vendredi 2 septembre 2011
Melancholia
Petite parenthèse dans nos réflexions sur le libertinage pour parler du film Melancholia que nous avons vu hier soir. Nous ne nous attendions pas du tout à cela, les critiques comme toujours ayant omis de nous signaler le sens profond du film.
C'est un film bouleversant construit en trois parties, une introduction sous forme de fantasme, une première partie qui fait penser à Festen dans la forme et qui décrit assez fidèlement une mariée en plein trouble psychologique et une troisième partie bouleversante sur une tentative de réconciliation impossible entre deux pôles.
Ce film magnifique est une allégorie du trouble bipolaire. Il est rempli de signes qui indiquent qu'il ne s'agit nullement de la vie d'une petite famille vivant ses derniers jours avant l'apocalypse mais bien d'un discours intérieur. Deux planètes qui jouent à la danse de la mort jusqu'à se percuter, deux soeurs, l'une solaire, l'autre lunaire. Rien n'est réel dans le film, comme ce trou 19 sur un parcours de Golf, la neige qui tombe au printemps ou ce cheval battu qui renvoie à la crise de mélancolie de Nietzsche et qui refuse de traverser le pont, la force de la nature refusant de faire le pont entre les deux mondes.
On ne peut que rater le sens du film si l'on a pas la bipolarité en tête; comment comprendre sinon cette mariée qui s'offre à un inconnu ou prend un bain le jour de son mariage. Même la mère castratrice et le père fuyant y sont représentés comme la musique de Tristan et Isolde en boucle, qui nous renvoie à la chronique d'un amour impossible.
Mais le film ne peut se laisser uniquement enfermer dans une simple allégorie. La beauté formelle dont il fait preuve, l'émotion à fleur de peau qu'il arrive à décrire, la justesse des sentiments, les images incroyables sur fond musical Wagnérien qui viennent nous troubler jusqu'au tréfond de notre âme suffisent déjà nous laisser cette impression de vivre une expérience extatique.
Quel plaisir de vivre autant d'émotions...
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