Dans
la lueur d’un matin de printemps, blafard, rideau rouge au pied d’un
Paris qui s’éveille, je sortais du lit. Dans la lueur d’un matin de
printemps, dans le lit chaud, cocon maternel d’enfants turbulents, des
jambes nacrées, des cheveux d’or, des cheveux bruns, tout était mélange
de chair assoupie et de senteur de baleine dans une eau profonde de
draps agités.
Dans
la lueur d’un matin de printemps, le rêve éveillé, la rêverie douce
d’un café de bohème, le bras endolori, le sexe douloureux, les oreilles
brûlantes, je nageais hors du lit conjugal où s’étaient conjugués
plaisirs, douceurs, poissons féminins frappés de ma flamberge,
brimborions de râles étouffés, échos de sauvageries improbables et
primitives.
Dans
la lueur d’un matin de printemps, les chairs collées, les muscles
froids, le sel en bouche, le vif-argent brûlant sur ma langue épuisée,
je parlais latin, satin, chaldéen, arachnéen dans un lit de toile où
deux femmes nouées en brêlage dansaient sur une mer noire de cils, leurs
poitrines se gonflant à la houle de rêves intrépides.
Dans
la lueur d’un matin de printemps, café en main, cigarette en main,
coeur en main, mainte fois rêvé, je contemplais la nuit chassée par un
soleil fauve qui perçait le lit de milliers de lances sur deux corps
diaphanes embrumés de sommeil.
Dans la lueur d’un matin de printemps, blafard, rideau rouge au pied d’un Paris qui s’éveille, j’étais sorti du lit.
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