Abordons aujourd'hui un nouveau sujet, celui de la transparence et au passage la question de l'adultère, du libertinage et de l'échangisme (ceux qui nous lisent ont fini par comprendre qu'il y avait une réelle différence entre les deux concepts) au regard du désir et de ses lois, et donc de l'éthique, de la morale et des tabous.
Epargnons nous immédiatement les discussions sans fin sur la différence entre ces trois mots, le libertinage pouvant simplement se définir par une attitude affranchi vis à vis des moeurs contemporaines (il s'agit donc d'une idéologie), l'adultère étant l'acte d'avoir des relations avec un autre que son conjoint ou sa conjointe (il s'agit donc d'un acte, l'acte de violation du devoir de fidélité), et l'échangisme, l'acte d'échanger de partenaires (avec des variantes, mélangisme, 2+2, etc.)
On comprend tout de suite qu'un acte peut en recouvrir un autre, recouvrir l'idéologie, etc. Il ne sert donc à rien de chercher à enfermer un sujet dans l'une ou l'autre pratique ou idéologie puisque toutes ces acceptions peuvent se croiser en fonction de chacun ou chacune.
La seule vraie question à se poser est bien plutôt du côté du désir et de la loi. Qu'est-ce qui pousse ou pas certains et certaines à franchir des frontières ou à ne pas les franchir, ou même à brandir certaines limites comme des défenses.
Les lois et les désirs sont comme des gants retournés, ou des pièces de monnaie, la tranche servant justement à marquer la frontière entre l'interdit et la jouissance. Lacan disait que la loi morale n'est rien d'autre que le désir à l'état pur, que les tables de la loi de Moïse ne sont finalement que les tables du désir.
Ainsi quand la loi morale parle de fidélité, rien n'est plus fort comme désir que de désirer l'infidélité ; quand la loi morale nous convie à ne pas convoiter l'autre, l'autre devient ainsi un objet de jouissance. Contrairement à l'éthique qui a pour fonction de définir ce qui est bon ou mauvais, et introduit nécessairement la bienveillance et le respect ; la morale, en fixant ce qui est bien ou mal, définie les lois du désir.
Il n'est donc pas étonnant de sentir chez les couples dit normatifs comme chez les couples dit libertins tout un fatras de règles et de désirs qui s'entremêlent et qui forment un cortex apparemment incompréhensible mais qui en réalité tient lieu de peau. Une peau qui fait frontière, affleurement sensuel ou carapace de protection.
A titre d'exemple, la première fois que notre couple a découvert le monde interlope des clubs échangistes, je me souviens très bien l'étrangeté du sentiment paradoxal qui m'avait saisi lorsque ma femme s'était retrouvée dans les bras d'un autre. Le fait qu'un autre homme la pénètre était à la fois source d'angoisse et jouissance, j'avais éjaculé sans pouvoir me retenir, moi qui habituellement suis plutôt dans le contrôle. Au point de bouleverser profondément et durablement ma vision du couple.
En quoi un couple est-il un couple ? Ce n'est certes pas la fidélité, l'échangisme ou autre pratique ou règle ou refus de ces pratiques qui fonde notre lien profond à un autre. La transparence est un leurre fusionnel mais l'infidélité ou le mensonge dans le couple n'est pas non plus le lieu du désastre. En réalité, chaque couple se forge selon les lois du désir et ainsi donc aucun couple ne se ressemble.
J'ai vu des couples qui explosaient à cause du libertinage, j'ai vu des couples qui explosaient à cause de l'adultère, mais j'ai vu bien plus de couples encore qui explosaient à cause de l'absence du désir. Des couples qui n'arrivaient plus à retrouver le moteur essentiel et dont les frustrations sans fin les enfermaient sans faim entre eux au point de les faire dépérir.
Quand le mariage d'inclinaison n'existait pas s'est développé l'amour courtois. Quand le mariage d'amour est devenu la règle s'est développé l'échangisme tel que nous le connaissons aujourd'hui. Chaque règle renvoie toujours à la face cachée de la lune, car le désir s'étend comme une toile sur le monde. Et nous ne sommes que des mouches piégées dans cette toile.
Donc,c'est la présence de la règle morale ou le contrat qui seraient la source du désir et qui nous pousseraient à l'adultère ou au libertinage ( à titre d'exemple).Si je reconnais qu'il peut y avoir source de jouissance dans la transgression de certains interdits.
RépondreSupprimerA titre d'exemple,dans le libertinage,"posséder" le partenaire d'un ou d'une autre est jouissif et si vous parlez, peut-être à juste titre de partage, j'y vois aussi un plaisir égocentrique qui participe à l'état d'excitation et au plaisir.c'est parfois plus la situation que l'individu en soi qui motive le désir pour l'autre.
Maintenant, vous faites quand même un raccourci, car il y a bons nombre de couples qui vivent heureux,sans frustration et sont même fidèles !
la transgression de la règle morale est un question d'histoire personnelle,d'histoire de couple...et d'individu(s).Et même parfois de circonstances fortuites
La réalité est heureusement plus complexe encore, être heureux ou non, être frustré ou non, être fidèle ou non, ce n'est pas le couple qui est en la cause ou le fait, mais l'individu, selon son chemin de vie, selon son histoire, et plein d'autres paramètres encore... s'il suffisait de dire que le couple traditionnel épanoui ou le couple libertin épanoui sont les deux chemins qui mènent au bonheur, que la vie serait facile !! Ce que vous dites à la fin de votre commentaire est très juste !
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