« Les représentations et les conditionnements sociaux ont une place prépondérante dans le fonctionnement des individus. La plupart répondent à ce que les sociologues appellent l'influence sociale normative. Les normes sociales, qui sont souvent implicites, vont déterminer ce qui est un comportement normal, attendu. Ne pas se conformer à ces normes a un coût social qui peut être très élevé, renvoyant celui qui ne les respecte pas au rang de marginal, de délinquant ou de malade mental ». Gérard Ribes, « Sexualité et vieillissement » Chronique sociale.
Il n'y a pas de revendication chez les libertins ou les échangistes. Contrairement à d'autres doxa ou d'autres pratiques qui se sont formés dans le temps de l'histoire, d'autres utopies qui ont demandé à avoir une visibilité sociale, l'histoire du libertinage est une histoire complexe qui pour chaque époque est comme un courant souterrain qui reste caché et peu visible sauf en cas de scandale ou brûlot destiné à bousculer les mœurs d'une société devenue trop rigide et liberticide.
Si les libertins ont pâti d'une image de perversion au même titre que les homosexuels, les bisexuels, ils n'ont pas cherché à exister comme groupe social en tant que tel. Même le livre utopique de Fourier, le nouveau monde amoureux, reste un ovni dans l'histoire. Le libertinage est une affaire d'individu ; On voit mal d'ailleurs ce qui pourrait faire cause commune dans la pensée d'un HG Wells, un Philippe d'Orléans, un Diderot ou un Michel Onfray.
Reste que le libertinage subit souvent l’opprobre sociale car le nœud d'une civilisation tient essentiellement au verrouillage des mœurs, à la constitution de règles pas toujours explicites mais qui font le ciment du contrat social. Ainsi, la jalousie et la propriété privée sont dans nos sociétés occidentales le primat du modèle libéral. L'échange des patronymes dans le mariage est un bon exemple de ce qui permet l'institution de l'héritage et la transmission du patrimoine. L'autre exemple est celui de l'interdiction du mariage des prêtres au second concile de Latran en 1162 qui a permis à l'église de s'enrichir.
Mais comme à toute chose sa part d'ombre et de lumière, ce qui est verrouillé ouvre à la marge d'autres réalités car l'homme ne saurait jamais se réduire à une liste de règles. Ainsi, le mariage a son pendant, l'adultère, les prêtres ont eu les goliards, et si l'on veut comprendre le libertinage ou l'échangisme contemporain, il faut retracer sa lumière qui forme cette ombre au tableau des civilisations occidentales.
Le libertin est celui qui jouit sans entrave, sans attachement. Il consomme des corps comme on consomme des cerises, chacune ayant une saveur sucrée qui se répète inlassablement. C'est Don Juan qui s'épanouit dans le quantitatif d'une société qui rêve d'un idéal de richesse accumulée. Sa représentation imaginaire est donc souvent masculine et socialement valorisée. On comprend tout de suite que la femme qui doit se présenter comme objet à son maître consommateur est dévalorisée si elle joue ce jeu. Même si les mentalités commencent à bouger un peu, la femme libertine est souvent l'objet d'opprobre alors qu'il faut bien, dans une théorie des jeux équilibrés, que la part des uns s'harmonise avec la part des autres.
Le libertin contemporain est donc tout à fait à son aise dans une culture qui prône l’immédiateté des désirs. C’est le conquérant, le chef, l’homme qui réussit. Pour la femme, l’apparition des “cougars” permet à la femme libertine de sortir un peu de l’imagerie négative et morale qu’elle subissait.
Mais qu’il s’agisse d’un femme ou d’un homme, il ne faut pas croire que les libertins contemporains sont exactement les mêmes que les libertins du XVIIIeme siècle. Ils peuvent aussi être dans des situations d’amour impossible où il compensent avec pragmatisme l’impossibilité de réaliser le couple qu’ils souhaitent. En ceci, ils se distinguent des dragueurs et de la compulsion. Les libertins aiment choisir, séduire, être séduits. Ils ont atteint la maturité de leurs désirs et se connaissent comme sujet. Difficile alors pour une femme ou un homme de résister à un libertin ou une libertine, car ces derniers apprécient autant leur liberté que celle des autres.
Le couple libertin, qui est un non sens logique, car ils sont après tout attachés l'un à l'autre, est une apparition plus récente dans l'histoire. Probablement dû à la longueur de la vie maritale qui a explosé proportionnellement à l'allongement de la durée de vie des individus. Couples recomposés, couples adultérins ou couples légitimes, ils sont dans une recherche d'altérité. Avec un raccourci on peut dire qu’ils ont accepté de partager leurs envies d'adultères pour les vivre à deux plutôt que seuls. Nul partouze ou autre délire pornographique, le plaisir est centré avant tout sur l'altérité, la découverte d'un autre corps, l'acceptation que son ou sa partenaire puisse avoir un plaisir étranger. De nombreux couples racontent que le plus grand plaisir est de se retrouver à deux après une soirée, le bonheur est dans une forme de tourisme sexuel. Un petit détour chez les autres et on revient en se disant que c’est pas si mal chez soi. Le couple libertin cherche un épanouissement impossible, mais il le sait, il n’en est pas dupe. Il s’ouvre aux autres pour le plaisir de retrouver notamment le lien social et digestif qui se délie lentement dans notre société. Le couple libertin aime la sensualité, les caresses, ils sont très rarement dans la réalisation d’un fantasme, l’orgasme est même secondaire pour certains. Certains aiment les relations suivies, les amitiés qui se prolongent par delà les moments charnels. La plupart d’ailleurs ne vont jamais dans des clubs et n’acceptent que des rencontres privées.
Bien sûr, il existe aussi des pornocrates, des baiseurs compulsifs, des adorateurs de pratiques particulières, mais ils ne représentent pas le gros des troupes. Si la planète des libertins n’est pas une planète de clones, il y a tout de même des ressemblances. Ils accordent tous une part importante à la liberté des désirs d’autrui avant de penser à vivre des fantasmes ou des fantaisies. Entre le don et la dette, la majorité sont plus sensible au don, qu’importe ce qu’ils reçoivent pourvu qu’ils donnent. C’est en partie pour cela que les femmes sont souvent replacées au centre et maîtrisent plus la direction des ébats ou même des débats. La bisuexualité féminine qui semble anormalement présente chez les couples échangistes est souvent moins le signe d’une bisexualité réelle qu’un indice pour parler de douceur, de prévenance et d’attention à l’autre. La rudesse du coît est reléguée au second plan, au point que sont apparus des couples dit mélangistes, bizarrerie contemporaine mais qui prend tout son sens quand on comprend que si la sexualité est la primauté de la rencontre, elle n’en est pas le primat. L’échange, le partage, le lien retrouvé entre adultes tissant un noeud affectif, intellectuel et corporel sont l’essentiel.
Mais cette liberté d’un désir flottant est souvent source de moquerie, d’incompréhension. Du libertinage à la zoophilie, à la pornographie violente, à toute une batterie de fantasmes qui ne font que renvoyer à la violence inconsciente de certains, le libertinage est encore considéré comme un marqueur social de déviance. D’où le silence de nombreux libertins et surtout l’absence de réflexion sur une singularité sociale qui est pourtant un marqueur pour comprendre l’état des moeurs d’une période. Comme tout ce qui concerne la sexualité épanouie, le seul contrat qui tient est celui qu’acceptent les contractants. Il n’y a donc pas de modèle qui soit en soi valable. A chacun de trouver son équilibre, son harmonie. Tous les libertins ou les échangistes ne sont certainement pas de petits saints, mais tous les non libertins également. C’est dans l’intentionnalité du désir que se nouent les enjeux d’une bienveillance.. ou pas.
mercredi 25 janvier 2012
lundi 23 janvier 2012
le plaisir est dans le baiser...
Source : http://www.rue89.com/rue69/2012/01/23/chez-les-romains-le-comble-du-plaisir-est-dans-le-baiser-pas-dans-le-penis-228572
Début janvier, des pièces de monnaie pornographiques ont été retrouvées près de la Tamise, à Londres. On y voit distinctement un couple en train de faire l'amour. A priori et selon le Guardian, ces pièces servaient de monnaie d'échange aux Romains, dans les lupanars, maisons closes de l'époque.
C'était bien l'occasion d'interviewer Thierry Eloi, maître de conférence dont les recherches passionnantes portent, comme l'indique le titre de son livre, sur l'érotisme masculin dans la Rome antique.
Hormis ces pièces, existait-il une pornographie romaine ? Je pense notamment aux mosaïques de Pompéi, dont on dit qu'elles servaient à exciter les clients et à annoncer les spécialités des prostituées...
Ces types de piécettes et de tableaux érotiques sont destinés à être représentés dans les lupanars, parce que ce sont les lieux de déversement du plaisir.
La vie des Romains est très compartimentée. Qu'il existe de la pornographie à Rome oui, mais destinée à qui et quand ? On ne peut pas imaginer un homme romain parler de guerre et, d'un seul coup, se mettre à parler de sexe. Les espaces sont bien déterminés.
Un Romain partage ses journées en deux : le matin, il consacre son temps à sa vie de citoyen soldat ; ensuite, vers midi, il passe aux thermes. Ils sont nécessaires, comme un sas de transition entre le sérieux du matin et l'espace restreint qui est celui du banquet de l'après-midi.
Dans votre livre, vous insistez sur notre vision faussée du sexe dans la Rome antique...
Oui, on a par exemple souvent dit que les Romains pratiquaient déjà l'homosexualité dans l'Antiquité. Il y a eu une quête d'un modèle prestigieux, pour mieux lutter contre les discriminations actuelles.
Seulement, je mets au défi quiconque de me traduire en grec ou en latin le mot homosexuel, et même le mot hétérosexuel, et même le mot sexuel tout court. S'il n'y a pas ces mots, c'est qu'il n y a pas de pratiques sexuelles équivalentes.
Ce qu'on appelle la sexualité aujourd'hui est un concept issu de la psychanalyse. C'est une construction globale intérieure, qui englobe le rapport aux parents, à son milieu social, au premier rapport. C'est un anachronisme de vouloir exporter ce modèle issu de la bourgeoisie capitaliste dans la Rome antique.
Cela ne veut pas dire que les Romains et les Grecs ne connaissent pas la volupté, mais elle est complètement différente de ce que nous appelons la sexualité.
Il y a aussi tous ces mythes qui circulent autour de la pédérastie...
Ah, le fameux sujet de la pédérastie. Il faut d'abord redire ce que c'est. Dans le monde grec, les individus ont besoin d'un passage du monde enfant. C'est un moment d'initiation.
Mais comme dans toutes les cultures d'ailleurs, aujourd'hui, ce serait juste plutôt le permis de conduire, la première relation sexuelle ou ce genre d'événements.
Chez les Grecs, les choses se passent de la manière suivante : un adulte libre de 25 ans – ce qui exclut les esclaves et les femmes – enlève publiquement le fils de son voisin âgé de 16 ans. Ce n'est pas un moment triste, il y a d'ailleurs une fête avec des guirlandes, des costumes particuliers, etc.
Ce serait une insulte publique que le jeune ne soit pas l'objet du désir d'un autre. et le père du jeune incite même à cet enlèvement en disant :
Mais alors seulement, le couple revient à la ville. Le sens de ce voyage, c'est d'arracher publiquement le fils à son cercle familial. Ce rituel d'intégration sert dans la construction culturelle des Grecs à faire éprouver le féminin et le campagnard au jeune avant qu'il n'y renonce à jamais, puisqu'il sera ensuite un jeune masculin dans une société civique.
Mais il n y a aucun désir dans cette affaire, cette construction est une obligation et elle est sociale.
Et à Rome ?
La pédérastie est grecque. Les Romains n'ont jamais voulu transposer à Rome ce modèle. Les Romains l'admettent, ils appellent ça l'amour à la grecque mais pour eux, c'est un exotisme.
A Rome, c'est le père qui initie son fils à l'âge adulte, mais l'inceste est un interdit total. Il n y a donc pas de sexe dans ce rapport.
Comment les Romains conçoivent-ils le plaisir ?
D'abord, il faut préciser qu'un individu libre (femme ou homme) ne peut pas avoir de rapport de volupté, c'est un corps qui n'est pas pénétrable, c'est un corps fermé. C'est un corps interdit au désir.
Cela ne veut pas dire que les Romains ne connaissent pas la volupté, mais elle est complètement différente de ce que nous appelons la sexualité.
Le plaisir, ce n'est pas non plus à travers le pénis ou l'anus que l'homme va le trouver, parce que c'est un contact avec l'intérieur du corps. Or l'intérieur du corps, c'est des glaires, c'est visqueux. Ce ne sont que des « humeurs ». On est plus en contact avec ce qui fait la beauté décente du corps : la peau.
Car le plaisir des Romains se trouve dans le baiser sur la peau. Encore mieux que ça, le baiser autour de la bouche. C'est l'échange de souffle qui est recherché. Les Romains n'estiment pas que le comble du plaisir, c'est l'éjaculation. Le comble du délice, à Rome, et pour un Romain, c'est le baiser.
Le souffle, c'est l'éternité de la chaleur, la douceur, la chasteté et de la bonne haleine. Ce n'est pas une jouissance spermatique, c'est la jouissance pneumatique.
Avec qui alors, ces baisers ?
Toujours avec des hommes et des esclaves, puisque les hommes libres sont interdits d'être désirés ! Tout se déroule pendant les banquets de l'après-midi. Là, on amollit le corps rigide du sérieux du matin.
Et pendant le banquet, on ne mange pas parce qu'on a faim. On mange pour être ensemble. L'esclave arrive, il distribue la nourriture, vient ensuite la volupté mais, il n y a aucune pénétration. Le plaisir est d'abord dans les regards. Ensuite, le citoyen choisit un esclave et c'est à ce moment que commencent les baisers.
Mais que se passe-t-il alors dans le lit conjugal ?
Les gynécologues intitulent ce rapport « le déversement spermatique ». En gros, il pleut ! La femme s'allonge et elle attend que ça se passe. L'homme s'allonge sur elle, il déverse son sperme et il fait des enfants.
Mais ce n'est pas une pratique de plaisir, c'est une pratique civique : il s'agit de faire des citoyens. On sait très bien d'ailleurs que ça ennuie : on éteint la lumière, on ferme les rideaux, ça dure très peu de temps et tout le monde dit que c'est une corvée, que ça donne mal au dos, que ça donne des boutons.
Qu'est-ce qui n'est pas valorisé à Rome ?
« Coucher » ! L'homme libre c'est un citoyen qui fait de la politique et un soldat qui fait la guerre, et c'est tout. Dans nos sociétés, un homme qui couche beaucoup, on dit que c'est un tombeur.
A Rome, une des particularités de la vie c'est qu'on va dénoncer son adversaire politique en disant : « Il couche. » On dit par exemple de César sur le forum quand on veut l'attaquer qu'il est « le mari de toutes les femmes » et donc « la femme de tous les maris ». Dévaloriser le corps, c'est prouver que le citoyen n'est pas capable d'être un homme politique de qualité, d'être un citoyen soldat.
Il y a des insultes ?
Oui, une insulte permanente, c'est de dire « Ce type a une grosse bite » ou « Toi, c'est bien connu : tu reçois des mecs qui ont des grosses bites. » A Rome, l'énormité du pénis, c'est terrible, c'est une dévalorisation, parce que c'est un corps disproportionné. On remarque d'ailleurs que sur les statues romaines, il n'y a toujours que de tous petits zizis.
Ensuite, la plus grave des insultes, ce n'est pas de dire de quelqu'un qui est sodomisé – même si ça peut être une insulte –, le pire, c'est de dire « Il aime sucer ». Il faut revenir pour comprendre à l'origine du mot fellation. Il vient de « fello, fellare » qui signifie « téter ».
Lorsque la nourrice voit le bébé dont elle a la charge pleurer, elle le met au sein, il « fellat ». Mais elle le fait pour l'empêcher de parler, de pleurer. Or, si quelqu'un fait une fellation, de la même manière, il ne peut plus parler et un Romain, c'est un citoyen qui parle.
Et les femmes dans tout ça ?
Une femme « libre » n'a pas de plaisir. Elle est éduquée à ne pas en avoir. La nourrice doit apprendre à la petite fille à ignorer le plaisir de son corps. Une femme romaine est destinée à reproduire. D'ailleurs un des synonymes de femme libre à Rome, c'est « le ventre ». C'est bien pour ça qu'il ne faudrait pas revenir à la Rome antique.
A tel point que si un homme libre prend trop de plaisir avec son épouse, la femme va se plaindre à son beau-père de cette situation et le père vient engueuler le mari.
Il y a des procès très connus d'hommes qui sont traînés au tribunal parce qu'ils sont « uxoriosis » : ils aiment trop le corps de leurs femmes. Les gens disent : « Mais si vous avez envie de vous vider les couilles, allez donc au lupanar ! »
Ce n'est pas infamant d'aller au lupanar ?
Non ! Le lupanar sert à réguler le déversement du sperme et des humeurs. Il y a une anecdote très connue. Caton l'ancien, un citoyen romain très austère, voit un jour un jeune homme hésiter à rentrer dans un lupanar. Il y en a partout à Rome. Il dit au jeune :
En fait, on est hyper loin de tout ce qu'on a pu voir au cinéma...
C'est justement l'intérêt de voir ces films comme « Gladiator » ou ce genre de péplums. C'est d'en apprendre plus sur notre culture contemporaine ! Mais c'est très bien. Si on veut faire de l'Histoire romaine, on fait des livres d'histoire.
Début janvier, des pièces de monnaie pornographiques ont été retrouvées près de la Tamise, à Londres. On y voit distinctement un couple en train de faire l'amour. A priori et selon le Guardian, ces pièces servaient de monnaie d'échange aux Romains, dans les lupanars, maisons closes de l'époque.
C'était bien l'occasion d'interviewer Thierry Eloi, maître de conférence dont les recherches passionnantes portent, comme l'indique le titre de son livre, sur l'érotisme masculin dans la Rome antique.
Hormis ces pièces, existait-il une pornographie romaine ? Je pense notamment aux mosaïques de Pompéi, dont on dit qu'elles servaient à exciter les clients et à annoncer les spécialités des prostituées...
Ces types de piécettes et de tableaux érotiques sont destinés à être représentés dans les lupanars, parce que ce sont les lieux de déversement du plaisir.
La vie des Romains est très compartimentée. Qu'il existe de la pornographie à Rome oui, mais destinée à qui et quand ? On ne peut pas imaginer un homme romain parler de guerre et, d'un seul coup, se mettre à parler de sexe. Les espaces sont bien déterminés.
Un Romain partage ses journées en deux : le matin, il consacre son temps à sa vie de citoyen soldat ; ensuite, vers midi, il passe aux thermes. Ils sont nécessaires, comme un sas de transition entre le sérieux du matin et l'espace restreint qui est celui du banquet de l'après-midi.
Dans votre livre, vous insistez sur notre vision faussée du sexe dans la Rome antique...
Oui, on a par exemple souvent dit que les Romains pratiquaient déjà l'homosexualité dans l'Antiquité. Il y a eu une quête d'un modèle prestigieux, pour mieux lutter contre les discriminations actuelles.
Seulement, je mets au défi quiconque de me traduire en grec ou en latin le mot homosexuel, et même le mot hétérosexuel, et même le mot sexuel tout court. S'il n'y a pas ces mots, c'est qu'il n y a pas de pratiques sexuelles équivalentes.
Ce qu'on appelle la sexualité aujourd'hui est un concept issu de la psychanalyse. C'est une construction globale intérieure, qui englobe le rapport aux parents, à son milieu social, au premier rapport. C'est un anachronisme de vouloir exporter ce modèle issu de la bourgeoisie capitaliste dans la Rome antique.
Cela ne veut pas dire que les Romains et les Grecs ne connaissent pas la volupté, mais elle est complètement différente de ce que nous appelons la sexualité.
Il y a aussi tous ces mythes qui circulent autour de la pédérastie...
Ah, le fameux sujet de la pédérastie. Il faut d'abord redire ce que c'est. Dans le monde grec, les individus ont besoin d'un passage du monde enfant. C'est un moment d'initiation.
Mais comme dans toutes les cultures d'ailleurs, aujourd'hui, ce serait juste plutôt le permis de conduire, la première relation sexuelle ou ce genre d'événements.
Chez les Grecs, les choses se passent de la manière suivante : un adulte libre de 25 ans – ce qui exclut les esclaves et les femmes – enlève publiquement le fils de son voisin âgé de 16 ans. Ce n'est pas un moment triste, il y a d'ailleurs une fête avec des guirlandes, des costumes particuliers, etc.
Ce serait une insulte publique que le jeune ne soit pas l'objet du désir d'un autre. et le père du jeune incite même à cet enlèvement en disant :
« Hé, dépêche-toi d'enlever mon fils ! Il est pas beau, mon fils ? »Ensuite, le jeune homme et son « kidnappeur » vont dans la brousse, un peu comme dans certaines tribus et il y a ensuite un rite de pénétration : le plus vieux sodomise le plus jeune.
Mais alors seulement, le couple revient à la ville. Le sens de ce voyage, c'est d'arracher publiquement le fils à son cercle familial. Ce rituel d'intégration sert dans la construction culturelle des Grecs à faire éprouver le féminin et le campagnard au jeune avant qu'il n'y renonce à jamais, puisqu'il sera ensuite un jeune masculin dans une société civique.
Mais il n y a aucun désir dans cette affaire, cette construction est une obligation et elle est sociale.
Et à Rome ?
La pédérastie est grecque. Les Romains n'ont jamais voulu transposer à Rome ce modèle. Les Romains l'admettent, ils appellent ça l'amour à la grecque mais pour eux, c'est un exotisme.
A Rome, c'est le père qui initie son fils à l'âge adulte, mais l'inceste est un interdit total. Il n y a donc pas de sexe dans ce rapport.
Comment les Romains conçoivent-ils le plaisir ?
D'abord, il faut préciser qu'un individu libre (femme ou homme) ne peut pas avoir de rapport de volupté, c'est un corps qui n'est pas pénétrable, c'est un corps fermé. C'est un corps interdit au désir.
Cela ne veut pas dire que les Romains ne connaissent pas la volupté, mais elle est complètement différente de ce que nous appelons la sexualité.
Le plaisir, ce n'est pas non plus à travers le pénis ou l'anus que l'homme va le trouver, parce que c'est un contact avec l'intérieur du corps. Or l'intérieur du corps, c'est des glaires, c'est visqueux. Ce ne sont que des « humeurs ». On est plus en contact avec ce qui fait la beauté décente du corps : la peau.
Car le plaisir des Romains se trouve dans le baiser sur la peau. Encore mieux que ça, le baiser autour de la bouche. C'est l'échange de souffle qui est recherché. Les Romains n'estiment pas que le comble du plaisir, c'est l'éjaculation. Le comble du délice, à Rome, et pour un Romain, c'est le baiser.
Le souffle, c'est l'éternité de la chaleur, la douceur, la chasteté et de la bonne haleine. Ce n'est pas une jouissance spermatique, c'est la jouissance pneumatique.
Avec qui alors, ces baisers ?
Toujours avec des hommes et des esclaves, puisque les hommes libres sont interdits d'être désirés ! Tout se déroule pendant les banquets de l'après-midi. Là, on amollit le corps rigide du sérieux du matin.
Et pendant le banquet, on ne mange pas parce qu'on a faim. On mange pour être ensemble. L'esclave arrive, il distribue la nourriture, vient ensuite la volupté mais, il n y a aucune pénétration. Le plaisir est d'abord dans les regards. Ensuite, le citoyen choisit un esclave et c'est à ce moment que commencent les baisers.
Mais que se passe-t-il alors dans le lit conjugal ?
Les gynécologues intitulent ce rapport « le déversement spermatique ». En gros, il pleut ! La femme s'allonge et elle attend que ça se passe. L'homme s'allonge sur elle, il déverse son sperme et il fait des enfants.
Mais ce n'est pas une pratique de plaisir, c'est une pratique civique : il s'agit de faire des citoyens. On sait très bien d'ailleurs que ça ennuie : on éteint la lumière, on ferme les rideaux, ça dure très peu de temps et tout le monde dit que c'est une corvée, que ça donne mal au dos, que ça donne des boutons.
Qu'est-ce qui n'est pas valorisé à Rome ?
« Coucher » ! L'homme libre c'est un citoyen qui fait de la politique et un soldat qui fait la guerre, et c'est tout. Dans nos sociétés, un homme qui couche beaucoup, on dit que c'est un tombeur.
A Rome, une des particularités de la vie c'est qu'on va dénoncer son adversaire politique en disant : « Il couche. » On dit par exemple de César sur le forum quand on veut l'attaquer qu'il est « le mari de toutes les femmes » et donc « la femme de tous les maris ». Dévaloriser le corps, c'est prouver que le citoyen n'est pas capable d'être un homme politique de qualité, d'être un citoyen soldat.
Il y a des insultes ?
Oui, une insulte permanente, c'est de dire « Ce type a une grosse bite » ou « Toi, c'est bien connu : tu reçois des mecs qui ont des grosses bites. » A Rome, l'énormité du pénis, c'est terrible, c'est une dévalorisation, parce que c'est un corps disproportionné. On remarque d'ailleurs que sur les statues romaines, il n'y a toujours que de tous petits zizis.
Ensuite, la plus grave des insultes, ce n'est pas de dire de quelqu'un qui est sodomisé – même si ça peut être une insulte –, le pire, c'est de dire « Il aime sucer ». Il faut revenir pour comprendre à l'origine du mot fellation. Il vient de « fello, fellare » qui signifie « téter ».
Lorsque la nourrice voit le bébé dont elle a la charge pleurer, elle le met au sein, il « fellat ». Mais elle le fait pour l'empêcher de parler, de pleurer. Or, si quelqu'un fait une fellation, de la même manière, il ne peut plus parler et un Romain, c'est un citoyen qui parle.
Et les femmes dans tout ça ?
Une femme « libre » n'a pas de plaisir. Elle est éduquée à ne pas en avoir. La nourrice doit apprendre à la petite fille à ignorer le plaisir de son corps. Une femme romaine est destinée à reproduire. D'ailleurs un des synonymes de femme libre à Rome, c'est « le ventre ». C'est bien pour ça qu'il ne faudrait pas revenir à la Rome antique.
A tel point que si un homme libre prend trop de plaisir avec son épouse, la femme va se plaindre à son beau-père de cette situation et le père vient engueuler le mari.
Il y a des procès très connus d'hommes qui sont traînés au tribunal parce qu'ils sont « uxoriosis » : ils aiment trop le corps de leurs femmes. Les gens disent : « Mais si vous avez envie de vous vider les couilles, allez donc au lupanar ! »
Des « tintinnabulum », clochettes qu'on placait à l'entrée des maisons pour conjurer le mauvais sort (Renée Greusard/Rue89)
Non ! Le lupanar sert à réguler le déversement du sperme et des humeurs. Il y a une anecdote très connue. Caton l'ancien, un citoyen romain très austère, voit un jour un jeune homme hésiter à rentrer dans un lupanar. Il y en a partout à Rome. Il dit au jeune :
« Mais si, si, vas-y ! Il faut que tu y ailles parce que c'est la preuve que tu n'auras pas de comportements indécents avec ton épouse. »En revanche, le même Caton, le lendemain, voit le même jeune homme devant la porte du lupanar. Il lui dit :
« Y aller une fois oui, mais deux jours de suite, c'est trop ! »Ce qui est infamant, c'est d'y aller trop. Il faut se réguler. Dans le lupanar, on va voir des prostitué(e)s hommes ou femmes. Le sexe du ou de la prostituée, on s'en fiche. On vient voir un esclave, et l'important, c'est de ne pas se vider avec son épouse parce qu'alors, on la considérerait comme une esclave.
En fait, on est hyper loin de tout ce qu'on a pu voir au cinéma...
C'est justement l'intérêt de voir ces films comme « Gladiator » ou ce genre de péplums. C'est d'en apprendre plus sur notre culture contemporaine ! Mais c'est très bien. Si on veut faire de l'Histoire romaine, on fait des livres d'histoire.
samedi 21 janvier 2012
Boucle d’or et les trois ours
Il était une fois trois frères qui vivaient dans une maison située au cœur de la forêt. Ces trois hommes, d’aspect bourru, ne se séparaient jamais et étaient réputés pour être peu commodes et guère aimables, aussi les avait-on appelés les trois ours. L’aîné était une grande masse de muscles, presque aussi large que grande, et c’était le plus bourru des trois. Le deuxième, de taille moyenne, avait un caractère moins agressif, mais il n’en était pas plus loquace. Et le plus jeune, qui était aussi le plus petit, était le plus malin, et quand on les croisait tous les trois (ce qui n’arrivait presque jamais) c’était le seul qui vous adressât la parole avec courtoisie, mais avec une telle sournoiserie que l’on s’apercevait tout de suite qu’il ne désirait pas la sympathie des autres. Personne ne connaissait leur train de vie ; ils s’occupaient hors du regard des autres, mystérieusement. Que faisaient-ils ? se demandaient les villageois qui croisaient parfois leur chemin. Il valait mieux qu’ils l’ignorent.
Les trois frères avaient en effet des mœurs étranges. Chaque journée était réglée comme du papier à musique, avec le même enchaînement d’événements monotones. Le matin, ils buvaient leur café et chaque frère retrouvait son fauteuil dans le salon, où il se plongeait dans son livre de chevet. A midi, après avoir dévoré une assiette remplie de charcuteries et de pièces de boucherie rôties, ils partaient en chasse. Mais c’était une chasse bien différente de celle qu’on pouvait attendre en ces lieux retirés. Ce qu’ils allaient chercher, c’étaient des femmes, qu’ils apportaient ensuite comme un butin dans leur tanière, et qu’ils droguaient avant d’abuser d’elles avec une liqueur qu’ils avaient préparée avant de partir, et avaient placée dans une jolie carafe sur la table de la cuisine. Après leur méfait, ils allaient enfin abandonner leur pauvre victime sans connaissance loin de leur maison, et jamais aucune d’elle n’avait pu retrouver ce lieu qui dans leur mémoire, restait un moment à la fois troublant et effroyable.
Cet après-midi là, ils quittèrent pleins d’espoir leur tanière, laissant les verres sur la table, prêts déjà à être consommés à leur retour par la pauvre victime et les trois complices qui en buvaient eux aussi pour décupler leur puissance sexuelle.
Peu de temps après leur départ survint une jeune demoiselle gracieuse qu’on appelait Boucle d’or, non seulement à cause de sa chevelure blonde qui tombait en grosses mèches sur ses épaules, mais aussi en hommage à un autre point de son anatomie couvert d’un poil de la même teinte, que nombre de la gente masculine, et même féminine, avait déjà pu admirer, car Boucle d’Or était une sacrée délurée qui n’avait pas peur du loup.
Elle portait ce jour-là une petite tunique bleue qui laissait voir ses cuisses rondes et fermes, et ses beaux seins blancs. Ses lèvres pulpeuses prenaient place dans un visage rond au dessin délicat, où les yeux comme deux soucoupes papillotaient sous de lourdes paupières. Elle flânait loin de son village, et elle arriva en vue de la maison des trois frères alors qu’ils étaient déjà loin. Prise d’une curiosité irrépressible, elle s’avança à pas de loup vers la vieille bâtisse bancale, et regarda par les fenêtres, puis par le trou de la serrure, pour voir s’il n’y avait personne. Elle vit la petite pièce vide, et les trois verres qui semblaient l’attendre. Assoiffée par sa course à travers la forêt, notre aventurière décida d’ouvrir la porte et d’aller goûter ce que les hôtes semblaient avoir abandonné. La cuisine dans laquelle elle pénétra sentait le fauve mal léché, et elle se demanda avec excitation qui pouvait bien vivre dans ce lieu si retiré et si mal entretenu. Elle frémit des pieds à la tête, et contempla d’un air dubitatif les trois verres. Lequel choisir ? elle s’approcha du grand verre qui ressemblait à une coupe grossièrement ciselée, remplie d’un liquide gazeux dans lequel elle trempa les lèvres.
« Pouah ! glapit-elle, c’est dégueu ! ce champagne a un goût de vinaigre… »
Laissant le grand verre, elle passa au verre moyen, un verre ballon, dont elle goûta le contenu noirâtre avec suspicion.
« Beurk… ils ont mis du goudron dans ce pinard ? »
Très déçue, elle passa enfin au petit verre, rempli presque à ras bord d’un liquide transparent, dans lequel elle trempa ses lèvres.
« Ah ! c’est mieux, c’est beaucoup mieux… une petite vodka, rien de tel pour vous requinquer ! »
Ce que Boucle d’or ne savait pas, c’est que dans cette vodka, comme dans les autres verres, les trois ours avaient ajouté la drogue aphrodisiaque destinée à leur victime, très puissante, que la sorcière, leur seule voisine, avait concoctée en échange d’une séance de baise que nous ne raconterons pas ici pour ne pas choquer nos lecteurs.
Elle but d’une traite le liquide empoisonné, léchant le fond du verre avec la pointe de la langue, et, alors qu’elle fouillait dans les placards pour voir si elle ne pouvait pas trouver de l’argenterie à voler, elle se sentait curieusement l’envie de se caresser les seins. Elle pensa d’abord que c’était la vodka, qu’elle avait peut-être bue trop rapidement, alors elle s’empara d‘une boîte de gâteaux que le plus jeune des frères avait préparés, et elle les grignota pour dissoudre les effets de l’alcool tout en continuant sa visite des lieux, tout à fait à l’aise maintenant .
Dans le salon, elle découvrit trois fauteuils disposés en triangle, près de chacun desquels on avait installé un guéridon où étaient posés une lampe et un livre. Elle s’assit d’abord sur le plus grand fauteuil, celui de l’aîné, et s’emparant du livre elle le feuilleta distraitement. C’était, elle se mit à ricaner en le découvrant, un livre de cul, mais pas n’importe lequel, car nos ours étaient des lettrés. Il s’agissait de Sodome et Gomorrhe, ce qui lui plut au début. Mais quand elle se mit à lire les dernières pages, elle n’apprécia pas trop de lire qu’on avait gavé l’utérus d’une pauvre fille de fromage avant d’y insérer une souris qui lui mangeait les entrailles, alors elle rejeta le livre avec dégoût.
« Trop trash, maugréa-t-elle en tirant la langue. »
Alors, elle s’assit sur le fauteuil moyen, et s’empara du livre qui était à côté. Elle feuilleta de même ce deuxième bouquin de cul : il s’agissait cette fois d’ Histoire d’O, qui la laissa de marbre. Elle rejeta de même ce deuxième ouvrage avec dépit, en soupirant :
« Trop édulcoré ! pas drôle ! »
Elle alla donc pour finir dans le troisième petit fauteuil, et s’empara du troisième livre, d’un auteur inconnu.
« Ah ! c’est drôle ! des contes érotiques, trop cool ! »
Et elle lut, d’abord en riant, les premières pages des « Trois petits cochons ». Dès que l’histoire se mit à dévier vers la parodie érotique, elle se sentit s’amollir. Son bas-ventre la chauffait. Alors, bien enfoncée dans son petit fauteuil, elle écarta les jambes et posa sur sa toison d’or ses doigts graciles, tout en tournant les pages avec l’autre main. Mais la position qu’elle tenait força un peu la structure du fauteuil, vieux et étroit, dont les pieds s’écartelèrent, et notre liseuse acrobatique se retrouva les fesses en l’air, le dos au sol.
« Zut, et zut ! glapit-elle avec rage. Qu’est-ce que c’est que cette camelote ! En plus, je me suis cassé un ongle ! »
Ne se départant pas de son sang-froid, elle décida, toujours avec son bouquin, d’aller chercher un autre endroit plus confortable pour aller se reposer. Elle arriva dans une chambre, tendue de toile rouge, dans laquelle on avait disposé trois lits, du plus grand au plus petit. Sur chacun des lits, Boucle d’Or découvrit avec étonnement trois godemichés et un petit pot de gel.
« Bizarre… se dit-elle. »
Mais elle n’avait pas froid aux yeux, et ces godemichés lui parurent être, plus qu’un avertissement, une invitation à ne pas rater, surtout que son état de fébrilité ne faisait qu’empirer. Elle s’allongea sur le grand lit après avoir enlevé sa culotte, et elle commença à délacer sa robe. Elle sortit ses seins, fermes et rebondis, qu’elle caressa distraitement en continuant sa lecture. Le sang lui montait aux joues, elle glissa ses doigts sur les poils dorés de son pubis et commença à se frotter le con, qui était ouvert et humide comme une rose au printemps. Elle s’empara alors du godemiché qui était en métal, et se l’enfonça dans le vagin en gémissant, mais elle le retira aussitôt.
« Aïe, cria-t-elle, c’est trop dur ! »
Alors elle se traîna toute pantelante vers le deuxième lit, de taille moyenne, s’amusant de se voir tituber.
« Rhoooo ! tout de même, je tiens mieux l’alcool d’habitude ! »
Elle reprit la même position, les jambes écartées, les seins sortis, et après quelques pages elle s’enfonça le deuxième godemiché entre les plis de son sexe, qu’elle enfonça d’un coup. L’agitant en elle avec frénésie en cambrant les reins elle finit par les sortir lui aussi en faisant la moue
« Celui-ci est trop mou, je n’aime pas les bites molles ! »
Alors, encore plus alanguie et moite, les cheveux collant à ses tempes, elle s’affala sur le troisième lit, le plus petit, et après avoir lu une et deux pages, elle prit le troisième godemiché rose en silicone qu’elle s’enfonça au bout de quelques secondes. Celui-ci était doux et ferme à la fois, chaud et tendre comme un vrai sexe d’homme, et elle se trémoussait en l’enfonçant, abandonnant sa lecture pour se concentrer sur son plaisir.
« Ouh là, oui, celui-là est bon, oui, c’est trop bon ! »
Boucle d’Or passait sa langue sur ses lèvres en gémissant, et elle se mit à jouir en riant. Après quelques instants, avant même de se dire qu’il n’était peut-être pas prudent pour elle de rester dans ce lieu étrange, elle plongea dans un profond sommeil, abattue par le plaisir et les effets soporifiques de la drogue.
Quelques heures plus tard, les trois frères rentraient mécontents de leur chasse. Depuis un certain temps, ils ne rencontraient plus de jeunes filles imprudentes qui promenaient leur chien à l’orée de la forêt, ou allaient voir leur grand-mère. Les villageois du pays se méfiaient car le bruit courait que des femmes avaient été abusées, même si la plupart d’entre elles ne racontaient à personne l’étrange aventure qu’elles avaient vécue, sans doute parce qu’il ne leur en restait qu’un souvenir vague et pas forcément désagréable, malgré le fait qu’elles avaient été trompées et abusées.
Ils arrivèrent dans la cuisine, tout de même un peu affamés, et découvrirent sur la table les verres déplacés. « Tiens, dit l’aîné, quelqu’un a bu dans mon verre, il a craché ». Moi aussi, répliqua le deuxième, il y a des gouttes de vin près du verre ». Et le troisième ajouta, avec beaucoup d’excitation : « Et ce quelqu’un a tout bu ma vodka, il doit être dans un sacré état ! » Très intrigués, les ours allèrent au salon. L’aîné trouva son livre éventré par terre, et en fut très mécontent. Le deuxième se plaignit de voir le sien enfoncé dans son fauteuil, et le plus jeune, exaspéré, fit remarquer que son livre, à lui, avait disparu, et qu’en plus, on avait cassé son fauteuil.
« Regardez ! ajouta l’aîné avec un sourire. »
Et il tendit un long cheveu blond qu’il avait trouvé sur son fauteuil.
« Regardez ! ajouta le deuxième. »
Et il tendit à ses frères un morceau d’ongle verni.
« Regardez ! glapit d’une voix aiguë le plus jeune. »
Et il tendit à ses deux frères admiratifs un poil ondulé d’un blond brillant, comme un fil d’or.
Tout à coup très agités, les trois frères se bousculèrent pour arriver chacun avant les autres dans la chambre, et le spectacle qui les attendait leur mit le rouge aux joues. Dans le lit du plus jeune, ils découvrirent la chevelure de la belle blonde qui irradiait la chambre. Elle dormait paisiblement, allongée sur le côté, une jambe pliée sur l’autre. L’aîné souleva avec délicatesse la tunique qui s’arrondissait sur les hanches et il s’extasia devant la vision lunaire des fesses qu’il découvrit. Le deuxième écarta légèrement le bras de la jeune fille qui cachait ses seins, et il soupira de plaisir devant les rondeurs appétissantes des deux seins écrasés l’un sur l’autre comme deux petits oiseaux dans un nid. Quand le troisième écarta les cuisses de la belle, tous trois se mirent à pousser un « ooh ! » de stupéfaction devant la toison dorée. Elle dissimulait une fente encore humide, entre les lèvres de laquelle se plantait encore le godemiché luisant de bave.
A ce cri, la belle bougea légèrement et les ours s’imposèrent les uns aux autres un silence religieux. Il fallait essayer de ne pas la réveiller. Cela serait plus amusant. L’aîné commença à promener une main légère sur la hanche, qu’i caressa doucement, et il sentit sa gorge se serrer à la douceur de cette peau blanche. Le deuxième, lui, avait posé la paume de sa main sur la lourdeur du sein et malaxait avec tendresse ce fruit à peine mûr. Le troisième, plus audacieux, commença à dégager de son étui de chair le godemiché gluant, et posa ses doigts à la place, qu’il porta à la bouche avec délectation. Boucle d’or ne bougeait pas d’un cil. Assurément, elle avait dû boire tout le verre de vodka, la question était de savoir depuis combien de temps, les effets de la drogue se dissipant au bout de quelques heures.
N’importe, ils verraient bien. Après un court conciliabule, les trois frères revinrent à son chevet et commencèrent des caresses plus entreprenantes. Le grand, avec ses grandes mains, empoignait les fesses de la dormeuse et caressait avec rudesse la croupe dénudée. Le deuxième, aux mains habiles, délaçait la robe sans la déchirer, et Boucle d’Or, comme une poupée, fut complètement défaite de ses habits. Les enfants réjouis pouvaient commencer leurs jeux lubriques.
Le grand lui suçait la peau du dos avec sa langue, et il voyait sur le bras des frissons apparaître. Il creusait avec ses paumes l’arrondi sublime de la hanche qui ondulait comme une rivière dans la montagne, son souffle rauque sur la nuque faisant voleter les cheveux fins des tempes. Mordillant son oreille et sa joue tout en continuant à profiter avec sa main des courbes offertes, Il se lova contre elle, collant son torse à son dos. Puis, il se releva avec agitation, la bouche tordue par le début d’un plaisir intense. Il commença à se déshabiller, ouvrit sa chemise sur son torse épais et poilu, défit sa fermeture éclair de son pantalon pour sortir son sexe dont les proportions phénoménales correspondaient à l’ampleur de sa personne. Ce sexe, lisse et dur comme le métal d’un pylône, se dressait vers les fesses nues, résolument.
Le deuxième, lui, avait tordu son corps long et svelte et s’amusait avec le bout de sa langue à titiller les tétons, et il glissait sa langue dans la bouche entrouverte, où un souffle de plus en plus haletant lui envoyait l’odeur douceâtre de la drogue mêlée à la vodka. Lui aussi, sentant son cœur battre à tout rompre, s’était relevé et se détachant de son examen minutieux, défaisait sa chemise et son pantalon, exhibant un sexe long et d’une belle forme, comme l’était l’ensemble de sa personne.
Avec extase, le troisième avait commencé un bouche à bouche avec la fente humide et serrée, et de sa langue titillait le vagin qui palpitait sous ses lèvres expertes, les narines frémissant dans la toison à l’odeur de musc et de violettes. Lui aussi, comme les autres, le visage couvert de suc, s’était relevé, et comme ivre, défaisait rapidement ses habits un à un, laissant apparaître son sexe doux et mouillé comme un savon, qui s’élargissait sur le milieu.
Ne se concertant pas, chacun avait repris sa place et son savoureux travail, avec plus de nervosité et d’entrain. De plus en plus fébriles, ils haletaient de plaisir, et la dormeuse, parfois, laissait passer entre ses lèvres un soupir voluptueux, qu’écoutait attendri le deuxième frère.
L’aîné prit de façon musclée les choses en main en déposant son gland épais entre les fesses moites qui dissimulaient l’anus amolli. D’un coup ferme il écartela de son épieu les fesses en gémissant, et la belle râla, mais ne se réveilla pas. Allongé en équerre, le deuxième avait lui aussi introduit son sexe dans la bouche, après avoir glissé quelques temps entre les seins, et il se déhanchait en caressant les longs cheveux qui s’éparpillaient sur le visage de son frère, qui derrière la sodomisait avec ardeur. Le troisième avait cherché pendant un moment la position la plus judicieuse et avait fini par réussir à introduire son gland luisant dans la fente douce et secouée de spasmes. Tous trois, en cadence, voguaient de concert sur la belle en chantant de plaisir. Chacun gémissait, caressait, pétrissait la peau élastique de la belle dormeuse qui gardait les yeux fermés mais laissait parfois sortir un petit gémissement de sa gorge accaparée. Cela augmentait leur excitation.
Après des longs soupirs et une accélération de leur étreinte sauvage, ils lâchèrent enfin en râlant leur foutre dans chaque fente introduite. Celui du grand inonda les fesses roses d’une gelée épaisse, celui du deuxième gicla sur le visage aux yeux fermés en une fontaine blanche, et celui du petit disparut dans les profondeurs du vagin, d’où seul s’échappa un filet transparent qui se colla aux poils blonds. Ils contemplèrent un instant le tableau qu’ils avaient signé de leur empreinte virile, puis, soumis à la loi des plaisirs, ils se couchèrent autour de la belle et s’endormirent, un sourire béat sur les lèvres.
La nuit était déjà tombée quand Boucle d’or enfin se réveilla de son lourd sommeil ténébreux. Elle avait des courbatures partout, et ne vit rien d’abord à ce qu’il y avait autour d’elle. Elle sentit du liquide couler de son vagin quand elle se releva, et sur ses joues, puis sur ses fesses toucha des plaques de liquide séché. Avec inquiétude, elle tenta de percevoir malgré la nuit les ombres qui se devinaient autour d’elle. Au bout d’un moment, la lune sortit de derrière un nuage, et elle découvrit avec stupeur trois ours qui dormaient autour d’elle, les babines retroussées, les poils épais. Terrorisée, elle récupéra sa robe qu’elle retrouva en tremblant par terre, sans remarquer que d’autres habits d’hommes jonchaient le sol. Et, sans se soucier du bruit qu’elle faisait, elle sauta sur la commode qui se trouvait sous la fenêtre, ouvrit le loquet de cette dernière et sauta dehors, s’enfuyant à toutes jambes vers la forêt en reboutonnant sa tunique. Et bien sûr, elle disparut à tout jamais.
C’est bien dommage, parce que les trois ours, qui n’étaient ours que la nuit, lui avaient donné dans leur aspect humain, en l’espace d’une petite heure, une dizaine d’orgasmes. C’était tout ce qui lui aurait fallu pour être heureuse chaque jour de sa vie. De cette aventure, Boucle d’or ne garda que des rêves érotiques qu’elle faisait parfois, dont le cadre était cette maison, et les personnages trois grands gaillards qui s’occupaient d’elle comme on ne l’avait plus jamais fait.
couple boheme - 2010
Les trois frères avaient en effet des mœurs étranges. Chaque journée était réglée comme du papier à musique, avec le même enchaînement d’événements monotones. Le matin, ils buvaient leur café et chaque frère retrouvait son fauteuil dans le salon, où il se plongeait dans son livre de chevet. A midi, après avoir dévoré une assiette remplie de charcuteries et de pièces de boucherie rôties, ils partaient en chasse. Mais c’était une chasse bien différente de celle qu’on pouvait attendre en ces lieux retirés. Ce qu’ils allaient chercher, c’étaient des femmes, qu’ils apportaient ensuite comme un butin dans leur tanière, et qu’ils droguaient avant d’abuser d’elles avec une liqueur qu’ils avaient préparée avant de partir, et avaient placée dans une jolie carafe sur la table de la cuisine. Après leur méfait, ils allaient enfin abandonner leur pauvre victime sans connaissance loin de leur maison, et jamais aucune d’elle n’avait pu retrouver ce lieu qui dans leur mémoire, restait un moment à la fois troublant et effroyable.
Cet après-midi là, ils quittèrent pleins d’espoir leur tanière, laissant les verres sur la table, prêts déjà à être consommés à leur retour par la pauvre victime et les trois complices qui en buvaient eux aussi pour décupler leur puissance sexuelle.
Peu de temps après leur départ survint une jeune demoiselle gracieuse qu’on appelait Boucle d’or, non seulement à cause de sa chevelure blonde qui tombait en grosses mèches sur ses épaules, mais aussi en hommage à un autre point de son anatomie couvert d’un poil de la même teinte, que nombre de la gente masculine, et même féminine, avait déjà pu admirer, car Boucle d’Or était une sacrée délurée qui n’avait pas peur du loup.
Elle portait ce jour-là une petite tunique bleue qui laissait voir ses cuisses rondes et fermes, et ses beaux seins blancs. Ses lèvres pulpeuses prenaient place dans un visage rond au dessin délicat, où les yeux comme deux soucoupes papillotaient sous de lourdes paupières. Elle flânait loin de son village, et elle arriva en vue de la maison des trois frères alors qu’ils étaient déjà loin. Prise d’une curiosité irrépressible, elle s’avança à pas de loup vers la vieille bâtisse bancale, et regarda par les fenêtres, puis par le trou de la serrure, pour voir s’il n’y avait personne. Elle vit la petite pièce vide, et les trois verres qui semblaient l’attendre. Assoiffée par sa course à travers la forêt, notre aventurière décida d’ouvrir la porte et d’aller goûter ce que les hôtes semblaient avoir abandonné. La cuisine dans laquelle elle pénétra sentait le fauve mal léché, et elle se demanda avec excitation qui pouvait bien vivre dans ce lieu si retiré et si mal entretenu. Elle frémit des pieds à la tête, et contempla d’un air dubitatif les trois verres. Lequel choisir ? elle s’approcha du grand verre qui ressemblait à une coupe grossièrement ciselée, remplie d’un liquide gazeux dans lequel elle trempa les lèvres.
« Pouah ! glapit-elle, c’est dégueu ! ce champagne a un goût de vinaigre… »
Laissant le grand verre, elle passa au verre moyen, un verre ballon, dont elle goûta le contenu noirâtre avec suspicion.
« Beurk… ils ont mis du goudron dans ce pinard ? »
Très déçue, elle passa enfin au petit verre, rempli presque à ras bord d’un liquide transparent, dans lequel elle trempa ses lèvres.
« Ah ! c’est mieux, c’est beaucoup mieux… une petite vodka, rien de tel pour vous requinquer ! »
Ce que Boucle d’or ne savait pas, c’est que dans cette vodka, comme dans les autres verres, les trois ours avaient ajouté la drogue aphrodisiaque destinée à leur victime, très puissante, que la sorcière, leur seule voisine, avait concoctée en échange d’une séance de baise que nous ne raconterons pas ici pour ne pas choquer nos lecteurs.
Elle but d’une traite le liquide empoisonné, léchant le fond du verre avec la pointe de la langue, et, alors qu’elle fouillait dans les placards pour voir si elle ne pouvait pas trouver de l’argenterie à voler, elle se sentait curieusement l’envie de se caresser les seins. Elle pensa d’abord que c’était la vodka, qu’elle avait peut-être bue trop rapidement, alors elle s’empara d‘une boîte de gâteaux que le plus jeune des frères avait préparés, et elle les grignota pour dissoudre les effets de l’alcool tout en continuant sa visite des lieux, tout à fait à l’aise maintenant .
Dans le salon, elle découvrit trois fauteuils disposés en triangle, près de chacun desquels on avait installé un guéridon où étaient posés une lampe et un livre. Elle s’assit d’abord sur le plus grand fauteuil, celui de l’aîné, et s’emparant du livre elle le feuilleta distraitement. C’était, elle se mit à ricaner en le découvrant, un livre de cul, mais pas n’importe lequel, car nos ours étaient des lettrés. Il s’agissait de Sodome et Gomorrhe, ce qui lui plut au début. Mais quand elle se mit à lire les dernières pages, elle n’apprécia pas trop de lire qu’on avait gavé l’utérus d’une pauvre fille de fromage avant d’y insérer une souris qui lui mangeait les entrailles, alors elle rejeta le livre avec dégoût.
« Trop trash, maugréa-t-elle en tirant la langue. »
Alors, elle s’assit sur le fauteuil moyen, et s’empara du livre qui était à côté. Elle feuilleta de même ce deuxième bouquin de cul : il s’agissait cette fois d’ Histoire d’O, qui la laissa de marbre. Elle rejeta de même ce deuxième ouvrage avec dépit, en soupirant :
« Trop édulcoré ! pas drôle ! »
Elle alla donc pour finir dans le troisième petit fauteuil, et s’empara du troisième livre, d’un auteur inconnu.
« Ah ! c’est drôle ! des contes érotiques, trop cool ! »
Et elle lut, d’abord en riant, les premières pages des « Trois petits cochons ». Dès que l’histoire se mit à dévier vers la parodie érotique, elle se sentit s’amollir. Son bas-ventre la chauffait. Alors, bien enfoncée dans son petit fauteuil, elle écarta les jambes et posa sur sa toison d’or ses doigts graciles, tout en tournant les pages avec l’autre main. Mais la position qu’elle tenait força un peu la structure du fauteuil, vieux et étroit, dont les pieds s’écartelèrent, et notre liseuse acrobatique se retrouva les fesses en l’air, le dos au sol.
« Zut, et zut ! glapit-elle avec rage. Qu’est-ce que c’est que cette camelote ! En plus, je me suis cassé un ongle ! »
Ne se départant pas de son sang-froid, elle décida, toujours avec son bouquin, d’aller chercher un autre endroit plus confortable pour aller se reposer. Elle arriva dans une chambre, tendue de toile rouge, dans laquelle on avait disposé trois lits, du plus grand au plus petit. Sur chacun des lits, Boucle d’Or découvrit avec étonnement trois godemichés et un petit pot de gel.
« Bizarre… se dit-elle. »
Mais elle n’avait pas froid aux yeux, et ces godemichés lui parurent être, plus qu’un avertissement, une invitation à ne pas rater, surtout que son état de fébrilité ne faisait qu’empirer. Elle s’allongea sur le grand lit après avoir enlevé sa culotte, et elle commença à délacer sa robe. Elle sortit ses seins, fermes et rebondis, qu’elle caressa distraitement en continuant sa lecture. Le sang lui montait aux joues, elle glissa ses doigts sur les poils dorés de son pubis et commença à se frotter le con, qui était ouvert et humide comme une rose au printemps. Elle s’empara alors du godemiché qui était en métal, et se l’enfonça dans le vagin en gémissant, mais elle le retira aussitôt.
« Aïe, cria-t-elle, c’est trop dur ! »
Alors elle se traîna toute pantelante vers le deuxième lit, de taille moyenne, s’amusant de se voir tituber.
« Rhoooo ! tout de même, je tiens mieux l’alcool d’habitude ! »
Elle reprit la même position, les jambes écartées, les seins sortis, et après quelques pages elle s’enfonça le deuxième godemiché entre les plis de son sexe, qu’elle enfonça d’un coup. L’agitant en elle avec frénésie en cambrant les reins elle finit par les sortir lui aussi en faisant la moue
« Celui-ci est trop mou, je n’aime pas les bites molles ! »
Alors, encore plus alanguie et moite, les cheveux collant à ses tempes, elle s’affala sur le troisième lit, le plus petit, et après avoir lu une et deux pages, elle prit le troisième godemiché rose en silicone qu’elle s’enfonça au bout de quelques secondes. Celui-ci était doux et ferme à la fois, chaud et tendre comme un vrai sexe d’homme, et elle se trémoussait en l’enfonçant, abandonnant sa lecture pour se concentrer sur son plaisir.
« Ouh là, oui, celui-là est bon, oui, c’est trop bon ! »
Boucle d’Or passait sa langue sur ses lèvres en gémissant, et elle se mit à jouir en riant. Après quelques instants, avant même de se dire qu’il n’était peut-être pas prudent pour elle de rester dans ce lieu étrange, elle plongea dans un profond sommeil, abattue par le plaisir et les effets soporifiques de la drogue.
Quelques heures plus tard, les trois frères rentraient mécontents de leur chasse. Depuis un certain temps, ils ne rencontraient plus de jeunes filles imprudentes qui promenaient leur chien à l’orée de la forêt, ou allaient voir leur grand-mère. Les villageois du pays se méfiaient car le bruit courait que des femmes avaient été abusées, même si la plupart d’entre elles ne racontaient à personne l’étrange aventure qu’elles avaient vécue, sans doute parce qu’il ne leur en restait qu’un souvenir vague et pas forcément désagréable, malgré le fait qu’elles avaient été trompées et abusées.
Ils arrivèrent dans la cuisine, tout de même un peu affamés, et découvrirent sur la table les verres déplacés. « Tiens, dit l’aîné, quelqu’un a bu dans mon verre, il a craché ». Moi aussi, répliqua le deuxième, il y a des gouttes de vin près du verre ». Et le troisième ajouta, avec beaucoup d’excitation : « Et ce quelqu’un a tout bu ma vodka, il doit être dans un sacré état ! » Très intrigués, les ours allèrent au salon. L’aîné trouva son livre éventré par terre, et en fut très mécontent. Le deuxième se plaignit de voir le sien enfoncé dans son fauteuil, et le plus jeune, exaspéré, fit remarquer que son livre, à lui, avait disparu, et qu’en plus, on avait cassé son fauteuil.
« Regardez ! ajouta l’aîné avec un sourire. »
Et il tendit un long cheveu blond qu’il avait trouvé sur son fauteuil.
« Regardez ! ajouta le deuxième. »
Et il tendit à ses frères un morceau d’ongle verni.
« Regardez ! glapit d’une voix aiguë le plus jeune. »
Et il tendit à ses deux frères admiratifs un poil ondulé d’un blond brillant, comme un fil d’or.
Tout à coup très agités, les trois frères se bousculèrent pour arriver chacun avant les autres dans la chambre, et le spectacle qui les attendait leur mit le rouge aux joues. Dans le lit du plus jeune, ils découvrirent la chevelure de la belle blonde qui irradiait la chambre. Elle dormait paisiblement, allongée sur le côté, une jambe pliée sur l’autre. L’aîné souleva avec délicatesse la tunique qui s’arrondissait sur les hanches et il s’extasia devant la vision lunaire des fesses qu’il découvrit. Le deuxième écarta légèrement le bras de la jeune fille qui cachait ses seins, et il soupira de plaisir devant les rondeurs appétissantes des deux seins écrasés l’un sur l’autre comme deux petits oiseaux dans un nid. Quand le troisième écarta les cuisses de la belle, tous trois se mirent à pousser un « ooh ! » de stupéfaction devant la toison dorée. Elle dissimulait une fente encore humide, entre les lèvres de laquelle se plantait encore le godemiché luisant de bave.
A ce cri, la belle bougea légèrement et les ours s’imposèrent les uns aux autres un silence religieux. Il fallait essayer de ne pas la réveiller. Cela serait plus amusant. L’aîné commença à promener une main légère sur la hanche, qu’i caressa doucement, et il sentit sa gorge se serrer à la douceur de cette peau blanche. Le deuxième, lui, avait posé la paume de sa main sur la lourdeur du sein et malaxait avec tendresse ce fruit à peine mûr. Le troisième, plus audacieux, commença à dégager de son étui de chair le godemiché gluant, et posa ses doigts à la place, qu’il porta à la bouche avec délectation. Boucle d’or ne bougeait pas d’un cil. Assurément, elle avait dû boire tout le verre de vodka, la question était de savoir depuis combien de temps, les effets de la drogue se dissipant au bout de quelques heures.
N’importe, ils verraient bien. Après un court conciliabule, les trois frères revinrent à son chevet et commencèrent des caresses plus entreprenantes. Le grand, avec ses grandes mains, empoignait les fesses de la dormeuse et caressait avec rudesse la croupe dénudée. Le deuxième, aux mains habiles, délaçait la robe sans la déchirer, et Boucle d’Or, comme une poupée, fut complètement défaite de ses habits. Les enfants réjouis pouvaient commencer leurs jeux lubriques.
Le grand lui suçait la peau du dos avec sa langue, et il voyait sur le bras des frissons apparaître. Il creusait avec ses paumes l’arrondi sublime de la hanche qui ondulait comme une rivière dans la montagne, son souffle rauque sur la nuque faisant voleter les cheveux fins des tempes. Mordillant son oreille et sa joue tout en continuant à profiter avec sa main des courbes offertes, Il se lova contre elle, collant son torse à son dos. Puis, il se releva avec agitation, la bouche tordue par le début d’un plaisir intense. Il commença à se déshabiller, ouvrit sa chemise sur son torse épais et poilu, défit sa fermeture éclair de son pantalon pour sortir son sexe dont les proportions phénoménales correspondaient à l’ampleur de sa personne. Ce sexe, lisse et dur comme le métal d’un pylône, se dressait vers les fesses nues, résolument.
Le deuxième, lui, avait tordu son corps long et svelte et s’amusait avec le bout de sa langue à titiller les tétons, et il glissait sa langue dans la bouche entrouverte, où un souffle de plus en plus haletant lui envoyait l’odeur douceâtre de la drogue mêlée à la vodka. Lui aussi, sentant son cœur battre à tout rompre, s’était relevé et se détachant de son examen minutieux, défaisait sa chemise et son pantalon, exhibant un sexe long et d’une belle forme, comme l’était l’ensemble de sa personne.
Avec extase, le troisième avait commencé un bouche à bouche avec la fente humide et serrée, et de sa langue titillait le vagin qui palpitait sous ses lèvres expertes, les narines frémissant dans la toison à l’odeur de musc et de violettes. Lui aussi, comme les autres, le visage couvert de suc, s’était relevé, et comme ivre, défaisait rapidement ses habits un à un, laissant apparaître son sexe doux et mouillé comme un savon, qui s’élargissait sur le milieu.
Ne se concertant pas, chacun avait repris sa place et son savoureux travail, avec plus de nervosité et d’entrain. De plus en plus fébriles, ils haletaient de plaisir, et la dormeuse, parfois, laissait passer entre ses lèvres un soupir voluptueux, qu’écoutait attendri le deuxième frère.
L’aîné prit de façon musclée les choses en main en déposant son gland épais entre les fesses moites qui dissimulaient l’anus amolli. D’un coup ferme il écartela de son épieu les fesses en gémissant, et la belle râla, mais ne se réveilla pas. Allongé en équerre, le deuxième avait lui aussi introduit son sexe dans la bouche, après avoir glissé quelques temps entre les seins, et il se déhanchait en caressant les longs cheveux qui s’éparpillaient sur le visage de son frère, qui derrière la sodomisait avec ardeur. Le troisième avait cherché pendant un moment la position la plus judicieuse et avait fini par réussir à introduire son gland luisant dans la fente douce et secouée de spasmes. Tous trois, en cadence, voguaient de concert sur la belle en chantant de plaisir. Chacun gémissait, caressait, pétrissait la peau élastique de la belle dormeuse qui gardait les yeux fermés mais laissait parfois sortir un petit gémissement de sa gorge accaparée. Cela augmentait leur excitation.
Après des longs soupirs et une accélération de leur étreinte sauvage, ils lâchèrent enfin en râlant leur foutre dans chaque fente introduite. Celui du grand inonda les fesses roses d’une gelée épaisse, celui du deuxième gicla sur le visage aux yeux fermés en une fontaine blanche, et celui du petit disparut dans les profondeurs du vagin, d’où seul s’échappa un filet transparent qui se colla aux poils blonds. Ils contemplèrent un instant le tableau qu’ils avaient signé de leur empreinte virile, puis, soumis à la loi des plaisirs, ils se couchèrent autour de la belle et s’endormirent, un sourire béat sur les lèvres.
La nuit était déjà tombée quand Boucle d’or enfin se réveilla de son lourd sommeil ténébreux. Elle avait des courbatures partout, et ne vit rien d’abord à ce qu’il y avait autour d’elle. Elle sentit du liquide couler de son vagin quand elle se releva, et sur ses joues, puis sur ses fesses toucha des plaques de liquide séché. Avec inquiétude, elle tenta de percevoir malgré la nuit les ombres qui se devinaient autour d’elle. Au bout d’un moment, la lune sortit de derrière un nuage, et elle découvrit avec stupeur trois ours qui dormaient autour d’elle, les babines retroussées, les poils épais. Terrorisée, elle récupéra sa robe qu’elle retrouva en tremblant par terre, sans remarquer que d’autres habits d’hommes jonchaient le sol. Et, sans se soucier du bruit qu’elle faisait, elle sauta sur la commode qui se trouvait sous la fenêtre, ouvrit le loquet de cette dernière et sauta dehors, s’enfuyant à toutes jambes vers la forêt en reboutonnant sa tunique. Et bien sûr, elle disparut à tout jamais.
C’est bien dommage, parce que les trois ours, qui n’étaient ours que la nuit, lui avaient donné dans leur aspect humain, en l’espace d’une petite heure, une dizaine d’orgasmes. C’était tout ce qui lui aurait fallu pour être heureuse chaque jour de sa vie. De cette aventure, Boucle d’or ne garda que des rêves érotiques qu’elle faisait parfois, dont le cadre était cette maison, et les personnages trois grands gaillards qui s’occupaient d’elle comme on ne l’avait plus jamais fait.
couple boheme - 2010
jeudi 19 janvier 2012
Narcissisme et contrôle...
Le vin est bon (une bouteille de la rectorie côté montagne) et la nuit parisienne apaisée (un léger frimas et quelques gouttes de pluie), bref, tout se prête magnifiquement aux intellections débiles de fin de soirée...
Et si les libertins se divisaient en deux groupes, ceux qui dealent avec la jalousie (ou le risque de blessure narcissique) et ceux qui dealent avec leur fantasme.
Nous sommes invités demain chez un couple que nous devons retrouver après le repas, donc convivialité réduite aux acquêts.
Cela anime notre réflexion. Certains aiment les programmes, d'autres les rencontres. Les enjeux ne sont pas les mêmes.
Dès le début de notre libertinage, nous avons sombré naturellement dans l'échangisme avec le risque et la douleur de l'enfantement d'un nouveau type de relation dans le couple ; comment repenser son amour sans la propriété. Des questions permanentes qui ne cessent jamais réellement. Plairons nous à autrui ? Notre partenaire légitime nous aimera-t-il toujours autant ? Etc. Avec pour primat, pour substance le même plaisir, celui de découvrir l'altérité. L'altérité d'un autre corps, d'une autre intimité, y compris dans la découverte de notre partenaire vu différemment.
Mais pour certains, c'est le programme qui importe, la réalisation d'un fantasme avec ses bords, ses frontières, ses limites et ses codes, le questionnement ou l'angoisse arrivant quand le bord est franchi, la jouissance quand on reste au bord. Jeu de contrôle, jeu de dupe, jeu d'un je qui se réalise dans une forme obsessionnelle qui consiste à prendre autrui ou être pris dans un filet où la fantaisie est réglementée jusque dans les codes sociaux.
Deux univers libertins, deux façons de libérer ses pulsions, et non sans accrochage avec la réalité de certains couples. Les premiers sont souvent des couples légitimes en recherche de mise en danger, les seconds des couples adultérins ou recomposés en recherche d'épanouissement d'égo.
Allez, le vin de la rectorie est finalement trop bon pour se perdre dans ce genre de réflexions...
Et si les libertins se divisaient en deux groupes, ceux qui dealent avec la jalousie (ou le risque de blessure narcissique) et ceux qui dealent avec leur fantasme.
Nous sommes invités demain chez un couple que nous devons retrouver après le repas, donc convivialité réduite aux acquêts.
Cela anime notre réflexion. Certains aiment les programmes, d'autres les rencontres. Les enjeux ne sont pas les mêmes.
Dès le début de notre libertinage, nous avons sombré naturellement dans l'échangisme avec le risque et la douleur de l'enfantement d'un nouveau type de relation dans le couple ; comment repenser son amour sans la propriété. Des questions permanentes qui ne cessent jamais réellement. Plairons nous à autrui ? Notre partenaire légitime nous aimera-t-il toujours autant ? Etc. Avec pour primat, pour substance le même plaisir, celui de découvrir l'altérité. L'altérité d'un autre corps, d'une autre intimité, y compris dans la découverte de notre partenaire vu différemment.
Mais pour certains, c'est le programme qui importe, la réalisation d'un fantasme avec ses bords, ses frontières, ses limites et ses codes, le questionnement ou l'angoisse arrivant quand le bord est franchi, la jouissance quand on reste au bord. Jeu de contrôle, jeu de dupe, jeu d'un je qui se réalise dans une forme obsessionnelle qui consiste à prendre autrui ou être pris dans un filet où la fantaisie est réglementée jusque dans les codes sociaux.
Deux univers libertins, deux façons de libérer ses pulsions, et non sans accrochage avec la réalité de certains couples. Les premiers sont souvent des couples légitimes en recherche de mise en danger, les seconds des couples adultérins ou recomposés en recherche d'épanouissement d'égo.
Allez, le vin de la rectorie est finalement trop bon pour se perdre dans ce genre de réflexions...
Sein
Ouf, je viens de retrouver une nouvelle écrite quand j'étais encore la fac... Allez, j'ouvre une porte sur mon passé...
Sein
Sein : - 1. Chacune des mamelles de la femme. - 2. Coeur, pensée. - 3. Le sein de Dieu : le paradis. 4 - En allemand : être, existence, ce qui est réellement.
La première chose à laquelle je m'étais attaché lorsque je l'avais pour la première fois rencontrée, ce fut son visage. Un visage affable qui m'affecta d'un sentiment plus doux que de coutume. Mais je fus incapable de le sexualiser - tel que je m'en souviens le visage était anguleux, rigide, volontaire. Etait-ce mon incapacité à y entrevoir de la féminité qui désexualisa mon attitude ou l'indifférence générale qui régnait au sein de notre petit groupe dans ce restaurant ? je ne puis le dire. Probablement un mélange de causes paradoxales qui de toute manière ne m'ont pas semblé suffisamment importantes pour que je les remarque. Avant tout je vis un être humain, un être quelconque comme on peut en voir dans la rue, et plus quelconque encore puisque son corps n'intégra pas à ce moment mes souvenirs. La soirée débutait et nous eûmes l'occasion de discuter un peu, mais elle resta presque plus formelle et plus distante que moi puisqu'elle ne me posa que deux ou trois questions banales... Un peu plus tard dans la soirée nous eûmes à nouveau une discussion qui cette fois ressemblait à deux chiens qui déterminent leur territoire. Elle me confia ses goûts littéraires et, à mon tour, je lui confiai les miens; nos sensibilités nous menaient vers des chemins opposés. Cependant, durant cette discussion, je pris conscience de son corps et de la féminité quasi-magique qui entachait chacun de ses mouvements; et cette fois en un regard, je fus totalement fasciné, en un regard je sus que je tombais éperdument amoureux; l'alchimie des passions remontait en moi dans une complexion qui dépassait mon humeur du moment. La transmutation sensuelle fut si prompte que je fus incapable d'adopter une autre attitude que celle que je possédais déjà. Incapable de me trahir, je restai distant et discret sur mon nouveau désir. Mais cette discrétion n'était pas au goût de la femme. Ouvertement elle m'invita à prendre un verre chez elle. Mi-joyeux, mi-honteux de dévoiler ainsi à toute la tablée la naissance de nos deux affections, mes joues s'empourprèrent et je me sentis obligé de me séparer au plus vite des convives. Arrivé chez elle, une frénésie guillerette m'obligeait à trembler sans que je ne puisse me calmer : mon corps échauffé par l'incongruité de nos deux désirs primesautiers contrastait avec ma raison restée froide et calculatrice. Elle déposa deux verres vides sur une table basse et m'invita à m'asseoir sur un canapé. J'exécutai et elle s'installa en face de moi. Le silence tyrannisait nos âmes. Nous nous observions dans le fond des yeux, n'osant ni ouvrir la bouche ni tomber sur les verres vides. La peur de contrarier ne serait-ce qu'un temps l'inéluctable destin de nos deux corps nous plongeait dans un face à face comique mais néanmoins douloureux. Ayant fait le premier pas, la femme attendait certainement de moi un geste éloquent mais je ne savais comment rompre le théâtre figé où nous nous étions enfermés. Devais-je me lever et m'approcher d'elle ? Devais-je lui demander de venir s'asseoir à côté de moi ? Mais alors, comment justifier cet acte ou cette parole sinon par un changement radical de mon attitude atone ? Oublier les verres vides, le battement exagéré de mon coeur et surtout ma conscience du vide qu'affirmait orgueilleusement le silence ? Cela était trop difficile. Si mon tremblement était irrépressible, pour rien au monde je n'aurais fait un mouvement. Tout en ce lieu était susceptible d'une interprétation éhontée et même notre commune aphasie avait une signification lascive. Cependant le silence était roi, il régnait dans sa lubricité et avait valeur d'être. Et la rupture que nous attendions de cet être, ce déchirement de l'être, nécessitait plus que le désir d'une rupture car si nos deux âmes se confortaient dans l'immobilisme, ce n'était que par peur de voir la rupture dépasser le seuil fragile où nous voulions qu'elle s'arrête. Du plein s'échappait du vide. C'est alors qu'elle découvrit un sein. Elle déboutonna son chemisier de sa main droite et de sa gauche le repoussa suffisamment pour ne laisser que le sein droit apparaître. Blanc, neigeux, d'une existence inhumaine; le sein avait une perfection choquante : trop lisse, trop rond, trop blanc, trop beau, une matière trop parfaite pour dériver de règles esthétiques - ce sein transcendait les règles, il les créait, en était le parangon, l'objet en soi. Cette perfection me frappa l'esprit en l'étourdissant : la trop ronde rondeur s'harmonisait trop parfaitement avec le trop blanc volume. Tout en ce sein respirait la plénitude d'une architecture divine. Et cette cathédrale qui s'élevait de la poitrine de la femme m'inspira l'idée d'universalité, échauffant mon esprit et refroidissant mon corps. C'est toute l'esthétique et par suite l'éthique qui se voyaient bouleversées. Je savais, un sentiment plus profond que l'évidence, que la sublimité du sein ne correspondait pas à la sublimité classique. Pour celle-ci, le sein était tout détraqué. Mais pour l'âme, mon dieu, quel sentiment ! Quelle beauté ! Le sein avait dans sa beauté particulière plus de beauté que le beau !
Comment se pouvait-il qu'un tel miracle de la nature fut possédé par cette femme ? Mais surtout, comment une telle perfection avait pu traverser l'histoire sans laisser de trace ? Se pouvait-il que Dieu ait reconsidéré son œuvre ? En observant ce sein, je voyais s'écrouler une à une les sciences : des mathématiques à la géométrie, de la philosophie à la poésie, de la peinture à la musique et même de la morale à la théologie, tout perdait en signification. Que devenaient le cercle et le triangle de l'antiquité philosophique devant pareille rondeur ? Des baragouinages de collégiens ! A une vitesse fulgurante, toutes mes certitudes et mes doutes s'abîmèrent dans l'inexistence, des pans de réalités sombrèrent dans l'oubli pendant que je prenais conscience de nouveaux horizons. Néanmoins mon esprit fut bien incapable de tout retenir. Ma soirée était trop riche en émotions pour que je puisse supporter la force du désir, l'ataraxie et les intellections. Je sombrai bientôt dans un état hypnotique : la plénitude du sein était trop pleine et la viduité s'empara de moi. La femme garda elle aussi le silence. Immobile, le regard également fixe et vide, elle se laissait envahir par l'aura de son sein et savait que nous ne devions pas la souiller par de vaines paroles. C'est ainsi que dans cette ambiance mamelesque divinement parfumée par le plus harmonique des organes, nous passâmes la nuit...(...)
Le jour se levait, éclairant la pièce de lueurs orangées qui embellissaient plus encore le sein. Pourtant ma contemplation devenait difficile, le sommeil me piquait les yeux et fanait mes paupières. Je fis alors le premier mouvement depuis des heures, m'approchant de la femme pour me reposer les yeux. J'espérais que de plus près la fatigue serait un peu moins douloureuse. Mais je m’aperçus d'un détail qui dans le jeu de la lumière ne m'avait pas frappé. De loin, avec l'ombre, je n'avais pas remarqué que le sein, sur toute sa périphérie était un peu détaché de la poitrine. Etonné j'interrogeai la femme du regard mais elle dormait. J'avais été si obnubilé pendant mes heures de contemplation béate que je ne m'étais pas occupé de savoir ce qu'elle faisait, assise ainsi devant moi et immobile. Ce ne fut pas pour me déplaire. Le manque de sommeil et la trop longue vision délicieuse m'avait un peu perverti. Lentement j'approchai ma main du sein. J'avais envie de toucher la perfection et mon geste babélique me donna une érection. Oh, Dieu des Dieux, je garderais toujours ce souvenir : quel plaisir lorsque ma main entra en contact avec le sein ! La peau était si douce, si douce que c'était le sein qui me caressait ! Je n'osais augmenter la pression de ma main de peur que la femme ne s'éveillât mais j'étais certain que la chair était aussi magnifique que la forme et la peau. Pour procurer autant d'extase, le sein ne pouvait que satisfaire les cinq sens. Le regret me contrista; moins stupide, je ne serais pas rester des heures à l'observer et profitant de l'éveil du désir chez la femme j'aurais passé ma nuit à le palper, à le sucer, à le sentir, à l'écouter chanter. Je jetai encore un regard à la femme, elle dormait toujours. Mes yeux me brûlaient et j'eus envie de sombrer dans les ténèbres en gardant le contact de ma main sur le sein. Je fermai les yeux et la joie du désir surajouté au plaisir de l'ensommeillement me fit frémir. Doucement je plongeai dans l'autre monde... (...)
En me réveillant de nouveau, la femme dormait toujours et ma main n'avait pas bougé, si bien que la position peu agréable que j'avais dû prendre pour conserver le contact m'avait engourdi le bras. Délicatement, je dégageai ma main du sein puis frottai vigoureusement mon bras. J'étais un peu déçu car j'avais dû perdre beaucoup de sensations pendant mon sommeil. Je regardai le sein, quelques perles de sueurs l'habillait joliment et le mamelon était en érection. Cela me compensa de la déception de l'engourdissement, j'étais heureux de savoir que mon bonheur n'était pas unilatéral. Cependant, en observant le sein de près, je constatai encore l'étrange façon dont il était soudé à la poitrine. Sur toute la périphérie, la chair était comme décollée. Un peu dégoûté mais curieux, je glissai mes doigts dans le petit espace et je tirai un peu pour mieux pouvoir regarder; mais un bruit de dilacération des chairs me fit lâcher prise. J'étais terriblement troublé. Je rejetai l'idée que le sein pût être faux puisqu'il avait réagi au contact de ma main. Pourquoi alors faisait-il si peu corps à la poitrine ? Et que signifiait ce bruit de dilacération ? La soif de me rassurer ainsi que de savoir me poussa à récidiver : je glissai à nouveau mes doigts dans l'interstice, cette fois un peu humide, et je tirai plus fort. Il y eut un bruit affreux, exactement celui des chairs qui se déchirent, et le sein se détacha aussi facilement que le fruit d'un arbre, restant dans ma main. Si le bruit des chairs déchirées m'apeura, ce ne fut rien comparé à ce que je pus voir. Dans une main je tenais le sein et à la place du bel organe un entremêlement de vaisseaux sanguins, de sang coagulé et de chairs pourries me glaça l'âme. Je fus tellement choqué et effrayé que je poussai un cri étouffé. Heureusement pour moi, la femme ne se réveilla pas; elle se contenta de tourner la tête en poussant un soupir de mécontentement - comment sinon lui aurais-je expliqué que je lui avais maladroitement arraché un sein ?... Je tentais de replacer l'objet à sa place naturelle mais évidemment il ne tenait plus. Il se collait au pus un instant puis tombait sur le canapé. Je transpirai énormément - par peur comme par gène - et plusieurs fois le sein me glissa des mains comme un savon. Mes nerfs tendus à craquer me crispaient le visage et j'avais des difficultés à respirer. Je dus fermer les yeux un instant et me vider de la vision cauchemardesque pour pouvoir me calmer et réfléchir. Comment se pouvait-il que ce sein admirable fut si pourri à l'intérieur ? La femme était-elle malade ? lépreuse - je frissonnai à cette idée - ? Venait-elle de subir une opération chirurgicale ?... Quoi qu'il en soit je ne pouvais, même avec la meilleure volonté du monde, remettre le sein en place et faire comme si de rien n'était. J'étais désespéré et effrayé à l'idée que la femme ne se réveillât. Aucun choix ne me conduisait à une libération ou un soulagement... Pourtant il y avait une solution idéale à mon problème mais j'avais du mal à y penser sainement. Lourd fardeau moral... Néanmoins je ne cessais de me rassurer : la femme ne connaissait que mon prénom et nous n'avions pas d'amis communs; un sein qui s'arrache aussi facilement n'est pas un sein, c'est autre chose; comment un véritable être humain peut posséder un sein à la fois si admirable de beauté et si pourri ? Je n'ai jamais été élevé dans le vice ou l'immoralité. Mais jamais je n'ai été préparé à assumer l'horreur de ce qui s'est passé cette nuit là. Aussi ma fuite me sembla naturelle, et me paraît encore naturelle - bien que la curiosité me pousse aujourd'hui à retrouver cette femme et à lui poser quelques franches questions. En cette fin de matinée qui concluait ma rencontre avec le sublime et le l'horreur, avec l'ataraxie et la dégoûtation, j'avais posé le sein sur la table basse, juste entre les deux verres vides, et j'étais sorti discrètement mais avec empressement pour ne plus jamais entendre parler ni de la femme ni du sein. Aujourd'hui je sais, sans définir pourquoi, avoir touché le sein de Dieu.
dimanche 15 janvier 2012
annonce le bon coin
Année-modèle : Blonde de 1976 Kilométrage : 55kg Carburant : Super
Boîte de vitesse : Mélancolique
Boîte de vitesse : Mélancolique
Echange jeune femme libertine, direction automatique, contrôle technique pas vierge, confort airbag ou pas, batterie rechargée pour une jeune femme libertine en manque de douceur ou pour une jeune femme désireuse de découvrir les plaisirs au féminin.
Rdv à la maison, champagne et sucreries, douceurs et caresses entre dames de bonne compagnie.
D'autres photos possibles sur demande.
Pas de rabais sur les orgasmes.
Faire offre à cpleboheme@gmail.com
vendredi 6 janvier 2012
La panne des sens
Qui n'a pas connu une panne au sein du petit boudoir libertin. Si les femmes peuvent parfois s'abandonner en se disant que "ça va passer", pour les hommes, le sentiment d'impuissance est comme une double peine, il ne peut plus bander et il peut ne plus se sentir désiré.
Mettons de côté volontairement les cas particuliers d'un trouble physiologique, ou psychologique; un âge avancé, un problème hormonal, l'angoisse ou l'anxiété agissent sur l'érection; mais réduisons notre réflexion au champ singulier du libertinage et de l'homme qui habituellement n'a pas de problème d'érection et se retrouve à avoir une panne.
Il faut comprendre qu'entre la fonction sexuelle et le désir sexuel, il n'y a pas tant d'écart que cela. Tout évolué qu'il est, l'homme reste un animal dans la brousse, un singe habillé dont les réflexes sexuels dépendent fortement du contexte dans lequel le singe habillé se promène.
Ainsi, la peur, le stress ou le sentiment de compétition agissent fortement sur l'érection. Se retrouver à côté d'un autre mâle ayant un sexe deux fois plus gros, voir sa compagne se faire prendre par un homme vigoureux, se retrouver dans les bras d'une femme très directe ou au contraire trop docile ont des effets de bords non négligeables. Cela peut tout à fois agir dans un accroissement l'érection, une diminution de celle-ci ou même entraîner une éjaculation précoce, même pour ceux qui n'y sont pas familier.
Le libertinage, en nous faisant découvrir ou redécouvrir plutôt notre nature animale nous entraîne dans la compétition sauvage des mâles pour les femelles, toute organisation sensuelle et raffinée mise à part.
Ainsi, la levée du petit drapeau nous en apprend fortement sur notre sociabilité sexuelle et sur nos limites. Non que celles ci soient figées dans le marbre, nous restons des êtres mutables, mais il est important de comprendre où se situent nos limites et ce qui a pour effet d'agir fortement sur notre érection. Je précise érection, car un homme peut tout à fait ressentir un fort désir sans pour autant avoir une érection en rapport.
Partant de ce constant, j'entends certains qui vont me demander quelle est alors la recette pour remédier à ce petit désagrément. En réalité, c'est assez simple à partir du moment où l'on a compris que le stress joue un rôle capital.
Donc ne jamais se forcer. Mieux vaut abandonner (au sens littéral et symbolique), s'oublier et passer à autre chose. Et revenir plus tard vers une personne dont la sexualité correspond plus à votre nature (plus directive ou plus douce) et à votre contexte (loin ou proche des voyeurs) afin de ne plus sentir cette compétition.
Et si malgré cela, rien ne marche, comme le disait Romain Gary, il vous reste toujours votre langue messieurs pour contenter ces dames !
Mettons de côté volontairement les cas particuliers d'un trouble physiologique, ou psychologique; un âge avancé, un problème hormonal, l'angoisse ou l'anxiété agissent sur l'érection; mais réduisons notre réflexion au champ singulier du libertinage et de l'homme qui habituellement n'a pas de problème d'érection et se retrouve à avoir une panne.
Il faut comprendre qu'entre la fonction sexuelle et le désir sexuel, il n'y a pas tant d'écart que cela. Tout évolué qu'il est, l'homme reste un animal dans la brousse, un singe habillé dont les réflexes sexuels dépendent fortement du contexte dans lequel le singe habillé se promène.
Ainsi, la peur, le stress ou le sentiment de compétition agissent fortement sur l'érection. Se retrouver à côté d'un autre mâle ayant un sexe deux fois plus gros, voir sa compagne se faire prendre par un homme vigoureux, se retrouver dans les bras d'une femme très directe ou au contraire trop docile ont des effets de bords non négligeables. Cela peut tout à fois agir dans un accroissement l'érection, une diminution de celle-ci ou même entraîner une éjaculation précoce, même pour ceux qui n'y sont pas familier.
Le libertinage, en nous faisant découvrir ou redécouvrir plutôt notre nature animale nous entraîne dans la compétition sauvage des mâles pour les femelles, toute organisation sensuelle et raffinée mise à part.
Ainsi, la levée du petit drapeau nous en apprend fortement sur notre sociabilité sexuelle et sur nos limites. Non que celles ci soient figées dans le marbre, nous restons des êtres mutables, mais il est important de comprendre où se situent nos limites et ce qui a pour effet d'agir fortement sur notre érection. Je précise érection, car un homme peut tout à fait ressentir un fort désir sans pour autant avoir une érection en rapport.
Partant de ce constant, j'entends certains qui vont me demander quelle est alors la recette pour remédier à ce petit désagrément. En réalité, c'est assez simple à partir du moment où l'on a compris que le stress joue un rôle capital.
Donc ne jamais se forcer. Mieux vaut abandonner (au sens littéral et symbolique), s'oublier et passer à autre chose. Et revenir plus tard vers une personne dont la sexualité correspond plus à votre nature (plus directive ou plus douce) et à votre contexte (loin ou proche des voyeurs) afin de ne plus sentir cette compétition.
Et si malgré cela, rien ne marche, comme le disait Romain Gary, il vous reste toujours votre langue messieurs pour contenter ces dames !
Livre, psychanalyse du libertin...
http://www.therapiefamilialenord.fr/article-alberto-eiguer-psychanalyse-du-libertin-dunod-58537006.html
Je viens de découvrir ce livre que je vais m'empresser d'acheter, de lire et de commenter. En lisant l'interview de l'auteur, je me pose juste une question, il semble définir quatre type de libertins dont le deuxième et le troisième ressemblent à ce qu'on appelle le dragueur et le quatrième le pervers, mais sans décapsuler si j'ose dire les moeurs contemporaines en comprenant que l'échangisme ou le mélangisme peuvent se situer aux antipodes mêmes de la notion de libertinage. J'ai hâte également de voir s'il traite de la jalousie, du bad trip et s'il ne s'enferme pas trop dans la notion du plus de jouir de Lacan, ce qui serait une facilité un peu grossière.
Analyse à venir !
Je viens de découvrir ce livre que je vais m'empresser d'acheter, de lire et de commenter. En lisant l'interview de l'auteur, je me pose juste une question, il semble définir quatre type de libertins dont le deuxième et le troisième ressemblent à ce qu'on appelle le dragueur et le quatrième le pervers, mais sans décapsuler si j'ose dire les moeurs contemporaines en comprenant que l'échangisme ou le mélangisme peuvent se situer aux antipodes mêmes de la notion de libertinage. J'ai hâte également de voir s'il traite de la jalousie, du bad trip et s'il ne s'enferme pas trop dans la notion du plus de jouir de Lacan, ce qui serait une facilité un peu grossière.
Analyse à venir !
lundi 2 janvier 2012
Rêve et Ions
Il fut un temps où les rois étaient des simples hommes doués de vertus, il fut un temps où les hommes et les femmes s'harmonisaient comme le soleil et la lune, dans une danse harmonieuse et bienveillante. Il fut un temps où les vestales étaient des prostitués et les prostitués des reines, où le vice et la vertu n'étaient pas dans le jeu pervers de la morale mais dans une harmonie entre la lumière et l'ombre qui donne à la nature son relief et sa saveur.
Il fut un temps où la pudibonderie n'existait pas et où chacun respectait sa nature, la nature et la nature d'autrui.
C'était un temps que nous pouvons encore rêver, un temps qui laisserait à chacun le loisir de laisser les ions décider de la nature de nos relations, dans une trêve éthique et généreuse, laissant le destin de notre libido ouvrir les portes plutôt que de les fermer.
Bonne année à vous tous.
Couple Bohème
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