mercredi 9 mai 2012

Petit poème en foutre (3)

Dans la lueur d’un matin de printemps, blafard, rideau rouge au pied d’un Paris qui s’éveille, je sortais du lit. Dans la lueur d’un matin de printemps, dans le lit chaud, cocon maternel d’enfants turbulents, des jambes nacrées, des cheveux d’or, des cheveux bruns, tout était mélange de chair assoupie et de senteur de baleine dans une eau profonde de draps agités.
Dans la lueur d’un matin de printemps, le rêve éveillé, la rêverie douce d’un café de bohème, le bras endolori, le sexe douloureux, les oreilles brûlantes, je nageais hors du lit conjugal où s’étaient conjugués plaisirs, douceurs, poissons féminins frappés de ma flamberge, brimborions de râles étouffés, échos de sauvageries improbables et primitives.
Dans la lueur d’un matin de printemps, les chairs collées, les muscles froids, le sel en bouche, le vif-argent brûlant sur ma langue épuisée, je parlais latin, satin, chaldéen, arachnéen dans un lit de toile où deux femmes nouées en brêlage dansaient sur une mer noire de cils, leurs poitrines se gonflant à la houle de rêves intrépides.
Dans la lueur d’un matin de printemps, café en main, cigarette en main, coeur en main, mainte fois rêvé, je contemplais la nuit chassée par un soleil fauve qui perçait le lit de milliers de lances sur deux corps diaphanes embrumés de sommeil.
Dans la lueur d’un matin de printemps, blafard, rideau rouge au pied d’un Paris qui s’éveille, j’étais sorti du lit.

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