lundi 7 mai 2012

Petit poème en foutre (2)




C’était une belle inconnue au cœur qui pleure, à la peau couleur de lait, à la chevelure de chèvre. C’était une belle inconnue et en son sein hurlaient des loups, comme des chiens de misère et des fantômes de sable. Ses yeux mouillés d’un lointain chagrin, sa bouche sèche et ses seins de marbre épousaient mes creux et mes bosses. Ses bras étaient de la vigne vierge qui  m’enracinait au lit, prisonnier de verdure, serpolet sauvage.
C’était une belle inconnue au cœur qui pleure. Avec elle, les draps flottaient dans le vent de nos corps en bataille, avec elle nos ombres ne faisaient qu’un sur le mur blafard de la chambre, avec elle le sabre en avant, la gueule béante, c’était la viande, le sang, la souffrance des chairs martyrisées, l’odeur de feu dans la ville pestilentielle, Sodome et Gomorrhe, Babel et les langues impossibles que nous nous racontions dans la sueur et suie de nos humeurs suintantes, coulantes, en filet de bave, en peau frottée jusqu’à la brûlure.
C’était une belle inconnue au cœur qui pleure. Elle avait le rire noir, le regard blanc, la peur au ventre; une boule qu’il fallait aller chercher loin en elle pour jouer, elle avait le soupir hurlant, le hurlement muet, la métaphore morte. C’était une inconnue de bohème, une de ces filles de rien qui écrase tout, qui aspire tout, un reflet de la vierge noire, de la nature sombre, un scorpion, une hyène, un cafard, un aigle, un soleil brûlant sur la nuque, une pince pour la verge, de la lavande au printemps, un sac d’os, un mort ressuscité.
C’était une belle inconnue au cœur qui pleure et à la peau couleur de lait, une belle inconnue à la chevelure de chèvre. Elle n’était que passée dans ma vie, laissant une traînée de feu en moi quand je ne lui avais laissé qu’une traînée de foutre.. C’était une belle inconnue. C’était.

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