Le désir se lamente que le corps ne le comprenne pas
Dans
le plateau de la balance qui baise son corps frêle, elle s’empiffre
d’un morceau de chocolat amer. Le papier sulfurisé tinte à ses oreilles
comme un éclat de paradis. Elle sent dans son dos le fouet qui trace des
lignes violacées à l’angle de son cul.
Les yeux bandés devant un sexe noué, elle gémit comme une chouette hulotte. Un chien vient lui pisser sur la joue. Elle jouit.
Le désir se lamente que le corps ne le comprenne pas.
A
quatre pattes, les yeux noirs de fatigue, les cheveux tirés en arrière,
elle est araignée qui trône dans le sang. Sa jambe est nouée à celle
d’un homme au sexe démesuré qui lui force sa poutre de chair. Son dos
est une chaise, un filet de bave devient une autoroute, elle sent le
froid de la lame lui découper le sein. Elle jouit.
Le désir se lamente que le corps ne le comprenne pas.
Sur
les carreaux de verre, au milieu des plumes d’un lit éventrée, elle
boit de l’acide inconnu. Chacun fait d’elle une fontaine improvisée et
elle se trouve figée en statue de marbre. Du fond de ses intestins
jaillissent des pulsions racistes mais on lui interdit d’expulser.
Elle doit prendre et être prise. Encore et encore. Elle jouit
Le désir se lamente que le corps ne le comprenne pas.
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