les femmes qui savaient lire, on leur interdisait le sacerdoce sauf à être voilées. Puis l'invention de l'amour courtois bouscula profondément la civilisation occidentale tandis que la civilisation moyen-orientale redécouvrit le monde hellénique et l'amour des garçons au point de glacer le sang des chrétiens qui découvrait les frasques du monde arabes sans pouvoir comprendre que tout cela avait la même origine. Il est amusant d'ailleurs de lire les fils du procès des templiers qui ont longtemps vécu entre les deux mondes et qui étaient accusés notamment d'homosexualité. (je me suis toujours demandé d'ailleurs si l'idole Baphomet des templiers n'était pas une mauvaise traduction de Mahomet).
Nos civilisations n'ont pas toujours été puritaines, les musulmans sont loin d'être les parangons de vertus que l'on veut leur prêter. Nous sommes tous des êtres doués de désir qui nous arrangeons comme nous le pouvons avec les idéologies mortifères des imbéciles de tout bord. N'oublions pas que le pays peut-être le plus puritain aujourd'hui est certainement les états-unis où les mœurs sont très codifiés. La « date », cette demande officielle que l'on doit faire à une jeune femme pour sortir avec elle, le nombre de rdv obligatoire avant de l'embrasser, l'exclusivité qui doit faire l'objet d'une demande ; tout ceci n'est ni plus ni moins ridicule qu'un voile, un maquillage ou tout autre interdit ou jeu de séduction qui rentre dans la parade amoureuse du mammifère humain.
Reste que la frustration, l'impossibilité pour les pulsions de s'échapper et de s'épanouir peut entraîner des dérives comme des passages à l'acte qui transforme alors le jeu de l'amour en jeu de violence pour la plus grande détresse du bourreau comme de la victime.
Retrouvons notre sérénité de mammifère, acceptons nos désirs dans un cadre éthique (bon ou mauvais) et sortons du cadre moral (bien ou mal). Les libertins en répétant comme un mantra cette maxime : « tout est possible, rien n'est obligatoire », nous apprennent au moins que le possible du désir, quelque soit sa forme, est une ouverture vers notre soi le plus profond et vers l'autre dans sa plus grande différence.
lundi 14 novembre 2011
Aliaa Elmahdy
Une jeune femme égyptienne vient de poster sur son blog une photo nue de sa personne afin d'exprimer sa liberté (http://arebelsdiary.blogspot.com/). Les réactions ont été nombreuses et si quelques uns ont salué son courage pendant d'autres bigots trouvaient ce geste déplacé, personne n'a pourtant évoqué que l'islam n'a pas toujours été incompatible avec l'érotisme et les plaisirs charnels.
Je vous invite d'ailleurs à lire l'article paru dans tequel online (http://www.telquel-online.com/445/images/Erotisme.pdf) ou à lire Malek Chebel.
Félicitons le courage de cette jeune femme qui par delà les clivages a su exprimer sa liberté la plus folle et la plus raisonnable, la plus personnelle comme la plus publique. La nudité du corps n'est pas exclusivement de l'érotisme ou de la sexualité, l'habit déshabille disait Sartre, la nudité, elle, renvoie à notre condition humaine; intellectuelle, charnelle et fragile. Le désir, lui est de projection; aussi à tous ces tartuffes qui n'ont ont trouvé son acte déplacé et érotique, je les invite à relire Molière :
"TARTUFFE
Couvrez ce sein que je ne saurais voir:
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées.
DORINE
Vous êtes donc bien tendre à la tentation,
Et la chair sur vos sens fait grande impression!
Certes je ne sais pas quelle chaleur vous monte:
Mais à convoiter, moi, je ne suis pas si prompte,
Et je vous verrais nu du haut jusques en bas,
Que toute votre peau ne me tenterait pas. "
Chère Aliaa Elmahdy, votre courage est à la hauteur de votre idéal. Ne fléchissez pas, ne pliez pas, les femmes et les hommes libres du monde entier sont avec vous et pensent comme vous.
mercredi 26 octobre 2011
Cry me a river...
Now you say you need me
Why don't you prove you do..
Come on and,cry me a river
Cry me a river
I cried a river over you
Now you say you're sorry
For being so untrue
Come on and, cry me a river
Cry me a river
I cried a river over you
You drove me,
Nearly drove me out of my head
While you never shed a tear
Remember?
I remember every word you say
Told me love was too plebeian
Told me you were through with me
And,now you say you love me
Why don't you prove you do
Come on and,cry me a river
Cry me a river
I cried a river over you
You drove me
Nearly drove me out of my head
While you never shed a tear
Remember?
I remember every word you say
Told me love was too plebeian
Told me you were through with me...
And now you say you love me
Why don't you prove you do.
You can..
Cry me a river...
Cry me a river...
I cried a river over you
I cried a river over you...
I cried a river over you...
Why don't you prove you do..
Come on and,cry me a river
Cry me a river
I cried a river over you
Now you say you're sorry
For being so untrue
Come on and, cry me a river
Cry me a river
I cried a river over you
You drove me,
Nearly drove me out of my head
While you never shed a tear
Remember?
I remember every word you say
Told me love was too plebeian
Told me you were through with me
And,now you say you love me
Why don't you prove you do
Come on and,cry me a river
Cry me a river
I cried a river over you
You drove me
Nearly drove me out of my head
While you never shed a tear
Remember?
I remember every word you say
Told me love was too plebeian
Told me you were through with me...
And now you say you love me
Why don't you prove you do.
You can..
Cry me a river...
Cry me a river...
I cried a river over you
I cried a river over you...
I cried a river over you...
dimanche 23 octobre 2011
Clair comme de l'eau trouble....
Abordons aujourd'hui un nouveau sujet, celui de la transparence et au passage la question de l'adultère, du libertinage et de l'échangisme (ceux qui nous lisent ont fini par comprendre qu'il y avait une réelle différence entre les deux concepts) au regard du désir et de ses lois, et donc de l'éthique, de la morale et des tabous.
Epargnons nous immédiatement les discussions sans fin sur la différence entre ces trois mots, le libertinage pouvant simplement se définir par une attitude affranchi vis à vis des moeurs contemporaines (il s'agit donc d'une idéologie), l'adultère étant l'acte d'avoir des relations avec un autre que son conjoint ou sa conjointe (il s'agit donc d'un acte, l'acte de violation du devoir de fidélité), et l'échangisme, l'acte d'échanger de partenaires (avec des variantes, mélangisme, 2+2, etc.)
On comprend tout de suite qu'un acte peut en recouvrir un autre, recouvrir l'idéologie, etc. Il ne sert donc à rien de chercher à enfermer un sujet dans l'une ou l'autre pratique ou idéologie puisque toutes ces acceptions peuvent se croiser en fonction de chacun ou chacune.
La seule vraie question à se poser est bien plutôt du côté du désir et de la loi. Qu'est-ce qui pousse ou pas certains et certaines à franchir des frontières ou à ne pas les franchir, ou même à brandir certaines limites comme des défenses.
Les lois et les désirs sont comme des gants retournés, ou des pièces de monnaie, la tranche servant justement à marquer la frontière entre l'interdit et la jouissance. Lacan disait que la loi morale n'est rien d'autre que le désir à l'état pur, que les tables de la loi de Moïse ne sont finalement que les tables du désir.
Ainsi quand la loi morale parle de fidélité, rien n'est plus fort comme désir que de désirer l'infidélité ; quand la loi morale nous convie à ne pas convoiter l'autre, l'autre devient ainsi un objet de jouissance. Contrairement à l'éthique qui a pour fonction de définir ce qui est bon ou mauvais, et introduit nécessairement la bienveillance et le respect ; la morale, en fixant ce qui est bien ou mal, définie les lois du désir.
Il n'est donc pas étonnant de sentir chez les couples dit normatifs comme chez les couples dit libertins tout un fatras de règles et de désirs qui s'entremêlent et qui forment un cortex apparemment incompréhensible mais qui en réalité tient lieu de peau. Une peau qui fait frontière, affleurement sensuel ou carapace de protection.
A titre d'exemple, la première fois que notre couple a découvert le monde interlope des clubs échangistes, je me souviens très bien l'étrangeté du sentiment paradoxal qui m'avait saisi lorsque ma femme s'était retrouvée dans les bras d'un autre. Le fait qu'un autre homme la pénètre était à la fois source d'angoisse et jouissance, j'avais éjaculé sans pouvoir me retenir, moi qui habituellement suis plutôt dans le contrôle. Au point de bouleverser profondément et durablement ma vision du couple.
En quoi un couple est-il un couple ? Ce n'est certes pas la fidélité, l'échangisme ou autre pratique ou règle ou refus de ces pratiques qui fonde notre lien profond à un autre. La transparence est un leurre fusionnel mais l'infidélité ou le mensonge dans le couple n'est pas non plus le lieu du désastre. En réalité, chaque couple se forge selon les lois du désir et ainsi donc aucun couple ne se ressemble.
J'ai vu des couples qui explosaient à cause du libertinage, j'ai vu des couples qui explosaient à cause de l'adultère, mais j'ai vu bien plus de couples encore qui explosaient à cause de l'absence du désir. Des couples qui n'arrivaient plus à retrouver le moteur essentiel et dont les frustrations sans fin les enfermaient sans faim entre eux au point de les faire dépérir.
Quand le mariage d'inclinaison n'existait pas s'est développé l'amour courtois. Quand le mariage d'amour est devenu la règle s'est développé l'échangisme tel que nous le connaissons aujourd'hui. Chaque règle renvoie toujours à la face cachée de la lune, car le désir s'étend comme une toile sur le monde. Et nous ne sommes que des mouches piégées dans cette toile.
lundi 17 octobre 2011
1894
Que valent réellement nos concepts de propriété ? Quelle intentionalité se cache derrière nos sentiments de jalousie et d'envie ?
Voici la déclaration du chef Seattle, en réponse au président Cleveland qui proposait, au nom des Etats-Unis d'Amérique, d'acheter les dernières terres du peuple indien en 1894. Je vous laisse faire la transposition à l'amour libre.
" Comment peut-on vendre ou acheter le ciel, la chaleur de la terre ? Cela nous semble étrange. Si la fraîcheur de l'air et le murmure de l'eau ne nous appartient pas, comment peut-on les vendre ? "
" Pour mon peuple, il n'y a pas un coin de cette terre qui ne soit sacré. Une aiguille de pin qui scintille, un rivage sablonneux, une brume légère, tout est saint aux yeux et dans la mémoire de ceux de mon peuple. La sève qui monte dans l'arbre porte en elle la mémoire des Peaux-Rouges. Les morts des Blancs oublient leur pays natal quand ils s'en vont dans les étoiles. Nos morts n'oublient jamais cette terre si belle, puisque c'est la mère du Peau-Rouge. Nous faisons partie de la terre et elle fait partie de nous. Les fleurs qui sentent si bon sont nos sœurs, les cerfs, les chevaux, les grands aigles sont nos frères ; les crêtes rocailleuses, l'humidité des Prairies, la chaleur du corps des poneys et l'homme appartiennent à la même famille. Ainsi, quand le grand chef blanc de Washington me fait dire qu'il veut acheter notre terre, il nous demande beaucoup... "
" Les rivières sont nos sœurs, elles étanchent notre soif ; ces rivières portent nos canoës et nourrissent nos enfants. Si nous vous vendons notre terre, vous devez vous rappeler tout cela et apprendre à vos enfants que les rivières sont nos sœurs et les vôtres et que, par conséquent, vous devez les traiter avec le même amour que celui donné à vos frères. Nous savons bien que l'homme blanc ne comprend pas notre façon de voir. Un coin de terre, pour lui, en vaut un autre puisqu'il est un étranger qui arrive dans la nuit et tire de la terre ce dont il a besoin. La terre n'est pas sa sœur, mais son ennemie ; après tout cela, il s'en va. Il laisse la tombe de son père derrière lui et cela lui est égal ! En quelque sorte, il prive ses enfants de la terre et cela lui est égal. La tombe de son père et les droits de ses enfants sont oubliés. Il traite sa mère, la terre, et son père, le ciel, comme des choses qu'on peut acheter, piller et vendre comme des moutons ou des perles colorées. Son appétit va dévorer la terre et ne laisser qu'un désert... "
" L'air est précieux pour le Peau-Rouge car toutes les choses respirent de la même manière. La bête, l'arbre, l'homme, tous respirent de la même manière. L'homme blanc ne semble pas faire attention à l'air qui respire. Comme un mourant, il ne reconnaît plus les odeurs. Mais, si nous vous vendons notre terre, vous devez vous rappeler que l'air nous est infiniment précieux et que l'Esprit de l'air est le même dans toutes les choses qui vivent. Le vent qui a donné à notre ancêtre son premier souffle reçoit aussi son dernier regard. Et si nous vendons notre terre, vous devez la garder intacte et sacrée comme un lieu où même l'homme peut aller percevoir le goût du vent et la douceur d'une prairie en fleur... "
" Je suis un sauvage et je ne comprends pas une autre façon de vivre. J'ai vu des milliers de bisons qui pourrissaient dans la prairie, laissés là par l'homme blanc qui les avait tués d'un train qui passait. Je suis un sauvage et je ne comprends pas comment ce cheval de fer qui fume peut-être plus important que le bison que nous ne tuons que pour les besoins de notre vie. Qu'est-ce que l'homme sans les bêtes ? Si toutes les bêtes avaient disparu, l'homme mourrait complètement solitaire, car ce qui arrive aux bêtes bientôt arrive à l'homme. Toutes les choses sont reliées entre elles. "
" Vous devez apprendre à vos enfants que la terre sous leurs pieds n'est autre que la cendre de nos ancêtres. Ainsi, ils respecteront la terre. Dites-leur aussi que la terre est riche de la vie de nos proches. Apprenez à vos enfants ce que nous avons appris aux nôtres : que la terre est notre mère et que tout ce qui arrive à la terre arrive aux enfants de la terre. Si les hommes crachent sur la terre, c'est sur eux-mêmes qu'ils crachent. Ceci nous le savons : la terre n'appartient pas à l'homme, c'est l'homme qui appartient à la terre. Ceci nous le savons : toutes les choses sont reliées entre elles comme le sang est le lien entre les membres d'une même famille. Toutes les choses sont reliées entre elles... "
" Mais, pendant que nous périssons, vous allez briller, illuminés par la force de Dieu qui vous a conduits sur cette terre et qui, dans un but spécial, vous a permis de dominer le Peau-Rouge. Cette destinée est mystérieuse pour nous. Nous ne comprenons pas pourquoi les bisons sont tous massacrés, pourquoi les chevaux sauvages sont domestiqués, ni pourquoi les lieux les plus secrets des forêts sont lourds de l'odeur des hommes, ni pourquoi encore la vue des belles collines est gardée par les fils qui parlent. Que sont devenus les fourrés profonds ? Ils ont disparu. Qu'est devenu le grand aigle ? Il a disparu aussi. C'est la fin de la vie et le commencement de la survivance. "
Voici la déclaration du chef Seattle, en réponse au président Cleveland qui proposait, au nom des Etats-Unis d'Amérique, d'acheter les dernières terres du peuple indien en 1894. Je vous laisse faire la transposition à l'amour libre.
" Comment peut-on vendre ou acheter le ciel, la chaleur de la terre ? Cela nous semble étrange. Si la fraîcheur de l'air et le murmure de l'eau ne nous appartient pas, comment peut-on les vendre ? "
" Pour mon peuple, il n'y a pas un coin de cette terre qui ne soit sacré. Une aiguille de pin qui scintille, un rivage sablonneux, une brume légère, tout est saint aux yeux et dans la mémoire de ceux de mon peuple. La sève qui monte dans l'arbre porte en elle la mémoire des Peaux-Rouges. Les morts des Blancs oublient leur pays natal quand ils s'en vont dans les étoiles. Nos morts n'oublient jamais cette terre si belle, puisque c'est la mère du Peau-Rouge. Nous faisons partie de la terre et elle fait partie de nous. Les fleurs qui sentent si bon sont nos sœurs, les cerfs, les chevaux, les grands aigles sont nos frères ; les crêtes rocailleuses, l'humidité des Prairies, la chaleur du corps des poneys et l'homme appartiennent à la même famille. Ainsi, quand le grand chef blanc de Washington me fait dire qu'il veut acheter notre terre, il nous demande beaucoup... "
" Les rivières sont nos sœurs, elles étanchent notre soif ; ces rivières portent nos canoës et nourrissent nos enfants. Si nous vous vendons notre terre, vous devez vous rappeler tout cela et apprendre à vos enfants que les rivières sont nos sœurs et les vôtres et que, par conséquent, vous devez les traiter avec le même amour que celui donné à vos frères. Nous savons bien que l'homme blanc ne comprend pas notre façon de voir. Un coin de terre, pour lui, en vaut un autre puisqu'il est un étranger qui arrive dans la nuit et tire de la terre ce dont il a besoin. La terre n'est pas sa sœur, mais son ennemie ; après tout cela, il s'en va. Il laisse la tombe de son père derrière lui et cela lui est égal ! En quelque sorte, il prive ses enfants de la terre et cela lui est égal. La tombe de son père et les droits de ses enfants sont oubliés. Il traite sa mère, la terre, et son père, le ciel, comme des choses qu'on peut acheter, piller et vendre comme des moutons ou des perles colorées. Son appétit va dévorer la terre et ne laisser qu'un désert... "
" L'air est précieux pour le Peau-Rouge car toutes les choses respirent de la même manière. La bête, l'arbre, l'homme, tous respirent de la même manière. L'homme blanc ne semble pas faire attention à l'air qui respire. Comme un mourant, il ne reconnaît plus les odeurs. Mais, si nous vous vendons notre terre, vous devez vous rappeler que l'air nous est infiniment précieux et que l'Esprit de l'air est le même dans toutes les choses qui vivent. Le vent qui a donné à notre ancêtre son premier souffle reçoit aussi son dernier regard. Et si nous vendons notre terre, vous devez la garder intacte et sacrée comme un lieu où même l'homme peut aller percevoir le goût du vent et la douceur d'une prairie en fleur... "
" Je suis un sauvage et je ne comprends pas une autre façon de vivre. J'ai vu des milliers de bisons qui pourrissaient dans la prairie, laissés là par l'homme blanc qui les avait tués d'un train qui passait. Je suis un sauvage et je ne comprends pas comment ce cheval de fer qui fume peut-être plus important que le bison que nous ne tuons que pour les besoins de notre vie. Qu'est-ce que l'homme sans les bêtes ? Si toutes les bêtes avaient disparu, l'homme mourrait complètement solitaire, car ce qui arrive aux bêtes bientôt arrive à l'homme. Toutes les choses sont reliées entre elles. "
" Vous devez apprendre à vos enfants que la terre sous leurs pieds n'est autre que la cendre de nos ancêtres. Ainsi, ils respecteront la terre. Dites-leur aussi que la terre est riche de la vie de nos proches. Apprenez à vos enfants ce que nous avons appris aux nôtres : que la terre est notre mère et que tout ce qui arrive à la terre arrive aux enfants de la terre. Si les hommes crachent sur la terre, c'est sur eux-mêmes qu'ils crachent. Ceci nous le savons : la terre n'appartient pas à l'homme, c'est l'homme qui appartient à la terre. Ceci nous le savons : toutes les choses sont reliées entre elles comme le sang est le lien entre les membres d'une même famille. Toutes les choses sont reliées entre elles... "
" Mais, pendant que nous périssons, vous allez briller, illuminés par la force de Dieu qui vous a conduits sur cette terre et qui, dans un but spécial, vous a permis de dominer le Peau-Rouge. Cette destinée est mystérieuse pour nous. Nous ne comprenons pas pourquoi les bisons sont tous massacrés, pourquoi les chevaux sauvages sont domestiqués, ni pourquoi les lieux les plus secrets des forêts sont lourds de l'odeur des hommes, ni pourquoi encore la vue des belles collines est gardée par les fils qui parlent. Que sont devenus les fourrés profonds ? Ils ont disparu. Qu'est devenu le grand aigle ? Il a disparu aussi. C'est la fin de la vie et le commencement de la survivance. "
vendredi 14 octobre 2011
Cachez ce pourquoi que je ne saurais voir...
Il y a un sujet que je n'ai pas abordé et qui me tient à cœur depuis bien longtemps et qui mérite d'être traité dans ce petit blog. Je ne pense pas, mais comme tous les autres sujets abordés ici, détenir la vérité, mais au moins en posant la question, elle fera quelques pousses en vous et viendra me faire retour par vos réactions.
Ce sujet, c'est la question du pourquoi et non du comment. Il est assez facile de décrire finalement tous les comment du libertinages, les "commentaires" sont d'ailleurs sans fin, mais le pourquoi, la cause du libertinage, est une question ardue qui ne se laisse pas réduire facilement. J'y pense depuis un moment car ce pouquoi est indispensable pour comprendre ce que nous voulons y investir comme part d'âme et de raison.
Il est assez convenu finalement de s'arrêter à l'explication d'un envers de mœurs. Si cela pouvait être vrai au 18eme siècle ou avant, quand on opposait le mariage d'inclination au mariage par contrat, cela n'est plus réellement possible aujourd'hui. La liberté sexuelle s'est diffusée dans toutes les couches de la société occidentale, y compris chez les moins orthodoxes et notre rapport à la chose du sexe comme on le disait il y a cinquante ans n'est plus recouvert de tabou ou d'interdit. Le retour et le recours à certains discours puritains en donne le ton par ailleurs; le désir d'un retour en arrière est bien le signe que nous sommes passés devant.
Il est encore plus convenu et à mon avis stupide de faire comme certains le pensent le raccourci entre libertinage et liberté. Rares sont les exceptions comme Diderot ou Philippe d'Orléans, le reste se résume plutôt soit à une forme de perversion (Marquis de Sade), soit à des moralistes (Laclos) ou soit à des utopistes (Fourrier, Meslier). Et ces derniers étaient plus que sages dans leur sexualité.
C'est donc du côté du l'imaginaire que j'ai commencé à observer le libertinage et l'échangisme. En prenant l'hypothèse que le désir de libertinage est un scénario mental. Un moyen d'avoir un rapport sexuel sans avoir de relation à l'autre et là, bingo, on commence à dérouler tout le bon vieux bagage analytique qui nous permet du coup de comprendre combien le libertinage contemporain est bien plus proche d'un rapport fantasmé que d'un désir de liberté, de dépassement de codes moraux et autre fadaises que l'on peut entendre ou même s'entendre dire soi-même.
Je m'explique.
Nous ne sommes pas des animaux, notre instinct n'est pas ce qui guide notre sexualité, pas seulement en tout cas. Et une relation sexuelle n'est pas un rapport réel à l'autre. On peut faire l'amour et se sentir seul. On peut d'ailleurs aussi vivre à deux et se sentir seul ! Mais au delà des pulsions sexuelles que nous pouvons avoir, la réponse culturelle est très forte chez l'humain. Nous choisissons aussi nos partenaires parce qu'ils répondent en partie à notre bagage culturel.
C'est en partant de ce constat que j'ai commencé à regarder un peu comment les libertins se présentaient sur les sites internet. La présentation a ceci de particulier qu'en quelques phrases et photos, c'est justement tout une coloration de l'imaginaire qui se décline.
Les corps sont souvent morcelés, les poses explicites, les regards rares. C'est une société du spectacle qui se met en scène, tant par l'image que par des textes relativement pauvres où l'on retrouve très régulièrement des expressions comme «pas de prise de tête », ou des mots creux comme « glamour », « raffinement », « charme » qui sont d'une relativité absolue car en forte teneur de subjectivité.
Royaume du spectacle, royaume du morcellement, royaume d'une gouvernance du pathos qui se cache dans les limbes d'un semblant de liberté où les signifiants maîtres sont ceux d'un jeunisme imaginaire qui se voile d'une pudibonderie, l'obscène servant souvent de voile au sujet, un sexe, une pose cachant le sujet sous des oripeaux pour ne pas révéler la petite formule dérisoire d'un fantasme somme toute fort banal.
L'on pourrait croire aussi, et j'y ai cru pendant longtemps, qu'il y avait une forme de consumérisme libertin, mais si l'on regarde cela sous l'angle du petit trucage du fantasme, il est plus clair qu'il s'agit en réalité d'une absence de rapport, l'aveu implicite que c'est un relation qui rate, une défaillance devant l'énigme que représente l'autre dans son altérité ; et la peur de se confronter réellement à cette altérité en préférant un petit voyage touristique sans conséquence plutôt qu'une relation. On va se promener autour d'un autre couple, d'une autre femme et puis l'on revient chez soi, content, l'esprit libéré de notre petit cinéma interne que l'on a projeté un instant, comme pour dire j'y étais ; comme ces photos de voyage où l'on est sourire béant dos à un bâtiment pour dire qu'on y était. Et on y était, de dos. Mais dos à l'histoire, dos à l'autre, sans le voir dans sa réalité.
Pourquoi le libertinage, voilà une question qui ne peut faire l'économie de l'histoire des mœurs. Il faudrait prendre une telle étude et repérer pour chaque époque tous les trous qui déchirent le tissu du désir pour comprendre en quoi certaines pratiques sont acceptées et certaines rejetés comme des déchets qui se recyclent en fantasme.
Mais surtout ce pourquoi doit nous interroger sur notre pratique, sur notre rapport à l'autre, ce que nous en attendons, ce que nous sommes prêt à donner, ce que nous sommes réellement prêt à échanger, car à rester uniquement dans le royaume du spectacle, nous nous condamnons nous-mêmes à finir comme un touriste qui visite tous les pays du monde sans être transformé par ses voyages, nous nous condamnons à la pauvreté et la misère de notre propre désir, devenu incapable de se renouveler au contact de l'autre, perdu dans la recherche d'une meilleure rencontre, d'un meilleur pays, d'une terre où l'herbe serait plus verte quand juste à côté de nous, le plus grand des mystère, la plus belle découverte nous tend la main à condition que nous acceptions de la regarder.
Ce sujet, c'est la question du pourquoi et non du comment. Il est assez facile de décrire finalement tous les comment du libertinages, les "commentaires" sont d'ailleurs sans fin, mais le pourquoi, la cause du libertinage, est une question ardue qui ne se laisse pas réduire facilement. J'y pense depuis un moment car ce pouquoi est indispensable pour comprendre ce que nous voulons y investir comme part d'âme et de raison.
Il est assez convenu finalement de s'arrêter à l'explication d'un envers de mœurs. Si cela pouvait être vrai au 18eme siècle ou avant, quand on opposait le mariage d'inclination au mariage par contrat, cela n'est plus réellement possible aujourd'hui. La liberté sexuelle s'est diffusée dans toutes les couches de la société occidentale, y compris chez les moins orthodoxes et notre rapport à la chose du sexe comme on le disait il y a cinquante ans n'est plus recouvert de tabou ou d'interdit. Le retour et le recours à certains discours puritains en donne le ton par ailleurs; le désir d'un retour en arrière est bien le signe que nous sommes passés devant.
Il est encore plus convenu et à mon avis stupide de faire comme certains le pensent le raccourci entre libertinage et liberté. Rares sont les exceptions comme Diderot ou Philippe d'Orléans, le reste se résume plutôt soit à une forme de perversion (Marquis de Sade), soit à des moralistes (Laclos) ou soit à des utopistes (Fourrier, Meslier). Et ces derniers étaient plus que sages dans leur sexualité.
C'est donc du côté du l'imaginaire que j'ai commencé à observer le libertinage et l'échangisme. En prenant l'hypothèse que le désir de libertinage est un scénario mental. Un moyen d'avoir un rapport sexuel sans avoir de relation à l'autre et là, bingo, on commence à dérouler tout le bon vieux bagage analytique qui nous permet du coup de comprendre combien le libertinage contemporain est bien plus proche d'un rapport fantasmé que d'un désir de liberté, de dépassement de codes moraux et autre fadaises que l'on peut entendre ou même s'entendre dire soi-même.
Je m'explique.
Nous ne sommes pas des animaux, notre instinct n'est pas ce qui guide notre sexualité, pas seulement en tout cas. Et une relation sexuelle n'est pas un rapport réel à l'autre. On peut faire l'amour et se sentir seul. On peut d'ailleurs aussi vivre à deux et se sentir seul ! Mais au delà des pulsions sexuelles que nous pouvons avoir, la réponse culturelle est très forte chez l'humain. Nous choisissons aussi nos partenaires parce qu'ils répondent en partie à notre bagage culturel.
C'est en partant de ce constat que j'ai commencé à regarder un peu comment les libertins se présentaient sur les sites internet. La présentation a ceci de particulier qu'en quelques phrases et photos, c'est justement tout une coloration de l'imaginaire qui se décline.
Les corps sont souvent morcelés, les poses explicites, les regards rares. C'est une société du spectacle qui se met en scène, tant par l'image que par des textes relativement pauvres où l'on retrouve très régulièrement des expressions comme «pas de prise de tête », ou des mots creux comme « glamour », « raffinement », « charme » qui sont d'une relativité absolue car en forte teneur de subjectivité.
Royaume du spectacle, royaume du morcellement, royaume d'une gouvernance du pathos qui se cache dans les limbes d'un semblant de liberté où les signifiants maîtres sont ceux d'un jeunisme imaginaire qui se voile d'une pudibonderie, l'obscène servant souvent de voile au sujet, un sexe, une pose cachant le sujet sous des oripeaux pour ne pas révéler la petite formule dérisoire d'un fantasme somme toute fort banal.
L'on pourrait croire aussi, et j'y ai cru pendant longtemps, qu'il y avait une forme de consumérisme libertin, mais si l'on regarde cela sous l'angle du petit trucage du fantasme, il est plus clair qu'il s'agit en réalité d'une absence de rapport, l'aveu implicite que c'est un relation qui rate, une défaillance devant l'énigme que représente l'autre dans son altérité ; et la peur de se confronter réellement à cette altérité en préférant un petit voyage touristique sans conséquence plutôt qu'une relation. On va se promener autour d'un autre couple, d'une autre femme et puis l'on revient chez soi, content, l'esprit libéré de notre petit cinéma interne que l'on a projeté un instant, comme pour dire j'y étais ; comme ces photos de voyage où l'on est sourire béant dos à un bâtiment pour dire qu'on y était. Et on y était, de dos. Mais dos à l'histoire, dos à l'autre, sans le voir dans sa réalité.
Pourquoi le libertinage, voilà une question qui ne peut faire l'économie de l'histoire des mœurs. Il faudrait prendre une telle étude et repérer pour chaque époque tous les trous qui déchirent le tissu du désir pour comprendre en quoi certaines pratiques sont acceptées et certaines rejetés comme des déchets qui se recyclent en fantasme.
Mais surtout ce pourquoi doit nous interroger sur notre pratique, sur notre rapport à l'autre, ce que nous en attendons, ce que nous sommes prêt à donner, ce que nous sommes réellement prêt à échanger, car à rester uniquement dans le royaume du spectacle, nous nous condamnons nous-mêmes à finir comme un touriste qui visite tous les pays du monde sans être transformé par ses voyages, nous nous condamnons à la pauvreté et la misère de notre propre désir, devenu incapable de se renouveler au contact de l'autre, perdu dans la recherche d'une meilleure rencontre, d'un meilleur pays, d'une terre où l'herbe serait plus verte quand juste à côté de nous, le plus grand des mystère, la plus belle découverte nous tend la main à condition que nous acceptions de la regarder.
Pensée du jour
"Je ne veux rêver qu'à ce qui est impossible, faux et absurde, et par là rejoindre la vérité qui est une putain à trois utérus d'où vient le père, principe du pouvoir qui écrase, le fils, principe du martyre qui étouffe et le saint esprit, principe de l'amour qui étrangle."
jeudi 6 octobre 2011
Steve Jobs, rip
On peut être fan ou non de Apple ou de Pixar, il n'en reste pas moins que Steve Jobs fut un personnage marquant de notre siècle. Libertaire à sa façon, intuitif, créatif, il a démocratisé le digital au point de changer complètement notre approche de la technologie, la rendant ardemment désirable. Cet enfant du siècle dirigeait ses entreprises comme au siècle dernier, insufflant son esprit jusque dans des détails superflus; ainsi dans sa biographie éditée aux éditions S.leduc, les 4 vies de Steve Jobs, on apprend qu'il voulait que les premiers macintosh soient aussi beaux à l'intérieur qu'à l'extérieur, ce qui était une aberration technique mais démontrait son sens aiguë de l'esthétique et son jusqu'au-boutiste.
Mais c'est le discours de Stanford que je voulais vous retransmettre ici. Le discours d'un homme dont la passion, la curiosité et l'élan vital l'a poussé à briser des dogmes. Paix à son âme et espérons que d'autres figures aussi libres continuent de inspirer comme il a su le faire : "Se souvenir que la mort viendra un jour est la meilleure façon d’éviter le piège qui consiste à croire que l’on a quelque chose à perdre. On est déjà nu. Il n’y a aucune raison de ne pas suivre son cœur."
Bonne lecture !
« C’est un honneur de me trouver parmi vous aujourd’hui et d’assister à une remise de diplômes dans une des universités les plus prestigieuses du monde. Je n’ai jamais terminé mes études supérieures. A dire vrai, je n’ai même jamais été témoin d’une remise de diplômes dans une université. Je veux vous faire partager aujourd’hui trois expériences qui ont marqué ma carrière. C’est tout. Rien d’extraordinaire. Juste trois expériences.
« Pourquoi j’ai eu raison de laisser tomber l’université »
La première concerne les incidences imprévues. J’ai abandonné mes études au Reed College au bout de six mois, mais j’y suis resté auditeur libre pendant dix-huit mois avant de laisser tomber définitivement. Pourquoi n’ai-je pas poursuivi ?
Tout a commencé avant ma naissance. Ma mère biologique était une jeune étudiante célibataire, et elle avait choisi de me confier à des parents adoptifs. Elle tenait à me voir entrer dans une famille de diplômés universitaires, et tout avait été prévu pour que je sois adopté dès ma naissance par un avocat et son épouse. Sauf que, lorsque je fis mon apparition, ils décidèrent au dernier moment qu’ils préféraient avoir une fille. Mes parents, qui étaient sur une liste d’attente, reçurent un coup de téléphone au milieu de la nuit : « Nous avons un petit garçon qui n’était pas prévu. Le voulez-vous ? » Ils répondirent : « Bien sûr. » Ma mère biologique découvrit alors que ma mère adoptive n’avait jamais eu le moindre diplôme universitaire, et que mon père n’avait jamais terminé ses études secondaires. Elle refusa de signer les documents définitifs d’adoption et ne s’y résolut que quelques mois plus tard, quand mes parents lui promirent que j’irais à l’université.
Dix-sept ans plus tard, j’entrais donc à l’université. Mais j’avais naïvement choisi un établissement presque aussi cher que Stanford, et toutes les économies de mes parents servirent à payer mes frais de scolarité. Au bout de six mois, je n’en voyais toujours pas la justification. Je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire dans la vie et je n’imaginais pas comment l’université pouvait m’aider à trouver ma voie. J’étais là en train de dépenser tout cet argent que mes parents avaient épargné leur vie durant. Je décidai donc de laisser tomber. Une décision plutôt risquée, mais rétrospectivement c’est un des meilleurs choix que j’aie jamais faits. Dès le moment où je renonçais, j’abandonnais les matières obligatoires qui m’ennuyaient pour suivre les cours qui m’intéressaient.
Tout n’était pas rose. Je n’avais pas de chambre dans un foyer, je dormais à même le sol chez des amis. Je ramassais des bouteilles de Coca-Cola pour récupérer le dépôt de 5 cents et acheter de quoi manger, et tous les dimanches soir je faisais 10 kilomètres à pied pour traverser la ville et m’offrir un bon repas au temple de Hare Krishna. Un régal. Et ce que je découvris alors, guidé par ma curiosité et mon intuition, se révéla inestimable à l’avenir. Laissez-moi vous donner un exemple : le Reed College dispensait probablement alors le meilleur enseignement de la typographie de tout le pays. Dans le campus, chaque affiche, chaque étiquette sur chaque tiroir était parfaitement calligraphiée. Parce que je n’avais pas à suivre de cours obligatoires, je décidai de m’inscrire en classe de calligraphie. C’est ainsi que j’appris tout ce qui concernait l’empattement des caractères, les espaces entre les différents groupes de lettres, les détails qui font la beauté d’une typographie. C’était un art ancré dans le passé, une subtile esthétique qui échappait à la science. J’étais fasciné.
Rien de tout cela n’était censé avoir le moindre effet pratique dans ma vie. Pourtant, dix ans plus tard, alors que nous concevions le premier Macintosh, cet acquis me revint. Et nous l’incorporâmes dans le Mac. Ce fut le premier ordinateur doté d’une typographie élégante. Si je n’avais pas suivi ces cours à l’université, le Mac ne posséderait pas une telle variété de polices de caractères ni ces espacements proportionnels. Et comme Windows s’est borné à copier le Mac, il est probable qu’aucun ordinateur personnel n’en disposerait. Si je n’avais pas laissé tomber mes études à l’université, je n’aurais jamais appris la calligraphie, et les ordinateurs personnels n’auraient peut-être pas cette richesse de caractères. Naturellement, il était impossible de prévoir ces répercussions quand j’étais à l’université. Mais elles me sont apparues évidentes dix ans plus tard.
On ne peut prévoir l’incidence qu’auront certains événements dans le futur ; c’est après coup seulement qu’apparaissent les liens. Vous pouvez seulement espérer qu’ils joueront un rôle dans votre avenir. L’essentiel est de croire en quelque chose – votre destin, votre vie, votre karma, peu importe. Cette attitude a toujours marché pour moi, et elle a régi ma vie.
« Pourquoi mon départ forcé d’Apple fut salutaire »
Ma deuxième histoire concerne la passion et l’échec. J’ai eu la chance d’aimer très tôt ce que je faisais. J’avais 20 ans lorsque Woz [Steve Wozniak, le co-fondateur d’Apple N.D.L.R.] et moi avons créé Apple dans le garage de mes parents. Nous avons ensuite travaillé dur et, dix ans plus tard, Apple était une société de plus de 4 000 employés dont le chiffre d’affaires atteignait 2 milliards de dollars. Nous venions de lancer un an plus tôt notre plus belle création, le Macintosh, et je venais d’avoir 30 ans.
C’est alors que je fus viré. Comment peut-on vous virer d’une société que vous avez créée ? C’est bien simple, Apple ayant pris de l’importance, nous avons engagé quelqu’un qui me semblait avoir les compétences nécessaires pour diriger l’entreprise à mes côtés et, pendant la première année, tout se passa bien. Puis nos visions ont divergé, et nous nous sommes brouillés. Le conseil d’administration s’est rangé de son côté. C’est ainsi qu’à 30 ans je me suis retrouvé sur le pavé. Viré avec perte et fracas. La raison d’être de ma vie n’existait plus. J’étais en miettes.
Je restais plusieurs mois sans savoir quoi faire. J’avais l’impression d’avoir trahi la génération qui m’avait précédé – d’avoir laissé tomber le témoin au moment où on me le passait. C’était un échec public, et je songeais même à fuir la Silicon Valley. Puis j’ai peu à peu compris une chose – j’aimais toujours ce que je faisais. Ce qui m’était arrivé chez Apple n’y changeait rien. J’avais été éconduit, mais j’étais toujours amoureux. J’ai alors décidé de repartir de zéro.
Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite, mais mon départ forcé d’Apple fut salutaire. Le poids du succès fit place à la légèreté du débutant, à une vision moins assurée des choses. Une liberté grâce à laquelle je connus l’une des périodes les plus créatives de ma vie.
Pendant les cinq années qui suivirent, j’ai créé une société appelée NeXT et une autre appelée Pixar, et je suis tombé amoureux d’une femme exceptionnelle qui est devenue mon épouse. Pixar, qui allait bientôt produire le premier film d’animation en trois dimensions, Toy Story , est aujourd’hui la première entreprise mondiale utilisant cette technique. Par un remarquable concours de circonstances, Apple a acheté NeXT, je suis retourné chez Apple, et la technologie que nous avions développée chez NeXT est aujourd’hui la clé de la renaissance d’Apple. Et Laurene et moi avons fondé une famille merveilleuse.
Tout cela ne serait pas arrivé si je n’avais pas été viré d’Apple. La potion fut horriblement amère, mais je suppose que le patient en avait besoin. Parfois, la vie vous flanque un bon coup sur la tête. Ne vous laissez pas abattre. Je suis convaincu que c’est mon amour pour ce que je faisais qui m’a permis de continuer. Il faut savoir découvrir ce que l’on aime et qui l’on aime. Le travail occupe une grande partie de l’existence, et la seule manière d’être pleinement satisfait est d’apprécier ce que l’on fait. Sinon, continuez à chercher. Ne baissez pas les bras. C’est comme en amour, vous saurez quand vous aurez trouvé. Et toute relation réussie s’améliore avec le temps. Alors, continuez à chercher jusqu’à ce que vous trouviez.
« Pourquoi la mort est la meilleure chose de la vie »
Ma troisième histoire concerne la mort. A l’âge de 17 ans, j’ai lu une citation qui disait à peu près ceci : « Si vous vivez chaque jour comme s’il était le dernier, vous finirez un jour par avoir raison. » Elle m’est restée en mémoire et, depuis, pendant les trente-trois années écoulées, je me suis regardé dans la glace le matin en me disant : « Si aujourd’hui était le dernier jour de ma vie, est-ce que j’aimerais faire ce que je vais faire tout à l’heure ? » Et si la réponse est non pendant plusieurs jours à la file, je sais que j’ai besoin de changement.
Avoir en tête que je peux mourir bientôt est ce que j’ai découvert de plus efficace pour m’aider à prendre des décisions importantes. Parce que presque tout – tout ce que l’on attend de l’extérieur, nos vanités et nos fiertés, nos peurs de l’échec – s’efface devant la mort, ne laissant que l’essentiel. Se souvenir que la mort viendra un jour est la meilleure façon d’éviter le piège qui consiste à croire que l’on a quelque chose à perdre. On est déjà nu. Il n’y a aucune raison de ne pas suivre son cœur.
Il y a un an environ, on découvrait que j’avais un cancer. A 7 heures du matin, le scanner montrait que j’étais atteint d’une tumeur au pancréas. Je ne savais même pas ce qu’était le pancréas. Les médecins m’annoncèrent que c’était un cancer probablement incurable, et que j’en avais au maximum pour six mois. Mon docteur me conseilla de rentrer chez moi et de mettre mes affaires en ordre, ce qui signifie : « Préparez-vous à mourir. » Ce qui signifie dire à ses enfants en quelques mois tout ce que vous pensiez leur dire pendant les dix prochaines années. Ce qui signifie essayer de faciliter les choses pour votre famille. En bref, faire vos adieux.
J’ai vécu avec ce diagnostic pendant toute la journée. Plus tard dans la soirée, on m’a fait une biopsie, introduit un endoscope dans le pancréas en passant par l’estomac et l’intestin. J’étais inconscient, mais ma femme, qui était présente, m’a raconté qu’en examinant le prélèvement au microscope, les médecins se sont mis à pleurer, car j’avais une forme très rare de cancer du pancréas, guérissable par la chirurgie. On m’a opéré et je vais bien.
Ce fut mon seul contact avec la mort, et j’espère qu’il le restera pendant encore quelques dizaines d’années. Après cette expérience, je peux vous le dire avec plus de certitude que lorsque la mort n’était pour moi qu’un concept purement intellectuel : personne ne désire mourir. Même ceux qui veulent aller au ciel n’ont pas envie de mourir pour y parvenir. Pourtant, la mort est un destin que nous partageons tous. Personne n’y a jamais échappé. Et c’est bien ainsi, car la mort est probablement ce que la vie a inventé de mieux. C’est le facteur de changement de la vie. Elle nous débarrasse de l’ancien pour faire place au neuf. En ce moment, vous représentez ce qui est neuf, mais un jour vous deviendrez progressivement l’ancien, et vous laisserez la place aux autres. Désolé d’être aussi dramatique, mais c’est la vérité.
Votre temps est limité, ne le gâchez pas en menant une existence qui n’est pas la vôtre. Ne soyez pas prisonnier des dogmes qui obligent à vivre en obéissant à la pensée d’autrui. Ne laissez pas le brouhaha extérieur étouffer votre voix intérieure. Ayez le courage de suivre votre cœur et votre intuition. L’un et l’autre savent ce que vous voulez réellement devenir. Le reste est secondaire.
Dans ma jeunesse, il existait une extraordinaire publication The Whole Earth Catalog , l’une des bibles de ma génération. Elle avait été fondée par un certain Stewart Brand, non loin d’ici, à Menlo Park, et il l’avait marquée de sa veine poétique. C’était à la fin des années 1960, avant les ordinateurs et l’édition électronique, et elle était réalisée entièrement avec des machines à écrire, des paires de ciseaux et des appareils Polaroid. C’était une sorte de Google en livre de poche, trente-cinq ans avant la création de Google. Un ouvrage idéaliste, débordant de recettes formidables et d’idées épatantes.
Stewart et son équipe ont publié plusieurs fascicules de The Whole Earth Catalog . Quand ils eurent épuisé la formule, ils sortirent un dernier numéro. C’était au milieu des années 1970, et j’avais votre âge. La quatrième de couverture montrait la photo d’une route de campagne prise au petit matin, le genre de route sur laquelle vous pourriez faire de l’auto-stop si vous avez l’esprit d’aventure. Dessous, on lisait : « Soyez insatiables. Soyez fous. » C’était leur message d’adieu. Soyez insatiables. Soyez fous. C’est le vœu que j’ai toujours formé pour moi. Et aujourd’hui, au moment où vous recevez votre diplôme qui marque le début d’une nouvelle vie, c’est ce que je vous souhaite.
Soyez insatiables. Soyez fous.
Merci à tous.»
Mais c'est le discours de Stanford que je voulais vous retransmettre ici. Le discours d'un homme dont la passion, la curiosité et l'élan vital l'a poussé à briser des dogmes. Paix à son âme et espérons que d'autres figures aussi libres continuent de inspirer comme il a su le faire : "Se souvenir que la mort viendra un jour est la meilleure façon d’éviter le piège qui consiste à croire que l’on a quelque chose à perdre. On est déjà nu. Il n’y a aucune raison de ne pas suivre son cœur."
Bonne lecture !
« C’est un honneur de me trouver parmi vous aujourd’hui et d’assister à une remise de diplômes dans une des universités les plus prestigieuses du monde. Je n’ai jamais terminé mes études supérieures. A dire vrai, je n’ai même jamais été témoin d’une remise de diplômes dans une université. Je veux vous faire partager aujourd’hui trois expériences qui ont marqué ma carrière. C’est tout. Rien d’extraordinaire. Juste trois expériences.
« Pourquoi j’ai eu raison de laisser tomber l’université »
La première concerne les incidences imprévues. J’ai abandonné mes études au Reed College au bout de six mois, mais j’y suis resté auditeur libre pendant dix-huit mois avant de laisser tomber définitivement. Pourquoi n’ai-je pas poursuivi ?
Tout a commencé avant ma naissance. Ma mère biologique était une jeune étudiante célibataire, et elle avait choisi de me confier à des parents adoptifs. Elle tenait à me voir entrer dans une famille de diplômés universitaires, et tout avait été prévu pour que je sois adopté dès ma naissance par un avocat et son épouse. Sauf que, lorsque je fis mon apparition, ils décidèrent au dernier moment qu’ils préféraient avoir une fille. Mes parents, qui étaient sur une liste d’attente, reçurent un coup de téléphone au milieu de la nuit : « Nous avons un petit garçon qui n’était pas prévu. Le voulez-vous ? » Ils répondirent : « Bien sûr. » Ma mère biologique découvrit alors que ma mère adoptive n’avait jamais eu le moindre diplôme universitaire, et que mon père n’avait jamais terminé ses études secondaires. Elle refusa de signer les documents définitifs d’adoption et ne s’y résolut que quelques mois plus tard, quand mes parents lui promirent que j’irais à l’université.
Dix-sept ans plus tard, j’entrais donc à l’université. Mais j’avais naïvement choisi un établissement presque aussi cher que Stanford, et toutes les économies de mes parents servirent à payer mes frais de scolarité. Au bout de six mois, je n’en voyais toujours pas la justification. Je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire dans la vie et je n’imaginais pas comment l’université pouvait m’aider à trouver ma voie. J’étais là en train de dépenser tout cet argent que mes parents avaient épargné leur vie durant. Je décidai donc de laisser tomber. Une décision plutôt risquée, mais rétrospectivement c’est un des meilleurs choix que j’aie jamais faits. Dès le moment où je renonçais, j’abandonnais les matières obligatoires qui m’ennuyaient pour suivre les cours qui m’intéressaient.
Tout n’était pas rose. Je n’avais pas de chambre dans un foyer, je dormais à même le sol chez des amis. Je ramassais des bouteilles de Coca-Cola pour récupérer le dépôt de 5 cents et acheter de quoi manger, et tous les dimanches soir je faisais 10 kilomètres à pied pour traverser la ville et m’offrir un bon repas au temple de Hare Krishna. Un régal. Et ce que je découvris alors, guidé par ma curiosité et mon intuition, se révéla inestimable à l’avenir. Laissez-moi vous donner un exemple : le Reed College dispensait probablement alors le meilleur enseignement de la typographie de tout le pays. Dans le campus, chaque affiche, chaque étiquette sur chaque tiroir était parfaitement calligraphiée. Parce que je n’avais pas à suivre de cours obligatoires, je décidai de m’inscrire en classe de calligraphie. C’est ainsi que j’appris tout ce qui concernait l’empattement des caractères, les espaces entre les différents groupes de lettres, les détails qui font la beauté d’une typographie. C’était un art ancré dans le passé, une subtile esthétique qui échappait à la science. J’étais fasciné.
Rien de tout cela n’était censé avoir le moindre effet pratique dans ma vie. Pourtant, dix ans plus tard, alors que nous concevions le premier Macintosh, cet acquis me revint. Et nous l’incorporâmes dans le Mac. Ce fut le premier ordinateur doté d’une typographie élégante. Si je n’avais pas suivi ces cours à l’université, le Mac ne posséderait pas une telle variété de polices de caractères ni ces espacements proportionnels. Et comme Windows s’est borné à copier le Mac, il est probable qu’aucun ordinateur personnel n’en disposerait. Si je n’avais pas laissé tomber mes études à l’université, je n’aurais jamais appris la calligraphie, et les ordinateurs personnels n’auraient peut-être pas cette richesse de caractères. Naturellement, il était impossible de prévoir ces répercussions quand j’étais à l’université. Mais elles me sont apparues évidentes dix ans plus tard.
On ne peut prévoir l’incidence qu’auront certains événements dans le futur ; c’est après coup seulement qu’apparaissent les liens. Vous pouvez seulement espérer qu’ils joueront un rôle dans votre avenir. L’essentiel est de croire en quelque chose – votre destin, votre vie, votre karma, peu importe. Cette attitude a toujours marché pour moi, et elle a régi ma vie.
« Pourquoi mon départ forcé d’Apple fut salutaire »
Ma deuxième histoire concerne la passion et l’échec. J’ai eu la chance d’aimer très tôt ce que je faisais. J’avais 20 ans lorsque Woz [Steve Wozniak, le co-fondateur d’Apple N.D.L.R.] et moi avons créé Apple dans le garage de mes parents. Nous avons ensuite travaillé dur et, dix ans plus tard, Apple était une société de plus de 4 000 employés dont le chiffre d’affaires atteignait 2 milliards de dollars. Nous venions de lancer un an plus tôt notre plus belle création, le Macintosh, et je venais d’avoir 30 ans.
C’est alors que je fus viré. Comment peut-on vous virer d’une société que vous avez créée ? C’est bien simple, Apple ayant pris de l’importance, nous avons engagé quelqu’un qui me semblait avoir les compétences nécessaires pour diriger l’entreprise à mes côtés et, pendant la première année, tout se passa bien. Puis nos visions ont divergé, et nous nous sommes brouillés. Le conseil d’administration s’est rangé de son côté. C’est ainsi qu’à 30 ans je me suis retrouvé sur le pavé. Viré avec perte et fracas. La raison d’être de ma vie n’existait plus. J’étais en miettes.
Je restais plusieurs mois sans savoir quoi faire. J’avais l’impression d’avoir trahi la génération qui m’avait précédé – d’avoir laissé tomber le témoin au moment où on me le passait. C’était un échec public, et je songeais même à fuir la Silicon Valley. Puis j’ai peu à peu compris une chose – j’aimais toujours ce que je faisais. Ce qui m’était arrivé chez Apple n’y changeait rien. J’avais été éconduit, mais j’étais toujours amoureux. J’ai alors décidé de repartir de zéro.
Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite, mais mon départ forcé d’Apple fut salutaire. Le poids du succès fit place à la légèreté du débutant, à une vision moins assurée des choses. Une liberté grâce à laquelle je connus l’une des périodes les plus créatives de ma vie.
Pendant les cinq années qui suivirent, j’ai créé une société appelée NeXT et une autre appelée Pixar, et je suis tombé amoureux d’une femme exceptionnelle qui est devenue mon épouse. Pixar, qui allait bientôt produire le premier film d’animation en trois dimensions, Toy Story , est aujourd’hui la première entreprise mondiale utilisant cette technique. Par un remarquable concours de circonstances, Apple a acheté NeXT, je suis retourné chez Apple, et la technologie que nous avions développée chez NeXT est aujourd’hui la clé de la renaissance d’Apple. Et Laurene et moi avons fondé une famille merveilleuse.
Tout cela ne serait pas arrivé si je n’avais pas été viré d’Apple. La potion fut horriblement amère, mais je suppose que le patient en avait besoin. Parfois, la vie vous flanque un bon coup sur la tête. Ne vous laissez pas abattre. Je suis convaincu que c’est mon amour pour ce que je faisais qui m’a permis de continuer. Il faut savoir découvrir ce que l’on aime et qui l’on aime. Le travail occupe une grande partie de l’existence, et la seule manière d’être pleinement satisfait est d’apprécier ce que l’on fait. Sinon, continuez à chercher. Ne baissez pas les bras. C’est comme en amour, vous saurez quand vous aurez trouvé. Et toute relation réussie s’améliore avec le temps. Alors, continuez à chercher jusqu’à ce que vous trouviez.
« Pourquoi la mort est la meilleure chose de la vie »
Ma troisième histoire concerne la mort. A l’âge de 17 ans, j’ai lu une citation qui disait à peu près ceci : « Si vous vivez chaque jour comme s’il était le dernier, vous finirez un jour par avoir raison. » Elle m’est restée en mémoire et, depuis, pendant les trente-trois années écoulées, je me suis regardé dans la glace le matin en me disant : « Si aujourd’hui était le dernier jour de ma vie, est-ce que j’aimerais faire ce que je vais faire tout à l’heure ? » Et si la réponse est non pendant plusieurs jours à la file, je sais que j’ai besoin de changement.
Avoir en tête que je peux mourir bientôt est ce que j’ai découvert de plus efficace pour m’aider à prendre des décisions importantes. Parce que presque tout – tout ce que l’on attend de l’extérieur, nos vanités et nos fiertés, nos peurs de l’échec – s’efface devant la mort, ne laissant que l’essentiel. Se souvenir que la mort viendra un jour est la meilleure façon d’éviter le piège qui consiste à croire que l’on a quelque chose à perdre. On est déjà nu. Il n’y a aucune raison de ne pas suivre son cœur.
Il y a un an environ, on découvrait que j’avais un cancer. A 7 heures du matin, le scanner montrait que j’étais atteint d’une tumeur au pancréas. Je ne savais même pas ce qu’était le pancréas. Les médecins m’annoncèrent que c’était un cancer probablement incurable, et que j’en avais au maximum pour six mois. Mon docteur me conseilla de rentrer chez moi et de mettre mes affaires en ordre, ce qui signifie : « Préparez-vous à mourir. » Ce qui signifie dire à ses enfants en quelques mois tout ce que vous pensiez leur dire pendant les dix prochaines années. Ce qui signifie essayer de faciliter les choses pour votre famille. En bref, faire vos adieux.
J’ai vécu avec ce diagnostic pendant toute la journée. Plus tard dans la soirée, on m’a fait une biopsie, introduit un endoscope dans le pancréas en passant par l’estomac et l’intestin. J’étais inconscient, mais ma femme, qui était présente, m’a raconté qu’en examinant le prélèvement au microscope, les médecins se sont mis à pleurer, car j’avais une forme très rare de cancer du pancréas, guérissable par la chirurgie. On m’a opéré et je vais bien.
Ce fut mon seul contact avec la mort, et j’espère qu’il le restera pendant encore quelques dizaines d’années. Après cette expérience, je peux vous le dire avec plus de certitude que lorsque la mort n’était pour moi qu’un concept purement intellectuel : personne ne désire mourir. Même ceux qui veulent aller au ciel n’ont pas envie de mourir pour y parvenir. Pourtant, la mort est un destin que nous partageons tous. Personne n’y a jamais échappé. Et c’est bien ainsi, car la mort est probablement ce que la vie a inventé de mieux. C’est le facteur de changement de la vie. Elle nous débarrasse de l’ancien pour faire place au neuf. En ce moment, vous représentez ce qui est neuf, mais un jour vous deviendrez progressivement l’ancien, et vous laisserez la place aux autres. Désolé d’être aussi dramatique, mais c’est la vérité.
Votre temps est limité, ne le gâchez pas en menant une existence qui n’est pas la vôtre. Ne soyez pas prisonnier des dogmes qui obligent à vivre en obéissant à la pensée d’autrui. Ne laissez pas le brouhaha extérieur étouffer votre voix intérieure. Ayez le courage de suivre votre cœur et votre intuition. L’un et l’autre savent ce que vous voulez réellement devenir. Le reste est secondaire.
Dans ma jeunesse, il existait une extraordinaire publication The Whole Earth Catalog , l’une des bibles de ma génération. Elle avait été fondée par un certain Stewart Brand, non loin d’ici, à Menlo Park, et il l’avait marquée de sa veine poétique. C’était à la fin des années 1960, avant les ordinateurs et l’édition électronique, et elle était réalisée entièrement avec des machines à écrire, des paires de ciseaux et des appareils Polaroid. C’était une sorte de Google en livre de poche, trente-cinq ans avant la création de Google. Un ouvrage idéaliste, débordant de recettes formidables et d’idées épatantes.
Stewart et son équipe ont publié plusieurs fascicules de The Whole Earth Catalog . Quand ils eurent épuisé la formule, ils sortirent un dernier numéro. C’était au milieu des années 1970, et j’avais votre âge. La quatrième de couverture montrait la photo d’une route de campagne prise au petit matin, le genre de route sur laquelle vous pourriez faire de l’auto-stop si vous avez l’esprit d’aventure. Dessous, on lisait : « Soyez insatiables. Soyez fous. » C’était leur message d’adieu. Soyez insatiables. Soyez fous. C’est le vœu que j’ai toujours formé pour moi. Et aujourd’hui, au moment où vous recevez votre diplôme qui marque le début d’une nouvelle vie, c’est ce que je vous souhaite.
Soyez insatiables. Soyez fous.
Merci à tous.»
mercredi 28 septembre 2011
Déesse K. et Si chaud lina...
Il y a quelques temps, le libertinage est revenu sur le devant la scène avec l’affaire DSK. On a pu ainsi lire certains articles ou entendre certaines personnalités faire des amalgames intéressants. Notamment en dressant un portrait de dragueur et de libertin de l’ancien patron du FMI, deux notions dont nous avons déjà discuté ici et qui ne vont pas forcément de pair. De même, si de nombreuses personnalités ou journaux ont essayé de dire, grand dieu, qu’il y avait une différence entre être un séducteur et un violeur, nous entendions aussi que compte tenu de sa personnalité, c’était à prévoir, qu’il avait déjà franchi certaines limites, etc.
Ainsi, dans l’affaire DSK, il y avait clairement un double discours. D’un côté des cris d’orfraie sur le scandale politique, le puissant menotté, le libertin libertaire enfermé, et de l’autre un parfum qui se distillait dans l’air sur les liens évidents entre le libertinage et les agressions soupçonnées de l’homme politique.
Dans le même esprit, si l’on revient un peu en arrière, il faut se souvenir de l’affaire Piroska Nagy. Le FMI s’était fendu d’un règlement interne indiquant que le harcèlement était un motif de licenciement. Mais de quel harcèlement s'agissait-il puisque les journaux de l’époque évoquaient une histoire d’adultère. Encore une autre forme de double discours.
Savoir ce qu’il a pu se passer réellement ne nous intéresse pas, mais si l’on s’en tient à tous les discours que nous avons pu entendre, on peut s’empêcher de faire le parallèle avec le déni et la forclusion. Faisons un petit rappel sur ces notions.
Quand une pulsion est refusée par le sujet, il y a source d’angoisse et l’un des moyens de défense du sujet consiste à faire un clivage. Le clivage est un mécanisme qui permet notamment au sujet de se scinder en deux pour faire face à une réalité angoissante. Et le sujet peut donc avoir deux réactions simultanées et opposées, l’une positive et l’autre négative, un peu comme un discours qui dirait “oui, mais...”
C’est exactement ce que nous retrouvons dans les discours ambiants qui se propagés autour de cette affaire, nous donnant une photographie de notre société face à la sexualité et notamment la sexualité libre.
Ainsi, dans l’affaire DSK, il y avait clairement un double discours. D’un côté des cris d’orfraie sur le scandale politique, le puissant menotté, le libertin libertaire enfermé, et de l’autre un parfum qui se distillait dans l’air sur les liens évidents entre le libertinage et les agressions soupçonnées de l’homme politique.
Dans le même esprit, si l’on revient un peu en arrière, il faut se souvenir de l’affaire Piroska Nagy. Le FMI s’était fendu d’un règlement interne indiquant que le harcèlement était un motif de licenciement. Mais de quel harcèlement s'agissait-il puisque les journaux de l’époque évoquaient une histoire d’adultère. Encore une autre forme de double discours.
Savoir ce qu’il a pu se passer réellement ne nous intéresse pas, mais si l’on s’en tient à tous les discours que nous avons pu entendre, on peut s’empêcher de faire le parallèle avec le déni et la forclusion. Faisons un petit rappel sur ces notions.
Quand une pulsion est refusée par le sujet, il y a source d’angoisse et l’un des moyens de défense du sujet consiste à faire un clivage. Le clivage est un mécanisme qui permet notamment au sujet de se scinder en deux pour faire face à une réalité angoissante. Et le sujet peut donc avoir deux réactions simultanées et opposées, l’une positive et l’autre négative, un peu comme un discours qui dirait “oui, mais...”
C’est exactement ce que nous retrouvons dans les discours ambiants qui se propagés autour de cette affaire, nous donnant une photographie de notre société face à la sexualité et notamment la sexualité libre.
Il suffit par ailleurs d'étendre l'épaisseur du trait et se souvenir que malgré les publicités érotisantes ou l'impératif de jouissance que propose notre société de consommation, la morale reprend le pas et cherche à juguler certaines pulsions. Souvenons nous des débats absurdes du voile contre le string, autre opposition dont le sens commun comprend très bien qu'il s'agit moins là d'une histoire de tissu que d'une angoisse face au désir, avec la confusion entre la pulsion et l'objet.
Notre société joue avec le désir comme un pendule, d'un côté, la jouissance absolue, de l'autre, la règle morale, pour une apothéose finale qui pourrait prendre le titre d'un texte de Alain Soral : Misère du désir. Car ce qui se trame ici n'est autre que l'angoisse et ses mécanismes de défense.
A cette figure de DSK, l'homme politique prit dans la tourmente du sexe, j'avais envie d'opposer en miroir une autre figure qui a défrayé la chronique dans les années 90, la Ciccolina.
Femme un peu fleur bleue, enfantine avec son jouet-fétiche, le ciccolino, elle ouvre une transparence quasi opposée, comme un miroir à notre autre figure. Il suffit d’ailleurs d’aller jeter un oeil sur son site officiel pour voir pèle mêle des photos de charme, de son enfant, de ses proches; la pudeur morale qui forge les relations contemporaines habituelles a totalement disparue. Ici, c'est tout le contraire de la forclusion qui se joue, mais au contraire une transparence absolue, comme une lumière aveuglante tellement les ombres faites par les frontières morales sont totalement absentes.
Militante acharnée contre toute forme de censure, se prononçant pour l’éducation sexuelle, la dépénalisation des drogues, la liberté sexuelle totale, y compris dans les prisons, elle avait même en boutade (mais était-ce une plaisanterie ?) annoncé officiellement qu'elle était prête à faire l’amour avec Sadam Hussein pour la paix dans le proche orient
Face au chantre du libéralisme de Déesse K., son logba, son double féminin, la si chaud lina en impose finalement bien plus. Mais une lumière sans ombre n'est pas faite pour durer et notre société continuera plutôt de jouer avec le désir comme avec un pendule.
vendredi 23 septembre 2011
culte du mariage
Ce culte du mariage comporte différents thèmes dont le plus évident est la glorification de la mère et de la fonction maternelle. L’amour d’une mère, que nul n’oublie, dont chacun a sa part, etc. Ce n’est pas faux. Mais il ne faudrait pourtant pas oublier qu’avec cet amour, les mères peuvent faire passer bien des choses, comme on vient de le voir. Le chantage affectif qui fait de cet amour un objet de troc est trop connu pour qu’on y insiste... Que n’obtient-on des enfants en échange de cet amour ! Et en tout premier l’amour filial qui est demandé, exigé. Le choeur des mères taxant d’ingratitude leurs enfants est propablement éternel. Si l’amour maternel et filial est le premier modèle d’amour, il ne faut pas trop s’étonner des habituels grincements de la vie amoureuse. C’est à dire que dès le départ, on est bien forcé d’admettre une forte capacité de leurre pour que puisse persister l’idée même de l’amour. Il faut dire que cette idée est soutenue par l’ensemble du groupe, de la société. Toutes les civilisations chantent les louanges des mères. Ce qui ne les empêche pas, et on retrouve là la duplicité du discours maternel lui-même, de développer en même temps le mépris et la méfiance à l’égard des femmes. l’accès à la maternité est le but, non seulement proposé mais encore imposé aux femmes, si elles veulent échapper à la crainte qu’elles inspirent. “Tu seras mère” dit la société à la petite fille. Il semble difficile de nier que la plupart des femmes aiment s’occuper d’enfants. De nombreux hommes aussi, d’ailleurs. Là encore, la lucidité de Freud vient couper court à toute invocation naturaliste de l’instinct. Ce n’est pas par instinct que la petite fille joue à la poupée. On le lui apprend. C’est peut-être par goût que beaucoup de femmes joueront avec leur enfants. Mais il faudra qu’elles apprennent à les nourrir et les soigner. La plupart des jeunes ménages contemporains se partagent les tâches et les travaux créés par la présence de l’enfant. Et la majorité des jeunes pères savent à l’occasion nourrir et langer leur descendance. Freud pour sa part ne s’attendrit pas devant le grand oeuvre de la nature. Ce qui attache l’adulte à “sa majesté bébé”, c’est, dit-il, un sentiment analogue à celui qui lie l’homme aux petits animaux : une image d’insouciance et de liberté sans limites dans laquelle il voudrait bien se reconnaître. En donnant à l’enfant une sorte de toute-puissance, c’est à son fantasme de toute-puissance que l’adulte donne libre cours.
Bien entendu, cette dimension narcissique de l’amour maternel est parfaitement méconnue dans la glorification des mères.
Que des animaux femelles se sacrifient pour leur portée est possible, que des mâles puissent le faire est probable. Que des femmes et des hommes le fassent est certain.
C’est cette virtualité qu’exploite le culte maternel. Le mensonge commence lorsque de la proposition “les parents peuvent se sacrifier pour leurs enfants”, on fait “toutes les mères se sacrifient pour leurs enfants”. Ce mensonge ne prend, bien sûr, toute sa portée que parce que de véritables mères le croient. Le mythe se renforce ainsi par de véritables circuits de réverbération. La société assigne à la femme la maternité comme accomplissement d’elle-même. Certaines femmes assument la maternité à condition qu’elles soit marquée d’héroïsme. Toute tentative de créer une sexualité qui ne se limite pas à la génitalité devient objet d’opprobe.
La célébration de la mère entraîne deux corollaires : le culte de la famille et celui de la fidélité conjugale. Rien que de poser la question d’une justification de ces dogmes peut paraître choquant. Considérer qu’il pourrait y avoir pour l’homme d’autres modes de vie que le mariage monogame est scandaleux : il faut être fou ou pervers pour imaginer une autre vie.
La concentration de l’intérêt sur la cellule familiale est source de progrès, de développement. On sait pourquoi on travaille : pour permettre à sa famille la vie la plus agréable possible. Assurez le confort, l’avenir. Tous les poncifs gravitent autour du “croissez et multipliez”. L’intérêt de la famille coïncide avec l’intérêt de la société. Le couple soucieux de l’épanouissement des enfants doit se concentrer sur son travail, accroître sa productivité, son rendement. Production et reproduction évoluent parallèlement.
Tout ce qui vient perturber cet ordre doit être prohibé. Et en tout premier lieu ce consommateur majeur d’énergie et de temps : l’adultère, l’amour extra-conjugal. Cette source de péchés, de délits, voire de crimes et de ruines entraîne en outre des troubles de l’équilibre psychique et précipite ses victimes dans la dépression et la folie.
Il faut pourtant se rendre à l’évidence : la majorité, l’immense majorité qui reproche l’infidélité aux seuls hommes sous le prétexte que : “les hommes ne pensent qu’à ça”, oublie que , pour qu’il y ait adultère, il faut bien que chacun des hommes débauchés trouve une femme comme partenaire.
Pourquoi rabâcher ces banalités ? Le mouvement d’humeur même qu’on éprouve à les lire traduit le peu de cas qu’on voudrait en faire. C’est un incident de parcours sans importance, qu’il s’agit surtout de ne pas prendre au sérieux. Soit. L’incartade nécessaire pour permettre de se replonger plus efficacement encore dans les activités sérieuses, avec éventuellement l’aiguillon d’une culpabilité rentable.
Allons jusqu’au bout du cynisme. Si l’échappée hors de la cellule familiale, hors du travail quotidien, était justement la visée ultime de chacun ? Si l’aventure, sous toutes ses formes, était ce à quoi aspirent l’homme ou la femme, à l’opposé de tout ce qui paraît raisonnable : penser au lendemain, assurer l’avenir, donner aux enfants le maximum de chances dans l’existence, poursuivre une oeuvre ?
L’aventure amoureuse, qui est aussi le modèle, jamais achevé d’ailleurs, de l’aventure en général, qu’elle soit exploration, création artistique, transformation, fait “perdre du temps”. On ne produit pas. Et qui pis est, non seulement on ne consomme pas non plus, mais encore on n’a pas envie de consommer. Tous les objets tentants offerts par la publicité perdent leurs attraits pour ceux qui osent courir le risque d’un désir personnel, individualisé.
Lucien Israel, L'hystérique, le sexe et le médecin. Page 110
Bien entendu, cette dimension narcissique de l’amour maternel est parfaitement méconnue dans la glorification des mères.
Que des animaux femelles se sacrifient pour leur portée est possible, que des mâles puissent le faire est probable. Que des femmes et des hommes le fassent est certain.
C’est cette virtualité qu’exploite le culte maternel. Le mensonge commence lorsque de la proposition “les parents peuvent se sacrifier pour leurs enfants”, on fait “toutes les mères se sacrifient pour leurs enfants”. Ce mensonge ne prend, bien sûr, toute sa portée que parce que de véritables mères le croient. Le mythe se renforce ainsi par de véritables circuits de réverbération. La société assigne à la femme la maternité comme accomplissement d’elle-même. Certaines femmes assument la maternité à condition qu’elles soit marquée d’héroïsme. Toute tentative de créer une sexualité qui ne se limite pas à la génitalité devient objet d’opprobe.
La célébration de la mère entraîne deux corollaires : le culte de la famille et celui de la fidélité conjugale. Rien que de poser la question d’une justification de ces dogmes peut paraître choquant. Considérer qu’il pourrait y avoir pour l’homme d’autres modes de vie que le mariage monogame est scandaleux : il faut être fou ou pervers pour imaginer une autre vie.
La concentration de l’intérêt sur la cellule familiale est source de progrès, de développement. On sait pourquoi on travaille : pour permettre à sa famille la vie la plus agréable possible. Assurez le confort, l’avenir. Tous les poncifs gravitent autour du “croissez et multipliez”. L’intérêt de la famille coïncide avec l’intérêt de la société. Le couple soucieux de l’épanouissement des enfants doit se concentrer sur son travail, accroître sa productivité, son rendement. Production et reproduction évoluent parallèlement.
Tout ce qui vient perturber cet ordre doit être prohibé. Et en tout premier lieu ce consommateur majeur d’énergie et de temps : l’adultère, l’amour extra-conjugal. Cette source de péchés, de délits, voire de crimes et de ruines entraîne en outre des troubles de l’équilibre psychique et précipite ses victimes dans la dépression et la folie.
Il faut pourtant se rendre à l’évidence : la majorité, l’immense majorité qui reproche l’infidélité aux seuls hommes sous le prétexte que : “les hommes ne pensent qu’à ça”, oublie que , pour qu’il y ait adultère, il faut bien que chacun des hommes débauchés trouve une femme comme partenaire.
Pourquoi rabâcher ces banalités ? Le mouvement d’humeur même qu’on éprouve à les lire traduit le peu de cas qu’on voudrait en faire. C’est un incident de parcours sans importance, qu’il s’agit surtout de ne pas prendre au sérieux. Soit. L’incartade nécessaire pour permettre de se replonger plus efficacement encore dans les activités sérieuses, avec éventuellement l’aiguillon d’une culpabilité rentable.
Allons jusqu’au bout du cynisme. Si l’échappée hors de la cellule familiale, hors du travail quotidien, était justement la visée ultime de chacun ? Si l’aventure, sous toutes ses formes, était ce à quoi aspirent l’homme ou la femme, à l’opposé de tout ce qui paraît raisonnable : penser au lendemain, assurer l’avenir, donner aux enfants le maximum de chances dans l’existence, poursuivre une oeuvre ?
L’aventure amoureuse, qui est aussi le modèle, jamais achevé d’ailleurs, de l’aventure en général, qu’elle soit exploration, création artistique, transformation, fait “perdre du temps”. On ne produit pas. Et qui pis est, non seulement on ne consomme pas non plus, mais encore on n’a pas envie de consommer. Tous les objets tentants offerts par la publicité perdent leurs attraits pour ceux qui osent courir le risque d’un désir personnel, individualisé.
Lucien Israel, L'hystérique, le sexe et le médecin. Page 110
mercredi 21 septembre 2011
Il était une fois dans le libertinage...
« Couple très uni, libertin, marié, coquin, cherche couple même profil pour soirées débridées » Voilà une annonce qui peut sembler assez classique lorsqu'on se promène sur un site « libertin ». Pourtant, après quelques réflexions, on commence à se dire qu'il y a « quelque chose de pourrie au royaume du danemark »... N'y-a-t-il pas un paradoxe à parler de libertinage et de couple uni ou marié ?
Le libertinage était jusqu'à présent considéré comme une certaine liberté des mœurs et des dogmes, allant parfois jusqu'à être considéré comme une forme de dépravation et une quête égoïste du plaisir.
Mais voilà, le monde d'hier n'est plus celui d'aujourd'hui.
Aussi voyez vous sur les annonces de nombreux interdits qui fonctionnent comme des mantras: interdit aux hommes seuls, interdit aux poils, etc. qui s'ajoutent à un catalogue de pratiques ou d'objets fétiches : mélangistes, talons haut et lingerie, champagne, etc.
Tout ceci nous fait immédiatement penser que nous quittons en réalité le registre libertin pour celui du plus-de-jouir, celui du consumérisme.
Expliquons quelques instants ce qu'est ce plus-de-jouir pour comprendre le consumérisme sexuel.
Lacan avait réinterprété Marx en comprenant que la plus-value, soit le travail pour lequel le salarié n'est pas payé, cette marchandise qui permet d'enrichir le capital est en réalité un plus-de-jouir.
La plus-value n'est rien d'autre que du travail non payé. Le capitaliste achète le travail ou le savoir de celui auquel il verse un salaire. Mais ce salaire ne paie que ce qui va permettre au salarié de reproduire sa force de travail : en clair le capitaliste donne à celui qu'il emploie les moyens de subsister, mais il lui demande de travailler au-delà de la limite que constituerait la simple reproduction de ses moyens de subsistance. Il utilise cette force de travail pour produire une certaine quantité de marchandise qui, elle, ne sera pas payée. C'est cet écart que Marx appelle la plus-value et auquel Lacan donne le nom de "plus-de-jouir". C'est l'objet auquel renonce le sujet et qui le frustre mais qu'il retrouve par ce que le marché lui propose d'acheter et vient combler partiellement sa jouissance perdue.
C'est donc la circulation de ce plus-de-jouir ou de cette complétude impossible que recherche en permanence le sujet et qui nous fait fantasmer sur l'iphone 3, puis 4, puis 5 etc.. ou, du côté des pulsions sexuelles sur une femme plus grande, plus blonde, un sexe plus gros, plus petit, etc.
Nous jouissons des objets consommations qui sont des retours d'une jouissance perdue comme nous jouissons ici des corps étrangers qui viennent répondre à ce que nous avons perdu dans le mariage ou le « couple uni », un doux euphémisme, car il serait plus logique de parler de couple libre.
N'en déplaisent à certains, les vrais libertins sont en réalité ces hommes seuls ou ces femmes seules qui peuplent comme des fantômes les sites de rencontres sans comprendre pourquoi ils ne peuvent eux, accéder à un plaisir / désir direct, sans autre but que l'objet pour lequel ils se présentent. Certes, il faudrait différencier un peu les hommes seuls des femmes seules car l'objet et la cause de leurs désirs diffèrent un peu, mais baste, ils sont les libertins. Et nous, couples unis, sommes plus échangistes que libertins pour la plupart.
Question de sémantique allez vous dire. Effectivement, il est possible de le voir ainsi également, après tout, si la définition du libertinage est d'être en dehors de la norme sociale et dans une quête d'un plaisir égoiste, soit. Mais prenons le temps de nous regarder dans le miroir et de nous voir au fond de nous. Quelle est réellement notre part de frustration ? Quelle est réellement la jouissance d'un couple échangiste ?
Posons nous la question... simplement, pour ne pas être dans cette norme justement et vivre comme des sujets libres et désirants.
samedi 17 septembre 2011
mardi 13 septembre 2011
Polyamour et cuisine équipée à tous les étages.
Élargissons un peu notre regard pour parler des mœurs contemporaines et indirectement de nous, vous qui profitez chers lecteurs et chères lectrices de nos pérégrinations intellectuelles et sensuelles.
Aujourd'hui, c'est le polyamour qui nous intéresse ici. Une vision assez particulière des relations affectives qui peuvent lier des êtres. Nous l'avons d'ailleurs connu avant même de connaître le mot et c'est en fouillant dans l'histoire des hippies que nous avons fini par tomber sur ce terme et comprendre qu'il regroupait un ensemble de pratique au moins aussi large que le libertinage.
Si vous parcourez la communauté des libertins, vous croiserez certains polyamoureux, ils existent aussi bien dans les couples que chez certains célibataires. Plus peut-être chez ces derniers car ils assument plus facilement le polyamour qu'un couple plus classique. Le célibataire étant moins en prise avec la jalousie.
Techniquement, le polyamour est le fait d'aimer plusieurs personnes. La sexualité n'est pas toujours centrale par ailleurs. Le polyamoureux ne joue pas dans la cour des "fuck friends" ou autre dragueurs à la petite semaine. Il engage ses sentiments et peut développer plusieurs relations affectives.
Psychologiquement parlant, le polyamour est aussi simple que naturel. Il part du postulat que l'on peut aimer plusieurs personnes. Qui a été parent sait que l'on peut aimer plusieurs enfants en même temps, le constat est le même pour les amours adultes qui, compte tenu de l'intimité sexuelle qui créée une proximité des affects, rien n'interdit alors que les sentiments se répandent et s'épanouissent au gré des opportunités. Un sentiment n'en chassant pas un autre pour autant. Le polyamoureux n'est pas pour autant un papillon.
Il existe en réalité de nombreux polyamoureux qui s'ignorent. Les hommes ou les femmes qui développent des relations extra conjugales sont souvent des polyamoureux qui ont quelques difficultés à assumer leur besoin d'amour plus large. Je parle évidemment de réelles relations affectives, car certains pratiquent l'adultère comme on irait au supermarché acheter une boite de pringles et pour ceux là, je vous invite à relire notre article sur la séduction.
Mais si l'adultère version affective est l'antichambre du polyamour, ce n'est pourtant pas la définition que souhaitent donner ces derniers. Vieux reste judéo-chrétien, le besoin de transparence est important et il suffit de lire les blogs sur le polyamour pour se rendre compte combien la transparence est centrale dans le polyamour. Pourtant certains se défendent d'une transparence absolue, arguant que l'objectif est d'abord de ne pas blesser l'autre et qu'il vaut mieux un joli jardin secret qu'une crise.
En réalité le polyamour a certainement pour source d'inspiration le nouvel ordre amoureux de Fourier. Utopiste parmi les utopistes, Charles Fourier avait déjà en son temps compris que le mariage était une forme d'asservissement des femmes et que l'inégalité entre les sexes étaient patentes. Presque deux siècles avant notre ère, Fourier proposait un modèle qui soit moins contractuel vis à vis de la société qu'entre les individus. Et surtout, probablement peut-on voir là une des formes du polyamour et surtout du libertinage contemporain, il avait compris qu'il fallait différencier l'amour céladonique de l'amour matériel. En d'autres termes, l'amour sentimental de l'amour physique. Et il proposait aussi l'amour pivotal, sorte de synthèse hégélienne de ces deux formes d'amour qui permet à l'individu de conserver un socle stable tout en allant butiner ailleurs.
Polyamour, Amour pivotal, nous avons connu un peu ces formes d'amour au tout début de nos rencontres. Nous avons vécu avec des femmes jusqu'à développer des sentiments croisées qui ne simplifiaient pas les choses mais, après tout, point de grand plaisir sans mise en danger. Et au final, c'est cette expérience là, dans un hors cadre social nous a appris à faire tomber les masques des faux sentiments et des faux penchants sensuels et aussi à se méfier des mots. Certains détails nous restent en mémoire, durant notre première histoire, la néréide parlait d'aimer en liberté, et la seconde parlait de nous trois comme un couple. Les mots en réalité étaient impuissants à définir ce type de relation, des milliers d'années de moralité délétère n'ont pas permis à nos langues de décrire toutes les subtilités des relations amoureuses.
Polyamour, libertinage contemporain, Amour pivotal, il y a finalement une inventivité amoureuse en l'humain qui ne peut se réduire à quelques pratiques ou quelques contrats ordinaires. Notre liberté de donner et de recevoir est infinie.
Aujourd'hui, c'est le polyamour qui nous intéresse ici. Une vision assez particulière des relations affectives qui peuvent lier des êtres. Nous l'avons d'ailleurs connu avant même de connaître le mot et c'est en fouillant dans l'histoire des hippies que nous avons fini par tomber sur ce terme et comprendre qu'il regroupait un ensemble de pratique au moins aussi large que le libertinage.
Si vous parcourez la communauté des libertins, vous croiserez certains polyamoureux, ils existent aussi bien dans les couples que chez certains célibataires. Plus peut-être chez ces derniers car ils assument plus facilement le polyamour qu'un couple plus classique. Le célibataire étant moins en prise avec la jalousie.
Techniquement, le polyamour est le fait d'aimer plusieurs personnes. La sexualité n'est pas toujours centrale par ailleurs. Le polyamoureux ne joue pas dans la cour des "fuck friends" ou autre dragueurs à la petite semaine. Il engage ses sentiments et peut développer plusieurs relations affectives.
Psychologiquement parlant, le polyamour est aussi simple que naturel. Il part du postulat que l'on peut aimer plusieurs personnes. Qui a été parent sait que l'on peut aimer plusieurs enfants en même temps, le constat est le même pour les amours adultes qui, compte tenu de l'intimité sexuelle qui créée une proximité des affects, rien n'interdit alors que les sentiments se répandent et s'épanouissent au gré des opportunités. Un sentiment n'en chassant pas un autre pour autant. Le polyamoureux n'est pas pour autant un papillon.
Il existe en réalité de nombreux polyamoureux qui s'ignorent. Les hommes ou les femmes qui développent des relations extra conjugales sont souvent des polyamoureux qui ont quelques difficultés à assumer leur besoin d'amour plus large. Je parle évidemment de réelles relations affectives, car certains pratiquent l'adultère comme on irait au supermarché acheter une boite de pringles et pour ceux là, je vous invite à relire notre article sur la séduction.
Mais si l'adultère version affective est l'antichambre du polyamour, ce n'est pourtant pas la définition que souhaitent donner ces derniers. Vieux reste judéo-chrétien, le besoin de transparence est important et il suffit de lire les blogs sur le polyamour pour se rendre compte combien la transparence est centrale dans le polyamour. Pourtant certains se défendent d'une transparence absolue, arguant que l'objectif est d'abord de ne pas blesser l'autre et qu'il vaut mieux un joli jardin secret qu'une crise.
En réalité le polyamour a certainement pour source d'inspiration le nouvel ordre amoureux de Fourier. Utopiste parmi les utopistes, Charles Fourier avait déjà en son temps compris que le mariage était une forme d'asservissement des femmes et que l'inégalité entre les sexes étaient patentes. Presque deux siècles avant notre ère, Fourier proposait un modèle qui soit moins contractuel vis à vis de la société qu'entre les individus. Et surtout, probablement peut-on voir là une des formes du polyamour et surtout du libertinage contemporain, il avait compris qu'il fallait différencier l'amour céladonique de l'amour matériel. En d'autres termes, l'amour sentimental de l'amour physique. Et il proposait aussi l'amour pivotal, sorte de synthèse hégélienne de ces deux formes d'amour qui permet à l'individu de conserver un socle stable tout en allant butiner ailleurs.
Polyamour, Amour pivotal, nous avons connu un peu ces formes d'amour au tout début de nos rencontres. Nous avons vécu avec des femmes jusqu'à développer des sentiments croisées qui ne simplifiaient pas les choses mais, après tout, point de grand plaisir sans mise en danger. Et au final, c'est cette expérience là, dans un hors cadre social nous a appris à faire tomber les masques des faux sentiments et des faux penchants sensuels et aussi à se méfier des mots. Certains détails nous restent en mémoire, durant notre première histoire, la néréide parlait d'aimer en liberté, et la seconde parlait de nous trois comme un couple. Les mots en réalité étaient impuissants à définir ce type de relation, des milliers d'années de moralité délétère n'ont pas permis à nos langues de décrire toutes les subtilités des relations amoureuses.
Polyamour, libertinage contemporain, Amour pivotal, il y a finalement une inventivité amoureuse en l'humain qui ne peut se réduire à quelques pratiques ou quelques contrats ordinaires. Notre liberté de donner et de recevoir est infinie.
jeudi 8 septembre 2011
Petit traité des passions ordinaires...
Il est en réalité impossible d'écrire un petit traité des passions, le sujet est trop vaste et trop complexe. Réduisons-le ici aux passions libertines puisque c'est le sujet de notre blog.
Au risque de nous répéter, le libertinage a certainement pour primat la sexualité de groupe mais son essence est plus complexe, comme la sexualité d'ailleurs ; et il nous faut aller faire un petit détour afin de mieux appréhender notre sujet.
L'erreur lambda est de considérer la sexualité comme une appétence, un désir ayant pour support un fantasme, ou un ensemble de pratique. La sexualité existe en réalité entre les deux, et il faudrait parler d'intersexualité pour être exact. La sexualité est le pont entre les sujets, le lieu de rencontre des désirs et des pratiques qui vient fondre l'intentionnalité des fantasmes aux actes du corps mais dans une perspective sociale, tribale, culturelle, intersubjective. La sexualité ou l'intersexualité se compose d'un champ de mots, de gestes, de pratiques, d'actes ou d'intentions imaginaires.
Aussi la sexualité n'est pas réductible à la reproduction comme le soutenait Schopenhauer, et non plus à la simple recherche du plaisir. Dans cet espace clos se joue l'intégrité du sujet, son corps social, la validité de son moi narcissique et toutes les souffrances ou les joies à venir.
Il suffit de réécouter l'enjeu de la sexualité chez les adolescents pour se souvenir combien notre construction sexuelle est intimement liée à la construction de notre sujet. Il suffit d'aller encore un peu en arrière et de se souvenir des règles de conduites de nos parents et de la société dans laquelle nous vivions lors de nos premières expériences pour comprendre combien nous sommes dans notre sexualité d'aujourd'hui chacun en lien avec ce passé, avec cette culture transmise par nos parents, nos amis et amies d'enfance et plus largement la culture de la société. Sexe et culture, sexe et langage sont la grammaire du sujet.
Ce préalable ayant été affirmé, il devient plus facile de comprendre, comment le libertinage prend racine dans notre contexte contemporain et où se situent ses limites ou plus exactement ses bornes, notamment les frontières corporelles, psychologiques ou morales et sociales.
Les bornes charnelles extrèmes sont assez facile à identifier. Certains libertins parlent de soumission / domination. Le terme même qui évite celui de sado – masochisme (autres mœurs libertaires qui transcendent assez facilement le libertinage contemporain car ils traverse tous les bords) indique bien la limite que la chair s'autorise ici. Peu de libertins pratiquent d'ailleurs la domination / soumission, éventuellement sous forme de jeu assez soft. Et les plus confirmés ou les réels adeptes prefèrent aller se rallier sous la bannière sado-maso, abandonnant la catégorie libertine qu'ils trouvent bien trop plon-plon.
On trouve également des limites intermédiaires mais les décrire toutes serait un peu fastidieux. Nous préférons juste indiquer la question de la pénétration qui nous semble fortement significative, car elle divise le monde en deux, d'un côté ceux qui acceptent cette pratique et ensuite tous les autres avec tous les produits dérivés qui découlent d'un éloignement ou d'un rapprochement de l'autre partenaire (mélangisme, côte à côtisme, faux semblant de saphisme, etc.)
Nous avions abordé un peu les frontières morales et psychologiques dans un article précédent sur la jalousie. Nous ne reviendrons que pour résumer le fait que la jalousie, bien plus qu'un simple sentiment de souffrance tout à fait légitime, est surtout l'expression d'un vieux reste du narcissime primaire, cette indifférenciation entre le moi et le monde. Touche à « ma » femme ou « mon » homme ; le « ma » ou le « mon » est ici un « moi ». Moins qu'appartenir, il fait corps avec soi et donc toucher l'autre peut-être vécu comme un viol de soi. Mais la jalousie est aussi l'expression d'un désir. Avoir peur d’être trompé, cela peut aussi être le désir de vouloir tromper. Le désir revient sous forme inversé par culpabilité. Jalousie et cupidité sont de la même étoffe. Le candaulisme en est également une des figures de sortie.
Bref, la jalousie, au delà de l'acception populaire est un sujet central, et tous, libertins ou non libertins, nous sommes amenés à nous accommoder avec. Les couples libertins d'aujourd'hui règlent en grande majorité la question par la fusion (le refus de se séparer pendant l'acte) ou le refus de poursuivre la relation avec les mêmes ; tandis que les célibataires libertins.. mais peut-on parler réellement de libertinage quand on est célibataire car en théorie, point de danger point de libertinage mais plus de l'amour libre... mais nous devrons y revenir forcément plus longuement.
C'est évidemment socialement que la frontière est la plus évidente et probablement la plus jouissive. Nous n'irons pas jusqu'à dénoncer certains couples que nous avons croisés dans nos aventures et qui nous semblaient plus jouir du statut de libertin que de la partie fine. Mais il est évident pour pour certain l'excitation de l'idée d'une sortie de piste est très supérieure à la sortie de piste elle-même qui peut même après coup être angoissante.
Le libertinage est en réalité plus conventionnel et bien moins exotique que ce que les revues de papier glacé ou les sites web hauts en couleur semblent le vendre. Il n'en reste pas moins que comme tout le reste, c'est un univers qui apporte ses joies et ses peines, ses interrogations et ses crises ni plus ni moins qu'ailleurs. Passion ordinaire des couples ordinaires. Seriez-vous d'ailleurs capables de différencier un couple libertin d'un couple non libertin dans une soirée classique ? C'est le grand jeu des libertins que d'essayer de deviner.. et bien, c'est impossible sauf à aborder le sujet directement évidemment.
mercredi 7 septembre 2011
Les joies de la cueillette des champignons...
Nous n'avions pas encore parlé d'un des aspects les plus festifs du libertinage, à savoir les MST ! Le sujet mérite d'être abordé, même s'il n'est pas spécifique au libertinage, mais dès que les partenaires se multiplient, les risques se multiplient !
Il ne faut donc pas avoir peur de consulter régulièrement et surtout d'observer quelques règles de base. Le port du préservatif est obligatoire ! Et ce dernier doit être changé d'une partenaire à l'autre. Cette évidence n'est pas toujours claire dans l'esprit de certains messieurs. Précisons le donc !
Le port du préservatif étant accepté et acté par les hommes, il faut savoir que certaines maladies peuvent quand même être transmises. Et oui, sans danger, pas ou peu de plaisir... Notamment via les rapports entre femmes qui sont forcément moins protégés, comme le papillomavirus ou la chlamydia qui a le chic d'être souvent invisible au porteur, et donc de se répandre silencieusement.
Etonnamment, c'est un sujet que les libertins abordent peu et connaissent mal... sauf, sauf... ceux qui ont eu la malchance d'attraper une petite bestiole. Et alors là, le savoir ne met pas longtemps à venir. En se tournant simplement vers son médecin généraliste, on obtient quelques conseils de base qui évitent certains risques et pour ceux que l'on souhaite prendre (fellation ou cunnilingus non protégé), les risques sont identifiables et la surveillance doit être régulière.
A la cueillette des champignons, c'est la joie ou la débandade : protégez vous !
dimanche 4 septembre 2011
Le jeu de l'amour et du bazar...
Le libertinage moderne, comme nous l'avons expliqué dans nos articles précédent n'est plus le lieu de la remise en question des dogmes établis. Historiquement une remise en question notamment des dogmes religieux, le libertinage contemporain s'appuie beaucoup plus dans une perspective de re-création des liens sociaux et tribaux à mi-chemin entre les conventions puritaines de notre société occidentale et le l'individualisme forcenée du narcissisme libéral.
Aussi, il existe mille et une façon de vivre le libertinage, presque autant qu'il peut exister de catégories sociales ou manière de vivre son couple en autorisant les fantaisies de son partenaire et en s'autorisant les siens.
Cela peut paraître surprenant, mais beaucoup de couples illégitimes pratiquent le libertinage. On peut se demander où ils trouvent le temps de participer à des ébats supplémentaires à leur adultère, mais il faut surtout y voir plutôt une amitié sexuelle qui a pour objet de leur faire vivre ce qu'il ne peuvent trouver avec leur partenaire officiel.
Il y a également une proportion importante d'hommes seuls, peu sont réellement des libertins et voient surtout l'aubaine d'une coucherie facile. Malheureusement pour eux, la réalité est plus complexe et ceux dont le physique ou l'esprit ne va pas répondre à un fantasme ont peu de chance de concrétiser leur désir. Les femmes seules sont beaucoup plus rares, et sont plus souvent soit des femmes qui cherchent à vivre un moment saphique ou une expérience de domination ou de soumisson.
D'une façon générale, hommes seuls ou femmes seules sont plus en recherchent d'un ou une âme sœur que réellement d'un jeu. Mais il existe aussi quelques solitaires qui vivent le libertinage comme un mode de vie notamment pour la liberté de parole et pour l'intimité particulière que permettent ces rencontres.
Tous vous l'accorderont, a priori, quand on découvre autrui dans l'intimité, la parole est plus libre et les amitiés qui se construisent - pour ceux qui ne sont moins en recherche de la réalisation d'un fantasme ou pour ceux qui n'ont pas l'angoisse de tomber amoureux – sont plus vives et plus joyeuses.
Passé notre apprentissage du libertinage qui demande un peu de temps (nous en reparlerons), nos rencontres ont tendance à privilégier les amités naissantes ou effectives et beaucoup de libertins avec qui nous avons parlé privilégient ce type de rencontre.
Le libertinage contemporain est un sacré bazar mais pas forcément consumériste comme on pourrait le croire au premier abord.
Du rien au tout...
Nous avions une fois reçu une invitation pour participer à une soirée libertine qui se proposait de résoudre la question du passage du rien au tout. En effet, il n'est pas toujours évident lorsque vous rencontrez un couple libertin et que le courant passe bien de glisser d'un instant de bonne camaraderie à des moments plus sensuels.
La solution proposée n'était finalement pas plus idoine que les petites astuces que trouvent les libertins habituellement mais la question reste ouverte et mérite que nous racontions les divers trucs et astuces que nous avons pu rencontrer au cours de nos voyages en terre adulte.
Certains couples mettent en avant la bisexualité des femmes. Evitant ainsi le choc frontal hétérosexuel, les femmes se caressent et donnent le ton à la soirée, même si très souvent, il est difficile de parler de réel bisexualité. D'autres mettent en avant les jeux, photographie, gages progressifs à sortir d'un chapeau pour faire monter l'ambiance, d'autres aussi commencent par leur partenaire légitime pour laisser s'instaurer un climat propice à l'échange de partenaire.
Mais pour tous, le « truc » reste essentiellement le champagne, le glamour et le chic. Les femmes s’apprêtent, bas et porte jarretelle, robe courte, talons hauts et les hommes font la conversation. La séduction, qui est finalement la même que dans toute rencontre classique joue ici de manière exagérée afin de créer ce climat de confiance propre à l'abandon des sens.
Certaines soirées sont déguisés, d'autres sont fortement arrosés, certains usent de psychotropes, ou de saveurs culinaires (notre préférence, rien de tel qu'un prélude gustatif aux préludes plus sensuels), mais tous, débutants ou expérimentés, se posent cette question du passage du rien au tout.
Club privé and so what ?
Il existe environ 300 clubs privés libertins en France, un des pays les plus fournis dans la catégorie, mais probablement pas dans la diversité.
Nous n'avons pas une grande expérience des clubs même si nous en avons fréquenté quelques uns les premières années, Chandelles, Moon city, No comment et quelques autres lieux parisiens assez connus.
De notre point de vue, les clubs se ressemblent tous, seule la population est différente d'un club à l'autre ou en fonction des soirées. On retrouve toujours la même musique d’ascenseur (les mélomanes apprécieront les ennuyeux 4/4 des DJ en mal d'inspiration), la charmante odeur de vestiaire et de chaussette humide (les clubs les plus sélects diffusent quand même des parfums) et les coins câlins garnis d'un vinyle antitache qui râpe les peaux sensibles.
Les clubs s'adressent essentiellement aux consuméristes ou à ceux qui veulent découvrir ce petit monde interlope mais de nombreux libertins ne fréquentent jamais les clubs préférant les soirées privées en petit comité à deux, trois ou quatre couples qui permettent de mieux se découvrir et de passer des soirées plus conviviales.
LE club libertin reste certainement encore à inventer. Pour une découverte, les chandelles est le plus agréable car la sélection est stricte et vous ne risquez pas de croiser des vieux messieurs accompagnées de jeunes femmes vénales mais pour une véritable découverte du libertinage, nous ne pouvons qu'inviter débutants et confirmés à vivre les expériences en cercle privé, entre sybarites de bon aloi.
vendredi 2 septembre 2011
Drague et Séduction, l'habit fait le moine...
Nous en avions un peu parlé dans un article précédent, mais cela mérite d'aller plus loin. En réalité, drague et séduction ne sont qu'un découpage assez simpliste de la réalité. La drague étant souvent perçu comme péjorative alors que la séduction est perçue comme positive.
Du côté du sujet, la vraie distinction est à regarder du côté de la compulsion. Etre un (e) séducteur (séductrice) ou un (e) dragueur (dragueuse) compulsif est comme toutes les compulsions une forme de souffrance, tant pour le séducteur que pour la victime qui peut avoir l'impression de s'être sentie piégée.
Dans le petit monde interlope où nous voyageons, la perception n'est pas toujours évidente au premier abord car la sexualité reste centrale et peut troubler la distinction que l'on peut faire celui qui est ou non compulsif.
Là encore, il faudrait encore distinguer les femmes des hommes par rapport à leur désir, la "drague" ou la séduction compulsive touche majoritairement les hommes, elle provient souvent d'une recherche de l'amour impossible du petit enfant avec sa mère castratrice (qui lui refuse cet amour). En vertu de la distinction des sexes, le petit garçon ne se trouve pas en égalité face à la petite fille qui a un premier objet exogène (le père) à conquérir. Il y a donc un risque de fusion et donc d'angoisse chez l'homme qui n'existe pas chez la femme. Cette angoisse se manifestant souvent par l'insatisfaction des séducteurs compulsifs qui ressentent de l'angoisse à faire durer une relation ou n'arrivent pas à se stabiliser affectivement.
La séduction compulsive peut aussi provenir aussi de traumatismes plus graves comme des attouchements ou des viols (imaginaires ou réels d'ailleurs).
Mais vous allez nous dire, quel importance dans le libertinage puisque les relations ne sont pas faites pour durer.
Nous répondrons oui et non. Les libertins d'aujourd'hui ne sont pas tous à proprement parler des consommateurs de chairs fraîches, et en ce qui concerne les aspects sulfureux, depuis Mai 68, on ne peut pas vraiment dire que l'amour libre soit choquant.
Il y a beaucoup de séduction dans le libertinage, les femmes comme les hommes cherchent à paraître les plus beaux possibles, les plus avenants; tant physiquement que intellectuellement, mais ils cherchent aussi à éviter autant que possible les liens affectifs (voir notre article sur la jalousie). Pas tous heureusement, car un lien affectif ne signifie pas nécessairement l'amour; l'amitié est aussi un lien affectif après tout.
Alors les libertins sont-ils des compulsifs ? Notre expérience actuelle nous a plutôt montrer que la nature est assez bien équilibré. Les clubs sont quand même majoritairement rempli de compulsifs, alors que les soirées privées à 2 ou 3 couples le sont moins. Mais il est assez difficile de trancher. Comme avec les séducteurs compulsifs, seul le temps peut aider à distinguer une population d'une autre.
Et lorsqu'on est plus sensible à l'abandon total qu'au fantasme, y compris dans les bras d'un ou d'une inconnue, seul le temps de la confiance, comme l'histoire du fût du canon met un certain temps à refroidir, seul le temps qui passe permet de réellement être en confiance et d'être brûlant d'un désir sans ombrage.
Melancholia
Petite parenthèse dans nos réflexions sur le libertinage pour parler du film Melancholia que nous avons vu hier soir. Nous ne nous attendions pas du tout à cela, les critiques comme toujours ayant omis de nous signaler le sens profond du film.
C'est un film bouleversant construit en trois parties, une introduction sous forme de fantasme, une première partie qui fait penser à Festen dans la forme et qui décrit assez fidèlement une mariée en plein trouble psychologique et une troisième partie bouleversante sur une tentative de réconciliation impossible entre deux pôles.
Ce film magnifique est une allégorie du trouble bipolaire. Il est rempli de signes qui indiquent qu'il ne s'agit nullement de la vie d'une petite famille vivant ses derniers jours avant l'apocalypse mais bien d'un discours intérieur. Deux planètes qui jouent à la danse de la mort jusqu'à se percuter, deux soeurs, l'une solaire, l'autre lunaire. Rien n'est réel dans le film, comme ce trou 19 sur un parcours de Golf, la neige qui tombe au printemps ou ce cheval battu qui renvoie à la crise de mélancolie de Nietzsche et qui refuse de traverser le pont, la force de la nature refusant de faire le pont entre les deux mondes.
On ne peut que rater le sens du film si l'on a pas la bipolarité en tête; comment comprendre sinon cette mariée qui s'offre à un inconnu ou prend un bain le jour de son mariage. Même la mère castratrice et le père fuyant y sont représentés comme la musique de Tristan et Isolde en boucle, qui nous renvoie à la chronique d'un amour impossible.
Mais le film ne peut se laisser uniquement enfermer dans une simple allégorie. La beauté formelle dont il fait preuve, l'émotion à fleur de peau qu'il arrive à décrire, la justesse des sentiments, les images incroyables sur fond musical Wagnérien qui viennent nous troubler jusqu'au tréfond de notre âme suffisent déjà nous laisser cette impression de vivre une expérience extatique.
Quel plaisir de vivre autant d'émotions...
mercredi 31 août 2011
Aime moi et nage
Il est de coutume sur certains sites libertins de s'échanger des témoignages d'amitié quand la rencontre a été belle. Certains utilisent cela comme un tableau de chasse, d'autres, comme nous, pensent que c'est plutôt un témoignage d'amitié, un lien plus intemporel que la rencontre furtive.
Voici quelques uns des témoignages que nous avons écrits et que nous avons reçus pour vous donner un aperçu de ce petit monde.
"Nous avons gravement péché, et pourtant, ce fut bien innocent. Le crime est dans l'intention plus que dans l'acte. La justice pèse le sentiment, non le geste. Mais quelles furent nos intentions à votre égard, vous seuls, qui les éprouvez, pouvez en juger. Nous nous remettons tout à votre examen, Nous abandonnons tout à votre témoignage. C'est la concupiscence, plus qu'une affection véritable, qui nous a lié à vous, le goût du plaisir plutôt que l'amour. Et pourtant, du jour où ces voluptés apparurent, toutes les tendresses qu'elles nous avaient inspirées formèrent un lien indefectible. A très bientôt les amis."
"Quand la "liberté du désir" prend tout son sens… Vous nous avez tout d'abord enchantés, puis régalés et, depuis que nos yeux se sont croisés, ce ne fut qu'une cascade de sentiments allant rinforzando ! … on en redemande, encore, encore… et encore !"
"Ils ne connaissent pas les modes interlopes. Ils ont l'âme nue, le cœur offert et les bras ouverts. Lèvres sensuelles. Yeux langoureux. Nez fiers. Seins menus, corps de rêve. Ils font l'amour comme on écrit un roman de mille pages, ils sont les grammairiens du désir. Infatigables, aisés, ils capturent l'instant. On tangue, on tangue comme sur un bateau, le grincement du lit devient le chant des cigales, le froissement des draps une brise légère, les soupirs des unes et des uns le chant des sirènes et la complainte des marins."
"S'il existait une communauté des libertins authentiques, et qu'elle se cherche des ambassadeurs auprès de ceux qui la jugent avec méfiance ou hostilité, elle ne pourrait pas en trouver de meilleurs que ce merveilleux couple. Les rencontrer a été une expérience émotionnelle intense. Tous les ingrédients y sont, non seulement la cuisine, mais aussi la gentillesse, la culture, l'humour, la tendresse... une véritable symbiose, qui réconcilie les valeurs familiales et celles du plaisir. Merci pour tout ce que vous nous avez apporté !"
"Au commencement était le verbe et le verbe était auprès d'eux. En eux était la vie, et la vie fut notre lumière. Puis la lumière s'est faite chair et la chair s'est faite vie. Nous vînment chez eux et nous reçûmes grâce sur grâce. le sang se fit feu et la parole se fit chair. La chair devint une idôle et une beauté. Rien ne souffrit ni de pathos ni de logos, Tout fut luxe, calme et volupté. Ils sont les logbas vivants des dahoméens. Ils sont le dharma de l'érotisme occulte. Ils sont l'Illiade qui vous fait vivre l'Odyssée. Ils sont l'impossible synthèse d'Apollon et de Dionysos. Ils sont les dieux vivants d'un culte oublié, où chaque instant est une éternité où chaque espace une infinité."
Voici quelques uns des témoignages que nous avons écrits et que nous avons reçus pour vous donner un aperçu de ce petit monde.
"Nous avons gravement péché, et pourtant, ce fut bien innocent. Le crime est dans l'intention plus que dans l'acte. La justice pèse le sentiment, non le geste. Mais quelles furent nos intentions à votre égard, vous seuls, qui les éprouvez, pouvez en juger. Nous nous remettons tout à votre examen, Nous abandonnons tout à votre témoignage. C'est la concupiscence, plus qu'une affection véritable, qui nous a lié à vous, le goût du plaisir plutôt que l'amour. Et pourtant, du jour où ces voluptés apparurent, toutes les tendresses qu'elles nous avaient inspirées formèrent un lien indefectible. A très bientôt les amis."
"Quand la "liberté du désir" prend tout son sens… Vous nous avez tout d'abord enchantés, puis régalés et, depuis que nos yeux se sont croisés, ce ne fut qu'une cascade de sentiments allant rinforzando ! … on en redemande, encore, encore… et encore !"
"Ils ne connaissent pas les modes interlopes. Ils ont l'âme nue, le cœur offert et les bras ouverts. Lèvres sensuelles. Yeux langoureux. Nez fiers. Seins menus, corps de rêve. Ils font l'amour comme on écrit un roman de mille pages, ils sont les grammairiens du désir. Infatigables, aisés, ils capturent l'instant. On tangue, on tangue comme sur un bateau, le grincement du lit devient le chant des cigales, le froissement des draps une brise légère, les soupirs des unes et des uns le chant des sirènes et la complainte des marins."
"S'il existait une communauté des libertins authentiques, et qu'elle se cherche des ambassadeurs auprès de ceux qui la jugent avec méfiance ou hostilité, elle ne pourrait pas en trouver de meilleurs que ce merveilleux couple. Les rencontrer a été une expérience émotionnelle intense. Tous les ingrédients y sont, non seulement la cuisine, mais aussi la gentillesse, la culture, l'humour, la tendresse... une véritable symbiose, qui réconcilie les valeurs familiales et celles du plaisir. Merci pour tout ce que vous nous avez apporté !"
"Au commencement était le verbe et le verbe était auprès d'eux. En eux était la vie, et la vie fut notre lumière. Puis la lumière s'est faite chair et la chair s'est faite vie. Nous vînment chez eux et nous reçûmes grâce sur grâce. le sang se fit feu et la parole se fit chair. La chair devint une idôle et une beauté. Rien ne souffrit ni de pathos ni de logos, Tout fut luxe, calme et volupté. Ils sont les logbas vivants des dahoméens. Ils sont le dharma de l'érotisme occulte. Ils sont l'Illiade qui vous fait vivre l'Odyssée. Ils sont l'impossible synthèse d'Apollon et de Dionysos. Ils sont les dieux vivants d'un culte oublié, où chaque instant est une éternité où chaque espace une infinité."
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