J'ai vu l'horloge du ciel se dérégler, le sphinx ouvrir ses pattes
et me dévorer,
me déchiqueter,
me laisser ventre ouvert
aux rapaces, aux petites dents des rongeurs
aux petites mandibules des fourmis
aux mouches
aux bactéries,
une charogne puante, une vilaine chair sacrifiée au Dieu Soleil.
J'ai vu l'horloge du ciel se dérégler, le sphinx ouvrir sa gueule.
Mon petit œil rond qui tournait dans ce qui me restait de globe,
scrutait le ciel à la recherche d'un signe
à la recherche d'un mot, d'un sens, d'un pourquoi,
scrutait les allers et venues de celles et ceux qui me dévoraient
de celles et ceux qui m’éparpillaient,
me rendaient à la terre,
la terre sèche,
la terre glaise,
la terre grasse.
Chacune de mes cellules, de mes bouts de rien
repartaient dans le grand cycle. Ici dans l'estomac
d'un rat, ici au pied d'un magnolia.
Mes gênes qui n'étaient qu'en location,
retrouvaient leur propriétaire,
et tel Osiris démembré,
je m'envolais au quatre coin du monde.
J'ai vu l'horloge du ciel se dérégler, le sphinx me sourire.
J'ai voyagé, découvert des lieux merveilleux
rencontré des milliards de vie,
participé à toutes les bacchanales de l'existence,
à tous ces cycles complexes,
ces rites sauvages,
ces fantaisies lunaires.
J’ai vu les larmes du ciel qui tombaient par amour
pour nourrir le cœur immaculé de la terre ;
j’ai vu les lents engrenages de pierres qui façonnent
les montagnes et les plaines,
J'ai entendu la litanie des hommes,
la souffrance,
la joie,
partout le fatum dans son œuvre délicate,
dans son minutieux travail d'orfèvre,
j’ai vu l’artisan, partout, sur chaque lopin de terre,
dans le fond de l’oeil de chaque mammifère,
dans la plante qui se tourne vers Râ,
dans l’appareillage complexe des cieux horlogers,
dans la couleur qui joue à se prétendre parfum,
dans le parfum qui joue à se prétendre âme,
dans l’âme qui se prend pour une libellule,
flottant au dessus
d’une mer salée
sous le ciel de plomb
orageux
couroux
de Dieu
l’artisan
qui tisse
rêve.
J'ai vu l'horloge du ciel se dérégler, le sphinx me sourire,
J’ai vu la fin des temps, les cosmos,
les météores immobiles
le froid
des espaces infinis
ressenti la brûlure des astres,
goûté les voies lactées qui tissent
comme des toiles d’araignées
des seins de femmes
sur la toile de l’éternité
Et je me suis éteint
nova
puis boule noire et froide
mon oeil a scillé
une dernière fois
avant d’en finir avec le rêve.
samedi 17 novembre 2012
vendredi 16 novembre 2012
Nuque
c'est une plage, un îlot,
une fleur pourrait s'y épanouir
mais la nature y préfère le zen
le désert d'un sable chaud,
la chaleur d'un baiser rond.
Du coin de l'épaule
on y devine un creux.
Du coin de l'oreille
on se met à rêver
d'un noeud, d'une bosse
qui comme un chameau
traversant la plaine
devient une peinture
à l'huile,
à l'eau
sur le grain d'une peau
qui invite à la parcourir
comme un voyage
en bateau.
On y dort paisiblement
comme dans le berceau
du début du monde.
On s'y prélasse,
on s'y promène pour
rêver,
flâner,
rire ou
pleurer.
On y voit parfois tomber
des météores de cheveux
ou des fleurs salées qui viennent
des yeux.
Ces yeux qui de loin,
très loin, au confin du monde
vous regardent avec le même
sourire
plaisir
amour
que deux soleils
qui scruteraient Machu Picchu.
une fleur pourrait s'y épanouir
mais la nature y préfère le zen
le désert d'un sable chaud,
la chaleur d'un baiser rond.
Du coin de l'épaule
on y devine un creux.
Du coin de l'oreille
on se met à rêver
d'un noeud, d'une bosse
qui comme un chameau
traversant la plaine
devient une peinture
à l'huile,
à l'eau
sur le grain d'une peau
qui invite à la parcourir
comme un voyage
en bateau.
On y dort paisiblement
comme dans le berceau
du début du monde.
On s'y prélasse,
on s'y promène pour
rêver,
flâner,
rire ou
pleurer.
On y voit parfois tomber
des météores de cheveux
ou des fleurs salées qui viennent
des yeux.
Ces yeux qui de loin,
très loin, au confin du monde
vous regardent avec le même
sourire
plaisir
amour
que deux soleils
qui scruteraient Machu Picchu.
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