jeudi 30 mai 2013

Petit poème en foutre (4)



Le désir se lamente que le corps ne le comprenne pas


Dans le plateau de la balance qui baise son corps frêle, elle s’empiffre d’un morceau de chocolat amer. Le papier sulfurisé tinte à ses oreilles comme un éclat de paradis. Elle sent dans son dos le fouet qui trace des lignes violacées à l’angle de son cul.
Les yeux bandés devant un sexe noué, elle gémit comme une chouette hulotte. Un chien vient lui pisser sur la joue. Elle jouit.


Le désir se lamente que le corps ne le comprenne pas.


A quatre pattes, les yeux noirs de fatigue, les cheveux tirés en arrière, elle est araignée qui trône dans le sang. Sa jambe est nouée à celle d’un homme au sexe démesuré qui lui force sa poutre de chair. Son dos est une chaise, un filet de bave devient une autoroute, elle sent le froid de la lame lui découper le sein. Elle jouit.


Le désir se lamente que le corps ne le comprenne pas.


Sur les carreaux de verre, au milieu des plumes d’un lit éventrée, elle boit de l’acide inconnu. Chacun fait d’elle une fontaine improvisée et elle se trouve figée en statue de marbre. Du fond de ses intestins jaillissent des pulsions racistes mais on lui interdit d’expulser. Elle doit prendre et être prise. Encore et encore. Elle jouit

Le désir se lamente que le corps ne le comprenne pas.

mardi 12 mars 2013

Arbre sauvage

Arbre sauvage, lent oiseau qui se glisse entre les mailles des fougères, elle avance jusqu’à la table où elle prend une cigarette. Petit scarabée d’or sur une dune, elle se pose sur un canapé de sable et regarde en coin les convives. Certains deviennent troubles sous les feux d’une fumée s’échappant de ses lèvres rouges, certains ont le regard brillant dans l’éclat des braises qui s’enflamment au bout du tabac, certains disparaissent dans l’ombre géante qui se profile depuis son dos de marbre.

En m’approchant d’elle, je sens son rire qui ouvre mon cœur comme une fleur au printemps, j’aperçois le plissement au coin de son œil qui marque le désir comme le zip d’une robe qui tomberait à ses pieds. Sa cigarette se consume à la même vitesse que le désir gonfle en bas de mon ventre. Je me sens pivert qui veut creuser son nid mais elle m’ignore tout en me dévisageant, elle me dévore sans me toucher. Je me sens déjà prisonnier d’une force aussi irrépressible que la gravité.

Singe en hiver, diable dévot, sa jambe s’enroule comme une liane autour de ma cuisse. Rien chez elle n’est gratuit ou malheureux, elle est comme les volcans sombres vénérés par les anciens peuples : imprévisible. Derrière le masque hiératique et solennel de son visage pharaonique, c’est la déesse mère Isis en personne. Elle est le trône, l’alpha et l’oméga. Et me voilà Osiris, découpé en quatorze morceaux épars.

Sa langue est celle d'un serpent de feu. En la sentant s'approcher au bord de mes lèvres, c'est tout mon corps qui se retourne, dans un grand bouleversement des sens qui me ferait croire à l'apocalypse des anges. En sentant sa bouche s'approcher de la mienne, c'est le souffle de Yahvé personnifié qui vient faire tonner mon cœur.

Arbre sauvage, lent oiseau qui se glisse dans mes entrailles, personne ne peut la posséder car elle est l'anima primus, le lotus rouge qui flotte au mât de cocagne de mon bateau ivre, la tempête de neige dans un printemps fleuri.

Elle est l'edelweiss en haut de la montagne, la fleur fragile qui brave l'extrémité du monde, elle embaume la raison de fragrance sauvage qui ferait croire à Galilée que la terre est plate. Elle est le dharma de la sensualité, le vajra efficient qui fait de vous un être de vent et de feu. Elle est Saint Michel terrassant en vous le dragon des rêves avec sa peau de lait, ses seins en pointe de diamant, son dos de marbre et ses cuisses de soldat qui se nouent autour de vous pour vous étouffer de joie.

Au fond de ses pupilles, vous ne voyez pas une femme mais une divinité ancestrale, majestueuse qui déploie ses ailes d'amour et vous recueille en son sein.

Arbre sauvage, arbre éternel, Gaïa vous prend quand vous croyez la prendre. En elle mon sexe touchait le fond de l'intimité des dieux. Nul trouble, nul autre sensation qu'une douceur suave et reconnue, acceptée, l'assomption du maudit qui atteint enfin la grâce extatique et merveilleuse. L'orgasme est pour les petites gens quand on sent Aphrodite vous couvrir de grâce et de merveille. Possédé et étouffé par le désir, on se sent mourir dans un bonheur lumineux qui ne laisse plus aucune autre place au monde que celle d'un relaps enfin pardonné.

Arbre sauvage, arbre géant, elle est l'horizon, le ciel étoilé une nuit de saint jean. Elle est la première lumière de l'équinoxe de printemps, elle est la pointe de Khéops sous les cieux d'Orion. Elle est l'ordre du monde, sa marche forcée, le saint siège où toutes les religions du monde prennent leur source.

Arbre sauvage, lent oiseau mystérieux. Elle vogue sur terre comme un vaisseau millénaire, offrant la sagesse de son désir à l'homme de rien pour en faire un héros.

Et l'homme de rien même devenu héros ne peut que louer la divinité...

jeudi 10 janvier 2013

C'est une fleur...






C'est une fleur Ancolie,
éternelle joueuse, lumière dans ma nuit, les seins souriants à mes bras, les cheveux d'or enflammant chaque pouce de ma peau. Elle brûle, brille, picore ma peau.

C'est une fleur Marguerite,
tournant son cul au soleil, pointant ses seins en direction d’Orion, Khéops de sable, sphinx éternel et divinité charnelle.

C'est une fleur En origami,
pliant ses jambes sur les miennes, m'apportant chaleur et désir, mouillant mon dard de sa bave capiteuse d'escargot en rut.

C'est une fleur de Lys,
royale agent de mercure, hermès en slip volant dans le ciel étoilé d'un printemps froid sous une couette animale, frottant son ventre de feu sur mon poitrail tendu vers sa jouissance de feu.

C'est une fleur Immortelle,
avalant la fraise de mon sexe comme une chupa chup, soufflant à mon oreille les mots d'une vierge atteint du syndrome de tourette, comme une vieille folle à la peau de lait.

C'est une fleur Empoisonnée,
vivace Aphrodite, en aphélie de mon dard quand l'ombre de ses fesses vient me brûler le ventre.
vivace anathème, orgasme suintant, seins plongeant dans mes reins au solstice de mes couilles.

samedi 17 novembre 2012

Sphinx

J'ai vu l'horloge du ciel se dérégler, le sphinx ouvrir ses pattes
et me dévorer,
me déchiqueter,
me laisser ventre ouvert
aux rapaces, aux petites dents des rongeurs
aux petites mandibules des fourmis
aux mouches
aux bactéries,
une charogne puante, une vilaine chair sacrifiée au Dieu Soleil.

J'ai vu l'horloge du ciel se dérégler, le sphinx ouvrir sa gueule.
Mon petit œil rond qui tournait dans ce qui me restait de globe,
scrutait le ciel à la recherche d'un signe
à la recherche d'un mot, d'un sens, d'un pourquoi,
scrutait les allers et venues de celles et ceux qui me dévoraient
de celles et ceux qui m’éparpillaient,
me rendaient à la terre,
la terre sèche,
la terre glaise,
la terre grasse.
Chacune de mes cellules, de mes bouts de rien
repartaient dans le grand cycle. Ici dans l'estomac
d'un rat, ici au pied d'un magnolia.
Mes gênes qui n'étaient qu'en location,
retrouvaient leur propriétaire,
et tel Osiris démembré,
je m'envolais au quatre coin du monde.

J'ai vu l'horloge du ciel se dérégler, le sphinx me sourire.
J'ai voyagé, découvert des lieux merveilleux
rencontré des milliards de vie,
participé à toutes les bacchanales de l'existence,
à tous ces cycles complexes,
ces rites sauvages,
ces fantaisies lunaires.
J’ai vu les larmes du ciel qui tombaient par amour
pour nourrir le cœur immaculé de la terre ;
j’ai vu les lents engrenages de pierres qui façonnent
les montagnes et les plaines,
J'ai entendu la litanie des hommes,
la souffrance,
la joie,
partout le fatum dans son œuvre délicate,
dans son minutieux travail d'orfèvre,
j’ai vu l’artisan, partout, sur chaque lopin de terre,
dans le fond de l’oeil de chaque mammifère,
dans la plante qui se tourne vers Râ,
dans l’appareillage complexe des cieux horlogers,
dans la couleur qui joue à se prétendre parfum,
dans le parfum qui joue à se prétendre âme,
dans l’âme qui se prend pour une libellule,
flottant au dessus
d’une mer salée
sous le ciel de plomb
orageux
couroux
de Dieu
l’artisan
qui tisse
rêve.

J'ai vu l'horloge du ciel se dérégler, le sphinx me sourire,
J’ai vu la fin des temps, les cosmos,
les météores immobiles
le froid
des espaces infinis
ressenti la brûlure des astres,
goûté les voies lactées qui tissent
comme des toiles d’araignées
des seins de femmes
sur la toile de l’éternité
Et je me suis éteint
nova
puis boule noire et froide
mon oeil a scillé
une dernière fois
avant d’en finir avec le rêve.

vendredi 16 novembre 2012

Nuque

c'est une plage, un îlot,
une fleur pourrait s'y épanouir
mais la nature y préfère le zen
le désert d'un sable chaud,
la chaleur d'un baiser rond.

Du coin de l'épaule
on y devine un creux.
Du coin de l'oreille
on se met à rêver
d'un noeud, d'une bosse
qui comme un chameau
traversant la plaine
devient une peinture
à l'huile,
à l'eau
sur le grain d'une peau
qui invite à la parcourir
comme un voyage
en bateau.

On y dort paisiblement
comme dans le berceau
du début du monde.
On s'y prélasse,
on s'y promène pour
rêver,
flâner,
rire ou
pleurer.

On y voit parfois tomber
des météores de cheveux
ou des fleurs salées qui viennent
des yeux.
Ces yeux qui de loin,
très loin, au confin du monde
vous regardent avec le même
sourire
plaisir
amour
que deux soleils
qui scruteraient Machu Picchu.

lundi 8 octobre 2012

Magie noire

 




J’ai mangé des couillons d’oie, du ventre de lièvre. J’ai frotté de la civette sur mon gland, fait des décoctions de mille-pertuis. J’ai respiré la fumée de la dent d’un mort, ouvert le ventre béant et chaud d’une jument pour croquer dans l’hippomane, mâché de la cardamome à la lune montante.
Mais je suis toujours là, vieil anachorète au sang bouillant, puant le fauve et le sperme, les yeux brouillés sur l’objet de mon désir alpha.
Je me suis noyé dans les sortilèges, pourri mon âme en offrant mon sang à Vénus, rencontré Orphée aux confins du styx, j’ai eu le coeur dévoré mille fois par les Ménades. J’ai été maudit des Dieux lunaires, j’ai broyé ma langue à réciter des chants anciens.
Mais je suis toujours là, vieil anachorète au sang bouillant, puant le fauve et le sperme, le sexe dressé vers l’inaccessible.
Je l’avais rencontré un soir d’aurore, un matin embrumé par une pluie glacée, sur la rivière des rails où le tam-tam des trains entrait lentement en résonance avec ma poitrine. Elle pleurait des cheveux blonds, arpentait le sol triangle de ses yeux tristes en mangeant un beignet sucré qui avait la forme de mon foie.
Elle était douce, du miel d’Acadie, dès les premiers instants j’avais été l’insecte prisonnier d’une toile de jambes, roulé dans un collenchyme de râles et de soupirs, d’orgasmes mystiques qui me donnait l’impression de communier avec Dieu.
Mais elle était aussi de la nature de Satan, de cette chair de pierre qui vous glace et vous fascine, qui vous oblige à vous noyer dans la noèse, qui transfigure chaque instant d’éternité en infâme brûlot et blasphème.
Aussi, lentement, inexorablement, je me suis incarné dans son ombre, devenant la chair fantomatique de son logba, incapable de voir, d’entendre ou de goûter à d’autres plaisirs que ceux d’une fosse noire, de ce trou qui chaque jour grandissait en moi et me dévorait le coeur et les reins.
Et je suis devenu aussi noir que les ténèbres, abysse sans abscisse, ordonné prêtre fou, vieux sorcier, mystique, ascète d’un cul qui rayonnait dans la nuit noire de mon esprit dérangé.
J’ai commencé à manger de la tomentille, à saigner des taureaux blancs, à mélanger la mandragore et la jusquiame, à boire de l’eau de marais.
Et maintenant je suis là, vieil anachorète au sang bouillant, puant le fauve et le sperme, l’esprit fou et l’âme tourmenté, maudit parmi les maudits.

lundi 24 septembre 2012

Osez !

Sortie officielle demain d'un recueil de nouvelles érotiques aux éditions de la musardine..

Une de nos nouvelles est dans ce livre.. arriverez-vous à la retrouver ?




 
http://www.lamusardine.com/editions-la-musardine/Osez%20%2820%20histoires%20de...%29/la-musardine/collectif/12852-osez-20-histoires-de-sexe-sur-internet.html

jeudi 13 septembre 2012

me, moi, myself, ich






Soleil vert dans une nuit d’automne,
Je suis la roue qui grince, le ver de la pomme,
l’hominidé sauvage, le pierrot des caves.
Je suis le rire qui vient après les pleurs,
l’odeur de pluie au printemps,
la trace de l’avion dans les cieux.
Je suis le bouc, la chèvre, la corneille de carnaval,
le chien obéissant et la louve affamée.
Mes doutes sont des hiéroglyphes
pastels gravés dans le marbre
de mes certitudes impossibles.

Je suis la table à dessin où l’autre
vient tracer au couteau ses blessures.
J’écoute, je pleurs, je ris,
je vis pour cette petite pulsation
qui commencée dans le pantalon
vient secouer tout mon être
et me dresser face au Dieu sourd
pour être dévoré par la passion,
la langueur,
la douceur
de ces femmes,
heureuses ou malheureuses,
pour qui je veux être la nourriture.

mardi 11 septembre 2012

La logique du balancier...



Interview très intelligente de Marylin Manson sur la morale en balancier dont je parle régulièrement... Mais le plus intelligent est encore le mot de la fin dans cette interview...  Incroyablement fin...

Rien de neuf sous la fesse...

Taubira ouvre l'adoption et le mariage aux couples homosexuels (source : http://www.liberation.fr/societe/2012/09/11/taubira-ouvre-l-adoption-et-le-mariage-aux-couples-homosexuels_845413)

Najat Vallaud-Belkacem veut abolir la prostitution (source : http://www.leparisien.fr/laparisienne/societe/najat-vallaud-belkacem-veut-abolir-la-prostitution-25-06-2012-2064731.php)



Quoi de neuf ? Pas grand chose finalement... Je mets volontairement ces deux sujets en rapport car ne nous y trompons pas, il s'agit bien de choix moraux... Qu'importe d'ailleurs que nous soyons pour ou contre, le propos n'est pas là. Vouloir encadrer, faire des catégories, c'est aller dans le sens de la morale, et donc s'éloigner un peu plus de l'éthique où il appartient à chaque homme d'être l'artisan de son propre bonheur.
Ces questions par ailleurs sont des duperies.. la prostitution est d'abord un fait social, peut-on interdire la misère ? Quant au mariage des homosexuels est un fantasme. Le projet de loi vise à ne pas autoriser la procréation médicalement assistée, ce qui démontre que c'est avant tout un symbole que l'on cherche plus qu'une autorisation. Il faut toujours aller chercher du côté de la limite pour comprendre...
Les origines ontologiques de la prostitution comme du mariage sont à chercher toutes les deux du côté du rapport particulier qui existe entre l'argent et le sexe. Et ces deux grandes figures de style qui ne s'opposent que dans la forme ont pourtant une source commune assez simple à comprendre.
Historiquement, le mariage est un moyen de conserver le patrimoine. L'église ne s'y est pas trompé en interdisant le mariage à ses prêtres au XII eme siècle.
Quant à la prostitution, son origine est encore plus amusante, car dans tous le bassin méditerranéen pendant l'antiquité, les prostituées étaient sacrées, affiliées aux temples et considérées comme les épouses des dieux. D'autres, de plus basse extraction, servaient de revenus aux temples et à l'état. Les esclaves qui étaient considérés comme des propriétés, des objets, servaient également à la distraction sexuelle.
De ces deux figures, on voit le lien évident à l'argent, la propriété ou le patrimoine. Et donc le rapport que notre société entretien avec le désir de puissance et de contrôle.
Et comme dans toute belle névrose, les fantasmes se promènent le long du balancier, un coup à gauche, un coup à droite, incapable d'atteindre la sérénité de l'homme qui jouit tranquillement. Les obsessions, les fantasmes et tout le cortège absurde des désirs qui cherchent à fuir l'angoisse tant bien que mal.... En tout cas, tout cela ne changera rien pour les intéressés. Quant le désir est impérieux, la loi se contourne. Les homosexuels n'ont pas attendu une loi pour s'occuper d'enfants, et les prostitués continueront d'être dans clandestinité.