mercredi 13 juin 2012

Hommage au sous-commandant Marcos...

Ouf, le temps me manque en ce moment mais voici un petit post en hommage à un personnage intéressant. Au vu des derniers commentaires, je pense que je vais avoir droit à une nouvelle salve intéressante. Je n'aurai pas le temps de m'expliquer avant un petit moment, mais je compte sur vous amis lecteurs et amies lectrices !


Le néolibéralisme comme système mondial apporte également une nouvelle forme de morale. La fin des guerres nationales, la fin des grandes idéologies de l'après guerre ne signifie nullement que le monde s'ouvre vers un nouvel humanisme ou une liberté des peuples à disposer d'eux mêmes.
Comme pour tous les systèmes politiques, sociaux, économiques, qu'ils soient ouverts comme Athènes ou fermés comme Sparte, la place et la fonction de l'humain ne découlent jamais de sa nature mais de l'idéologie du système qui tend à l'enfermer dans une fonction rationnelle qui légitime ce système.

L'idéologie descend toujours des élites vers le peuple, et quand le peuple semble marquer un semblant de liberté, ce ne sont jamais que les soubresauts d'un cadavre qui a déjà accepté la mort de ses anciennes traditions pour en accepter de nouvelles.

Le développement vertigineux de l'information, des nouvelles technologies, la mise au pas des états nations au jeu politico-économique des grandes industries transnationales ont pour résultats d'enfermer l'individu dans une cage dorée où sa sécurité est proportionnelle à sa capacité à être servile aux instances morales de notre temps.

La richesse, concept fortement subjectif, reste essentiellement marqué par l'argent qui est une marque de pouvoir au sens premier. Pouvoir faire plus que pouvoir être. L'être en puissance plutôt que l'être en acte. Nos nouveaux maîtres gouvernent donc avec du possible plutôt que des actes. Le désir s'est incarné dans l'esprit plus que dans la matière ou la chair contrairement à la pensée commune.

Dans le même temps, nous avons été dépossédé de notre héritage. L'effort de nos ancêtres, notre capacité a vivre dans le temps des choses, à savourer le long travail du temps sur notre corps matériel et spirituel n'est plus.

Dans ce nouveau système mondial, nous avons perdu le lien avec notre corps. Nous sommes tous devenus des gestionnaires. Nous gérons notre carrière, nous gérons nos désirs, nous gérons nos rencontres; tous les liens que tissent les hommes entre eux sont comme des contrats. Ils doivent être équilibrés et les gains ou les coûts sont savamment calculés au risque d'une faillite. Le contrat doit générer une marge, une valeur ajoutée, un petit plus sous peine d'une fin de non recevoir. Donner sans retour est fortement suspect.

Quant à la sexualité, elle prend le chemin du fétichisme et du narcissisme. Le corps s’oublie. On compte les orgasmes, on compte les corps, la matière est oubliée, la nature est oubliée. Nous sommes devenus des anges lucifériens, partout le spectacle plus que l’acte. Qu’impose finalement la pornographie sinon une idéologie particulière du corps et des genres ? Ni plus ni moins que le puritanisme...

Loin des oripeaux d’une morale traditionnelle qui prêchait la haine du corps et qui par effet retour le faisait revenir de la cuisine au salon dans des images de christ torturé, de passions, d’amour courtois, de tables gargantuesques, c’est aujourd’hui le corps fasciste, idéalisé, sportif, performant, un corps-esprit en réalité qui ne jouit que de sa perfection narcissique plus que de ses humeurs. Un corps fétiche, idéal, dont la gourmandise va de pair avec le régime comme le sexe va de pair avec l’abstention.

C’est la grande bascule entre pornographie et puritanisme, obésité et régime, addiction et abstinence. Voilà la morale néolibérale.

Saint exupery écrivait “je vois en chaque enfant mozart assassiné”. Je vois pour ma part en chaque homme et chaque femme, en chaque couple, en chaque amitié la mort lente de notre nature humaine. La peur d’être jugé, la peur de la différence, l’angoisse de ne pas être aimé par une mère toute puissante qui offrirait son lait nourrissier et rassurant.

La vie est une aventure de chaque instant, l’altérité est notre carburant et notre chair vivante le moteur. Nous sommes fait d’une chair qui doit vieillir, expérimenter, goûter, faire des erreurs, souffrir et jouir, subir les aléas du fatum. Notre nature est de chanter quand nous subissons les chocs de la nature, des autres, de la pensée.

Mais avec le temps nous avons lentement perdu le lien avec notre corps et la nature. Le néolibéralisme est un pur esprit sans matière. Goûter le rythme des saisons, goûter le temps qui passe, lentement, découvrir le réel par la complexité du jeu de la lumière et des ténèbres ne conviennent pas à un empire consumériste qui fantasme le réel plus qu’il n’en jouit.

12 commentaires:

  1. C'est juste,mais qu'est-ce que vous êtes négatif!
    Il y a encore des gens qui donnent sans rien en attendre,de façon spontanée et gratuite,sans vous juger et qui apprécient la différence plus que tout!
    Allez,ranger votre kleenex...
    Votre "voyage" n'est pas forcément celui de la plupart,Mais ouvrez les yeux et vous verrez que vous n'êtes pas seul...

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    1. Ne vous inquiétez, notre kleenex sert plus pour le maquillage que pour les larmes... Merci pour votre commentaire ! bises

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  2. Nous sommes dans une société de consommation à tout va,c'est le règne du zapping.Le libertinage actuel ne fait que confirmer cette tendance.
    C'est de l'éphémère,des rencontres sexe pour"le fun".Rien d'étonnant à ce que beaucoup ne donnent pas de leur personne.Sous le couvert d'une prétendue liberté sexuelle,ils y assouvissent leurs fantasmes,comblent leurs frustrations,leurs manques,ou cherchent à s'évader d'une vie qui leur semble monotone,stressante ou triste.Je pense que c'est rarement le prolongement d'une vie de couple épanouie.

    Reste à savoir pourquoi vous chercher à "défendre" coûte que côute votre pratique alors que par ailleurs vous critiquez la plupart de vos compagnons de jeu.
    Serait-ce le signe que votre "vêtement" actuel n'est pas fait pour vous,ou que vous vous y sentez à l'étroit?..

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    1. Nous défendons la liberté... et avec de l'humour... ne prenez pas tout au sérieux et observez plus les portes qui s'ouvrent que celles qui se ferment... un peu d'air frais que diable ! sourire.
      Merci pour votre commentaire.

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  3. ah ah ah, joli trait d'humour zapatiste ! Bravo pour la réécriture...

    l'oiginal : http://www.monde-diplomatique.fr/1997/08/MARCOS/8976

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  4. Il y avait de l'humour? Sérieusement?...je vois que vous avez suivi les conseils d'un des commentateurs et que vous vous décrispez!
    La bise?? Vous vous égarez monsieur...sourire.

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  5. bon, je vais vous faire un compliment : y'a d'l'idée...

    mais ne pourriez vous pas épurer un peu ? on dirait du Michel Onffray.

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  6. Ben y avait de l'humour dans mon commentaire.Arrêtez d'être sur la défensive bon sang!

    Epurer??Les "critiques" de certains commentateurs semblent vous atteindre personnellement...
    C'est pourtant le parti prix de votre blog de faire du libertinage un sujet de réflexion et c'est plutôt vous qui,souvent,vous égarez dans des explications complexes afin de "défendre" votre point de vue.Qui est souvent,à la base,le même que celui qui émet un commentaire...

    Alors,pourquoi,subitement vous la jouer au "déconneur de service" qui ne comprend pas une phrase avec sujet-verbe et complément??

    Pour l'humour,il faut plutôt aller chercher du côté de vos fables et poésies.Mais ici,il n'en est pas du tout question.Tout au plus un clin d'oeil "révolutionnaire",un hymne à la liberté.

    Du Michel Onfray? Vous me faites un bien grand compliment!Merci!
    Pourquoi? Vous lisez des bouquins de la bibliothèque verte ou des Arlequins??
    Il me semblerait que vous appréciez la densité des écrits vous aussi,non?

    Alors,ce n'est pas parce que certains vous targuent d'intellectuel à deux balles,que d'autres vous trouvent prétentieux,pédant qu'il faut prendre tout au pied de la lettre et retourner votre veste!

    Il faut aussi apprendre à accepter certaines vérités qui,au fond,vous font "mal" ( c'est l'impression que cela donne)et dire oui aux commentaires de certains quand ils sont plein de justesse et ne vont pas forcément dans le sens que vous voudriez.

    Vous êtes un intello? c'est plutôt une qualité et ça ne fait pas obligatoirement de vous quelqu'un de gonflant.Pour peu que vous soyez dans l'échange,même avec certains de "vos détracteurs"!

    Vous êtes comme vous êtes et vous êtes bien le 1er à dire qu'il ne faut pas aller contre sa nature!Alors,mince, ne vous la jouez pas à...

    Bises à vous et bonne journée.

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    1. cher Anonyme, ce n'était pas à vous que je disais "on dirait du Onfray" mais à Cpleboheme... et ce n'était pas un compliment.

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  7. J'ajouterais quand même qu'Onfray est politiquement incorrect.Ce qui n'empêche pas certains de ses ouvrages d'être intellectuellement intéressants.Comme quoi..
    La légèreté de l'être vous a paru,à vous aussi,insoutenable sur ce blog (hi,hi)
    Souvenez-vous de cette commentatrice,du ton léger qu'elle adoptait.Vous l'avez remise gentiment mais sûrement à sa place,car elle dévait du sujet de ce blog...ah,oui mais je me souviens qu' elle avait déclinée votre proposition d'interview!
    Punaise,qu'est-ce que vous étiez sérieux en ces temps jadis!
    Une bourrasque d'air frais vous a donc décoiffé depuis...3 jours?

    Oh,allez,je vais vous faire un compliment:il y a de l'idée dans votre blog et promis j'essaye de faire encore plus simple dans la formulation.

    Il n'y a que des portes ouvertes ici,mais je vous précise,si besoin était qu'il y a du second degré aussi dans certains comm.Et notamment celui-ci!

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  8. Christine & Arnaud13 juillet 2012 à 07:00

    On n'a jamais vécu aussi heureux malgré le libéralisme.
    De toutes façons après le libéralisme il y aura quelque chose d'encore mieux, puisque celui-ci "génére ses propres fossoyeurs", lentement mais implacablement.
    Bisous à tous 2.
    Christine & Arnaud.

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