mercredi 21 septembre 2011

Il était une fois dans le libertinage...

« Couple très uni, libertin, marié, coquin, cherche couple même profil pour soirées débridées » Voilà une annonce qui peut sembler assez classique lorsqu'on se promène sur un site « libertin ». Pourtant, après quelques réflexions, on commence à se dire qu'il y a « quelque chose de pourrie au royaume du danemark »... N'y-a-t-il pas un paradoxe à parler de libertinage et de couple uni ou marié ?
Le libertinage était jusqu'à présent considéré comme une certaine liberté des mœurs et des dogmes, allant parfois jusqu'à être considéré comme une forme de dépravation et une quête égoïste du plaisir.
Mais voilà, le monde d'hier n'est plus celui d'aujourd'hui.
Aussi voyez vous sur les annonces de nombreux interdits qui fonctionnent comme des mantras: interdit aux hommes seuls, interdit aux poils, etc. qui s'ajoutent à un catalogue de pratiques ou d'objets fétiches : mélangistes, talons haut et lingerie, champagne, etc.
Tout ceci nous fait immédiatement penser que nous quittons en réalité le registre libertin pour celui du plus-de-jouir, celui du consumérisme.





Expliquons quelques instants ce qu'est ce plus-de-jouir pour comprendre le consumérisme sexuel.

Lacan avait réinterprété Marx en comprenant que la plus-value, soit le travail pour lequel le salarié n'est pas payé, cette marchandise qui permet d'enrichir le capital est en réalité un plus-de-jouir.

La plus-value n'est rien d'autre que du travail non payé. Le capitaliste achète le travail ou le savoir de celui auquel il verse un salaire. Mais ce salaire ne paie que ce qui va permettre au salarié de reproduire sa force de travail : en clair le capitaliste donne à celui qu'il emploie les moyens de subsister, mais il lui demande de travailler au-delà de la limite que constituerait la simple reproduction de ses moyens de subsistance. Il utilise cette force de travail pour produire une certaine quantité de marchandise qui, elle, ne sera pas payée. C'est cet écart que Marx appelle la plus-value et auquel Lacan donne le nom de "plus-de-jouir". C'est l'objet auquel renonce le sujet et qui le frustre mais qu'il retrouve par ce que le marché lui propose d'acheter et vient combler partiellement sa jouissance perdue.
C'est donc la circulation de ce plus-de-jouir ou de cette complétude impossible que recherche en permanence le sujet et qui nous fait fantasmer sur l'iphone 3, puis 4, puis 5 etc.. ou, du côté des pulsions sexuelles sur une femme plus grande, plus blonde, un sexe plus gros, plus petit, etc.

Nous jouissons des objets consommations qui sont des retours d'une jouissance perdue comme nous jouissons ici des corps étrangers qui viennent répondre à ce que nous avons perdu dans le mariage ou le « couple uni », un doux euphémisme, car il serait plus logique de parler de couple libre.

N'en déplaisent à certains, les vrais libertins sont en réalité ces hommes seuls ou ces femmes seules qui peuplent comme des fantômes les sites de rencontres sans comprendre pourquoi ils ne peuvent eux, accéder à un plaisir / désir direct, sans autre but que l'objet pour lequel ils se présentent. Certes, il faudrait différencier un peu les hommes seuls des femmes seules car l'objet et la cause de leurs désirs diffèrent un peu, mais baste, ils sont les libertins. Et nous, couples unis, sommes plus échangistes que libertins pour la plupart.

Question de sémantique allez vous dire. Effectivement, il est possible de le voir ainsi également, après tout, si la définition du libertinage est d'être en dehors de la norme sociale et dans une quête d'un plaisir égoiste, soit. Mais prenons le temps de nous regarder dans le miroir et de nous voir au fond de nous. Quelle est réellement notre part de frustration ? Quelle est réellement la jouissance d'un couple échangiste ?

Posons nous la question... simplement, pour ne pas être dans cette norme justement et vivre comme des sujets libres et désirants.

7 commentaires:

  1. Justement,quelle est votre part de jouissance dans le fait d'être échangiste? Et votre frustration?
    Et qu'est-ce qu'un couple libre? Un couple sexuellement libre trouvant avec d'autres ce qui n'existe plus chez soi? Un couple libre d'éprouver des sentiments amoureux pour autrui? Couple libre est en soi antinomique.

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    1. En réalité, ces questions peuvent être les mêmes pour un couple non libertin.
      Et l'adultère est souvent la réponse commune. Ou la frustration.
      Mais pas seulement. Il y a tellement de chemins possibles.
      En tout cas, nous ne ressentons pas d'antinomie entre la liberté et le couple car c'est une antinomie qui présuppose un sentiment de possession ou d'appartenance. On peut s'enrichir de différentes façons.

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  2. Vous n'avez pas répondu à mes questions.Ou se trouve votre frustration? 2tant donné que vous n'êtes jamais "rassasié" et que vous multipliez les rencontres.
    Eu...le rapport avec l'adultère?

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    1. Entre les deux moments où vous faites l'amour avec votre compagne ou compagnon, vous appelez cela de la frustration ? C'est la même chose pour nous.

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  3. Je n'ai pas compris.Vous pouvez préciser?

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    1. Tout simplement, nous n'avons pas de frustration sexuelle. Nous vivons notre sexualité avec légèreté. Pour nous, la sexualité est assez simple à vivre et à partager.

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  4. Et bien, pourquoi parler alors de frustration dans votre article? Bon, et bien tout va bien alors!

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