Taubira ouvre l'adoption et le mariage aux couples homosexuels (source : http://www.liberation.fr/societe/2012/09/11/taubira-ouvre-l-adoption-et-le-mariage-aux-couples-homosexuels_845413)
Najat Vallaud-Belkacem veut abolir la prostitution (source : http://www.leparisien.fr/laparisienne/societe/najat-vallaud-belkacem-veut-abolir-la-prostitution-25-06-2012-2064731.php)
Quoi
de neuf ? Pas grand chose finalement... Je mets volontairement
ces deux sujets en rapport car ne nous y trompons pas, il s'agit bien
de choix moraux... Qu'importe d'ailleurs que nous soyons pour ou
contre, le propos n'est pas là. Vouloir encadrer, faire des
catégories, c'est aller dans le sens de la morale, et donc
s'éloigner un peu plus de l'éthique où il appartient à chaque
homme d'être l'artisan de son propre bonheur.
Ces
questions par ailleurs sont des duperies.. la prostitution est
d'abord un fait social, peut-on interdire la misère ? Quant au
mariage des homosexuels est un fantasme. Le projet de loi vise à ne
pas autoriser la procréation médicalement assistée, ce qui
démontre que c'est avant tout un symbole que l'on cherche plus
qu'une autorisation. Il faut toujours aller chercher du côté de la
limite pour comprendre...
Les
origines ontologiques de la prostitution comme du mariage sont à
chercher toutes les deux du côté du rapport particulier qui existe
entre l'argent et le sexe. Et ces deux grandes figures de style qui
ne s'opposent que dans la forme ont pourtant une source commune assez
simple à comprendre.
Historiquement,
le mariage est un moyen de conserver le patrimoine. L'église ne s'y
est pas trompé en interdisant le mariage à ses prêtres au XII eme
siècle.
Quant
à la prostitution, son origine est encore plus amusante, car dans
tous le bassin méditerranéen pendant l'antiquité, les prostituées
étaient sacrées, affiliées aux temples et considérées comme les
épouses des dieux. D'autres, de plus basse extraction, servaient de
revenus aux temples et à l'état. Les esclaves qui étaient
considérés comme des propriétés, des objets, servaient également
à la distraction sexuelle.
De
ces deux figures, on voit le lien évident à l'argent, la propriété
ou le patrimoine. Et donc le rapport que notre société entretien
avec le désir de puissance et de contrôle.
Et
comme dans toute belle névrose, les fantasmes se promènent le long
du balancier, un coup à gauche, un coup à droite, incapable
d'atteindre la sérénité de l'homme qui jouit tranquillement. Les
obsessions, les fantasmes et tout le cortège absurde des désirs qui
cherchent à fuir l'angoisse tant bien que mal.... En tout cas, tout
cela ne changera rien pour les intéressés. Quant le désir est
impérieux, la loi se contourne. Les homosexuels n'ont pas attendu
une loi pour s'occuper d'enfants, et les prostitués continueront
d'être dans clandestinité.
De quelle misère voulez vous parler ? de la misère économique et sociale qui mène des femmes et des hommes vers la prostitution ? ou de la misère sexuelle qui mène des hommes et des femmes vers une consommation sexuelle tarifée ?
RépondreSupprimerLa misère économique et sociale est, de nos jours, un élément constitutif de l'économie capitaliste. La misère économique c'est la possibilité pour le capitalisme de garder la main sur le marché du travail. La misère sociale c'est la certitude que les dominés ne vont pas se réunir pour faire tomber le pouvoir qui les domine. Et il faut aussi compter avec la misère culturelle qui génère le sur-consommateur frustré et abruti par la publicité.
Mais qu'en est il de la misère sexuelle ? qui dit "misère" dit insatisfaction des besoins. C'est donc qu'il y a l'une des parties du contrat qui ne donne pas à l'autre ce qu'elle demande.
Il me semble donc que pour supprimer la prostitution il suffirait que l'on cesse d'imposer des restrictions sexuelles, et quand je dis "on" c'est chacun et chacune d'entre nous, et tout le monde. D'autant plus que lorsqu'on impose une restriction sexuelle à l'autre c'est justement pour en retirer quelque chose d'avantageux.
Finalement on ne sort jamais du marché "je veux bien baiser mais à condition que tu me donnes quelque chose en échange"... de l'argent, de la protection, de la reconnaissance, du pouvoir...
On est bien loin de "l'amour libre".
Alors comme il devient très difficile de se comprendre entre femmes et hommes, certains et certaines se tournent vers la relation entre personnes du même sexe. Au moins on parle le même langage, on se comprend, et on fonctionne au même rythme ; et on tolère beaucoup mieux l'adultère, en toute complicité.
J'aimerais attirer votre attention sur le fait que, une fois le mariage entre personnes du même sexe adopté, plus rien n'obligera un homme à se marier avec une femme, et vice-versa. Ce n'est pas une "autorisation" qui est accordée mais une "obligation" qui est supprimée, et j'ai la faiblesse de penser que cette "obligation à l'hétérosexualité" est peut-être l'unique fondement véritable des sociétés humaines... car après le "mariage entre personnes du même sexe" il y aura, et on ne saurait l'interdire, "les entreprises entre personnes du même sexe", "les horaires de piscine entre personnes du même sexe", "les résidences entre personnes du même sexe"... la vie entre personnes du même sexe ! en matière d'universalisme je crois qu'on peut faire mieux.
Bien à vous.
Pierre
PS : on ne va jamais assez loin dans l'analyse, la déconstruction diraient certains. Par exemple, certaines mères d'homosexuels tirent une certaine fierté de la "nature" de leur enfant, et je ne les condamne pas pour ça, allant jusqu'à défiler avec eux à la gay-pride. Mais s'est on interrogé sur la réaction de ces mêmes femmes si elles apprenaient que leur mari, le père de leurs enfants, est en fait homosexuel ? La femme-amante réagirait elle de la même façon que la femme-mère ?