samedi 14 juillet 2012

Petit hommage à la déesse lunaire

C’est une vierge aux pieds de taureau,
Son oeil est un trou noir, une bille toute ronde, un astre sombre,
elle choisit la place et le lieu, elle donne et reprend.
Diane chasseresse,
Diane pécheresse,
Diane lunaire;
Elle dévore le coeur, les reins, les seins,
une lionne à la bouche de miel, à la crinière folle,
qui s’ouvre comme une fleur.
Elle est pollen de sourires et de baisers,
brise de printemps et tempête de fleurs,
Malice et bouton d’or dans les champs élysées.
C’est une vierge aux pieds de taureau qui écrase, étouffe,
Tel Gengis, plus rien ne pousse, plus rien ne reste
sinon le souvenir de cette bille noire, ronde,
de ce trou sombre qui aspire, qui dévore, qui endort
pendant que l’on s’accroche au rivage d’une bouche,
que notre bateau tangue, s’agite, devient fou.
Elle est une mer de sable où l’on s’allonge,
une mer de rocailles, une mer de souffre où l’on se brûle,
où l’on se consume, où l’on se perd, où l’on se noie.
Ses pieds, ses mains, ses jambes, son corps entier nous pénètre
et il ne reste plus rien de nous sinon le souvenir évanescent
d’une lune glissant sur les cieux lactés,
d’un météore fusant sur la voute céleste.
C’est une vierge aux pied de taureaux,
Diane, une déesse, une pécheresse, un astre sombre
au rire éclatant, au charme éblouissant
qui boit mes larmes dans le calice de mon coeur sanglant.

jeudi 12 juillet 2012

RIP



A toi mon ami qui fus mon confident, mon double, mon frère, à toi que j'ai rencontré un jour de septembre à côté de la Sorbonne où nous avons fait nos classes ensemble, refait le monde, découvert Schopenhauer, Nietzche, Klima, Thomas Bernhardt, toi qui tu me suivais dans mes aventures théâtrales, toi qui fus le témoin de ces vingt dernières années, témoin de mon mariage, parrain de mon fils, à toi qui étais sans frontière humaine, sans frontière intellectuelle, ouvert sur les autres, ouvert sur le monde, toi, l'humaniste qui semblait avoir tout lu, tout vu et qui vivait comme Cioran, toi qui savais écouter sans juger, parler avec ton cœur, parler simplement, toi qui ne laisse aucune œuvre mais qui a transformé tant de vie, toi le socrate, toi le diogène, toi qui de la philosophie à l’ostéopathie, de l'alchimie à l'ufologie, du cinéma à la littérature était un monstre sacré, un être rare et subtil, un homme qui donne sans compter, fidèle en amitié, fidèle et passionné, toujours souriant malgré l'adversité, toujours brillant, professeur rollin ayant toujours quelque chose à dire, foutraque, brillant, incroyablement intelligent et pourtant jamais pédant, toujours prêt à expliquer, à montrer que le monde est riche, complexe mais aussi simple et évident à vivre si l'on suit son instinct, toi qui ne perdais jamais l'occasion d'être enthousiaste, de voir la beauté dans l'horreur, dans l'enfer, toi dont nos souvenirs communs sont plein d'éclats de rires, de folie et de réflexions extravagantes ou subtiles, toi mon ami, mon frère qui est mort ce week-end, toi qui me laisse orphelin, qui me laisse avec une tristesse infinie au fond de mon cœur. A toi mon ami, mon frère, je te souhaite un bon voyage dans l'au-delà et pour la messe, bah j'irai me saouler.