mercredi 28 septembre 2011

Déesse K. et Si chaud lina...

Il y a quelques temps, le libertinage est revenu sur le devant la scène avec l’affaire DSK. On a pu ainsi lire certains articles ou entendre certaines personnalités faire des amalgames intéressants. Notamment en dressant un portrait de dragueur et de libertin de l’ancien patron du FMI, deux notions dont nous avons déjà discuté ici et qui ne vont pas forcément de pair. De même, si de nombreuses personnalités ou journaux ont essayé de dire, grand dieu, qu’il y avait une différence entre être un séducteur et un violeur, nous entendions aussi que compte tenu de sa personnalité, c’était à prévoir, qu’il avait déjà franchi certaines limites, etc.

Ainsi, dans l’affaire DSK, il y avait clairement un double discours. D’un côté des cris d’orfraie sur le scandale politique, le puissant menotté, le libertin libertaire enfermé, et de l’autre un parfum qui se distillait dans l’air sur les liens évidents entre le libertinage et les agressions soupçonnées de l’homme politique.

Dans le même esprit, si l’on revient un peu en arrière, il faut se souvenir de l’affaire Piroska Nagy. Le FMI s’était fendu d’un règlement interne indiquant que le harcèlement était un motif de licenciement. Mais de quel harcèlement s'agissait-il puisque les journaux de l’époque évoquaient une histoire d’adultère. Encore une autre forme de double discours.

Savoir ce qu’il a pu se passer réellement ne nous intéresse pas, mais si l’on s’en tient à tous les discours que nous avons pu entendre, on peut s’empêcher de faire le parallèle avec le déni et la forclusion. Faisons un petit rappel sur ces notions.

Quand une pulsion est refusée par le sujet, il y a source d’angoisse et l’un des moyens de défense du sujet consiste à faire un clivage. Le clivage est un mécanisme qui permet notamment au sujet de se scinder en deux pour faire face à une réalité angoissante. Et le sujet peut donc avoir deux réactions simultanées et opposées, l’une positive et l’autre négative, un peu comme un discours qui dirait “oui, mais...”



C’est exactement ce que nous retrouvons dans les discours ambiants qui se propagés autour de cette affaire, nous donnant une photographie de notre société face à la sexualité et notamment la sexualité libre.

Il suffit par ailleurs d'étendre l'épaisseur du trait et se souvenir que malgré les publicités érotisantes ou l'impératif de jouissance que propose notre société de consommation, la morale reprend le pas et cherche à juguler certaines pulsions. Souvenons nous des débats absurdes du voile contre le string, autre opposition dont le sens commun comprend très bien qu'il s'agit moins là d'une histoire de tissu que d'une angoisse face au désir, avec la confusion entre la pulsion et l'objet.

Notre société joue avec le désir comme un pendule, d'un côté, la jouissance absolue, de l'autre, la règle morale, pour une apothéose finale qui pourrait prendre le titre d'un texte de Alain Soral : Misère du désir. Car ce qui se trame ici n'est autre que l'angoisse et ses mécanismes de défense.

A cette figure de DSK, l'homme politique prit dans la tourmente du sexe, j'avais envie d'opposer en miroir une autre figure qui a défrayé la chronique dans les années 90, la Ciccolina.

Femme un peu fleur bleue, enfantine avec son jouet-fétiche, le ciccolino, elle ouvre une transparence quasi opposée, comme un miroir à notre autre figure. Il suffit d’ailleurs d’aller jeter un oeil sur son site officiel pour voir pèle mêle des photos de charme, de son enfant, de ses proches; la pudeur morale qui forge les relations contemporaines habituelles a totalement disparue. Ici, c'est tout le contraire de la forclusion qui se joue, mais au contraire une transparence absolue, comme une lumière aveuglante tellement les ombres faites par les frontières morales sont totalement absentes.

Militante acharnée contre toute forme de censure, se prononçant pour l’éducation sexuelle, la dépénalisation des drogues, la liberté sexuelle totale, y compris dans les prisons, elle avait même en boutade (mais était-ce une plaisanterie ?) annoncé officiellement qu'elle était prête à faire l’amour avec Sadam Hussein pour la paix dans le proche orient

Face au chantre du libéralisme de Déesse K., son logba, son double féminin, la si chaud lina en impose finalement bien plus. Mais une lumière sans ombre n'est pas faite pour durer et notre société continuera plutôt de jouer avec le désir comme avec un pendule.

1 commentaire:

  1. "C'est dans les siècles dépravés qu'on aime les leçons de la morale la plus parfaite. Cela dispense de les pratiquer." JJ ROUSSEAU

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